Ce qui pourrait représenter une réelle innovation dans la recherche de solutions alternatives aux produits de thanatopraxie, notamment aux dérivés du formaldéhyde, tient peut-être dans un petit sachet de 250 grammes. Économique, fiable, simple et d’un usage rapide, le BIOSAC 200 peut être manipulé par les opérateurs funéraires sans formation préalable. Ce sachet "miracle" a pour vocation de retarder la thanatomorphose pendant le temps nécessaire à l’organisation des obsèques. Écoresponsable par nature, ce produit breveté semble faire ses preuves et pénétrer le marché funéraire avec intérêt, comme le souligne José Antonio Galache, président de CONSERFIL NATURE, créateur de cette innovation ibérique. Explications et commentaires…
Résonance : José Antonio Galache, pouvez-vous nous résumer les motivations qui ont conduit à la création du BIOSAC 200 ?
José Antonio Galache : Les motivations sont multiples, et ont toutes pour point commun le traitement doux des corps des défunts, sans méthodes invasives, mais surtout respectueuses de l’environnement, afin de permettre aux familles en deuil une séparation ultime digne et de qualité. Aujourd’hui, les techniques de conservation des corps s’effectuent avec des produits qui posent tous hélas un certain nombre de problèmes, tant sanitaires qu’environnementaux. Le postulat justifiant des soins de conservation est de stabiliser le corps de la personne défunte le temps du recueillement qui précède les obsèques.
Il faut constater que la nature même des produits de soins de thanatopraxie a un impact, hélas, bien trop durable sur l’environnement dans le cas d’une inhumation, impose le port d’équipements de protection individuelle aux personnels en charge des soins ainsi que leur suivi sanitaire, et rend la pratique à domicile complexe voire risquée. Le législateur européen s’en est saisi, et de nombreuses pistes sont enfin ouvertes pour atteindre une alternative rapide aux formaldéhydes. Substituer une méthode invasive par une autre ne nous semble pas souhaitable. Il faut donc changer de paradigme, c’est ce que nous faisons avec succès avec le BIOSAC 200.
Emplacement de pose des Biosac 200.
R : CONSERFIL NATURE se positionne donc comme l’un des fers de lance de ces alternatives douces ?
JAG : Bien sûr, CONSERFIL NATURE est spécialisée dans la recherche et le développement de principes actifs non invasifs, écoresponsables et d’un usage inoffensif. Sans vouloir rentrer trop avant dans une démonstration physique fastidieuse pour vos lecteurs, je me contenterai de définir le principe d’adsorption (et non absorption) qui régit le BIOSAC 200.
L’adsorption est un phénomène de surface par lequel des molécules de gaz ou de liquides se fixent sur les surfaces solides des "adsorbants". Les molécules ainsi adsorbées constituent "l’adsorbat". L’adsorption repose sur la propriété qu’ont les surfaces solides de fixer certaines molécules de manière réversible, par des liaisons faibles de type "Van der Waals". En chimie, une force ou liaison de "Van der Waals" est une interaction électrique de faible intensité entre deux atomes, molécules, ou entre une molécule et un cristal. Ce principe physique bien connu est notamment utilisé à grande échelle dans les dispositifs de filtration des fours de crémation.
Concrètement, et conséquence in fine, la phase d’évaluation du BIOSAC 200, expérimentation scientifique des plus sérieuses, donne des résultats probants. Soyons néanmoins précis, il ne peut s’agir d’une rétroactivité sur les stigmates caractéristiques, notamment de pathologies oncologiques et de leurs effets métastasiques, ou encore d’arrêt cardio-respiratoire persistant, en revanche d’un frein net à la thanatomorphose. L’effet spectaculaire et principal du BIOSAC 200 est de bloquer les nuisances olfactives et de dégradation naturelle, et ce, pendant les quelques jours utiles à la mise en place des obsèques. Le BIOSAC 200 est composé principalement de charbon actif et d’argiles naturelles imprégnées qui réduisent la prolifération bactérienne et absorbent les odeurs et les gaz toxiques que le corps expulse suite au décès, notamment les lixiviats1.
La conséquence directe de l’utilisation du BIOSAC 200 sur les effets de la thanatomorphose est une évidence incontestable. Il a même été constaté que le BIOSAC 200 permet dans certains cas d’améliorer le pH de la peau du défunt, et d’obtenir une couleur plus naturelle. Le BIOSAC 200 peut également représenter un intérêt certain dans le cas de catastrophes et/ou de décès massifs, où notamment une expertise médico-légale est requise et où les facteurs de gestion du temps et de stabilisation des corps sont primordiaux. De plus, rappelons que certaines confessions religieuses interdisent la pratique des soins de conservation, imposant aux fidèles l’intégrité du corps du défunt. La mise en œuvre du BIOSAC 200 ne contredit pas ces obligations, et est respectueuse des impératifs de toutes les confessions ou philosophies.
R : Un opérateur funéraire est-il habilité à manipuler le BIOSAC 200 ?
