Chacun d’entre nous aspire à se rendre utile et à s’investir dans le milieu associatif ou autre, mais cela n’est pas toujours simple, surtout lorsque l’on est professionnel du funéraire, avec les horaires aléatoires et les astreintes que cela implique.
J’étais précisément dans cette situation, avec à la fois l’envie de m’engager et la crainte de ne pas être en mesure de tenir mes engagements, lorsqu’il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de rencontrer le Collectif des morts de la rue 90. Appelée pour m’occuper d’une personne sans ressources, dont le collectif organisait les obsèques, j’y ai vu l’opportunité pour un "croque-mort" de se rendre utile.
Le Collectif des morts de la rue, qui regroupait alors une quinzaine d’associations, est né à Paris en 2002.
Ses objectifs sont énoncés clairement dans ses statuts :
- faire savoir que beaucoup de personnes qui vivent ou ont vécu dans la rue en meurent,
- réfléchir et dénoncer les causes de ces morts prématurées,
- garantir des funérailles dignes de la condition humaine,
- accompagner les personnes en deuil.
Il a signé, depuis 2004, une convention avec la ville de Paris pour accompagner les plus démunis. Depuis, d’autres Collectifs se sont créés dans toute la France, dont celui de Belfort.
Le Collectif des morts de la rue 90 est né en 2013, sous l’impulsion de Thierry Novelli, directeur du CHRS de Belfort, géré par l’Armée du salut, suite au décès de trois résidents, dans une volonté de "ne pas laisser les gens partir tout seuls et de faire respecter leurs dernières volontés". Les souhaits des résidents ont été recueillis sous la forme d’enveloppes déposées au coffre indiquant les personnes à prévenir, les musiques, la religion…
Après un premier contact, une épidémiologiste du Collectif de Paris, Lise Grout, s’est déplacée à Belfort. Le premier bureau a ensuite été créé à l’automne 2013 avec Françoise Pasquier comme présidente. Une braderie a été organisée par les résidents de l’Armée du