JAG : Il n’y a pas d’obstacle légal à la manipulation du BIOSAC 200, rappelons une fois de plus qu’il ne s’agit pas de soins de thanatopraxie ou de méthode invasive sur le corps d’une personne défunte. Donc, aucune autorisation préalable n’est nécessaire, aucune formation certifiante n’est requise (autre que celle réglementaire initiale selon la catégorie funéraire de l’intervenant, bien sûr). L’usage est des plus simples, sans risque aucun pour l’opérateur, sans émanations ni effets secondaires et, soulignons-le, écoresponsable à 100 %.
Le BIOSAC 200 permet de retarder la décomposition naturelle du corps :
- 1 filtre : jusqu’à 3 jours ;
- 2 filtres : jusqu’à 6 jours (ou pour les défunts décédés d’une pathologie lourde ou de forte corpulence) ;
- 3 filtres : jusqu’à 9 jours.
La préparation consiste à ouvrir le premier puis le second sachet de protection, et à appliquer délicatement le filtre BIOSAC 200 à l’aide de l’adhésif double face prévu à cet effet (ou d’un adhésif similaire). Le schéma ci-joint vous permet de localiser les points d’apposition des BIOSAC 200 en fonction des durées et corpulences requises. L’application se fait sur la peau sèche du corps du défunt (entre le nombril et la zone supra pelvienne du corps). L’habillage et la préparation du défunt peuvent ensuite se faire normalement.
R : Le BIOSAC 200 dispose-t-il d’un agrément ministériel en France ?
JAG : Le mini-pack de conservation que nous proposons est composé d’un filtre BIOSAC 200 emballé d’un sachet en polypropylène poreux et d’une housse biodégradable UNIDEGRA (homologation internationale). Ils sont tous deux totalement écologiques et biodégradables, et peuvent donc être utilisés pour l’inhumation comme pour la crémation. Chaque housse contient une étiquette avec la date de fabrication et l’homologation française, publiée dans un arrêté du ministère de la Santé.
R : CONSERFIL NATURE est une enseigne située en Espagne. Je suppose que vous avez un distributeur pour la France ?
JAG : Bien sûr. Notre choix s’est porté entre autres, sur "TOUT LE FUNÉRAIRE" distributeur d’articles funéraire, également connu pour son enseigne "LA QUALITÉ B" fabrique de cercueils. Patrice Berthier, professionnel du funéraire français bien connu, a depuis très longtemps déjà, manifesté un vif intérêt pour cette technologie alternative, non invasive et respectueuse de l’environnement. Nous sommes honorés par cette confiance et cette vision prospective qui est la sienne.
R : Avez-vous une conclusion à formuler à notre entretien ?
JAG : J’aimerais souligner les points suivants. Il ne s’agit pas d’allumer un quelconque antagonisme ou une querelle de chapelle professionnelle. Il existe depuis quelques années plusieurs pistes ouvertes à la substitution des produits contenant du formaldéhyde, législation oblige. Force est de constater que les pistes ouvertes sur ces nouveaux produits ne sont pas totalement satisfaisantes. Il faudra encore plusieurs années de recherche et développement pour satisfaire les exigences des spécialistes. Or donc, nous n’avons plus le temps pour cela. Les délais législatifs et réglementaires sont eux bien présents ; de plus, les mentalités ont considérablement évolué ces dernières années. Personne n’ignore les impacts négatifs du formaldéhyde sur les nappes phréatiques et la pollution des sols. Ces nuisances sévères et durables, tout le monde est d’accord pour les rejeter en bloc. Fin d’une époque…
En conséquence, évoluer et s’adapter doit devenir pour beaucoup un principe de survie qu’il faut intégrer avec lucidité et sans délai. J’évoquais un changement de paradigme il y a quelques instants. Lorsqu’une solution à peine créée démontre déjà ses limites, il faut avoir la sagesse d’admettre que ce n’est pas une solution, mais un problème supplémentaire. Notre choix a donc été de miser sur une voie radicalement différente, d’une part, l’obligation morale de permettre une séparation digne et de qualité aux familles en deuil ; notre volonté d’être respectueux de l’environnement et de l’intégrité du corps, d’autre part. De ce choix et de ces volontés sont nées des forces dynamiques, celles du changement et de l’innovation durables.
Un nouveau regard est donc possible sur les pratiques techniques du funéraire. Nous en apportons la preuve éclatante. Nous y contribuons avec succès avec BIOSAC 200 et nous souhaitons poursuivre ce chemin pérenne. Question d’écoresponsabilité, mais également et surtout, l’essentiel est d’apporter aux familles éprouvées une séparation apaisée avec leur être cher. Cet instant ultime n’a pas de prix, convenez-en.
Steve La Richarderie
Nota :
(1) Lixiviats : Lors de leur stockage et sous l’action conjuguée de l’eau et de la fermentation naturelle, les déchets produisent une fraction liquide appelée "lixiviats". Riches en matière organique et en éléments-traces, ces lixiviats ne peuvent être rejetés directement dans le milieu naturel, et doivent être soigneusement collectés et traités.
Un lixiviat désigne les eaux qui ont percolé à travers notamment une matière organique, en se chargeant bactériologiquement et chimiquement.
Résonance n°139 - Avril 2018
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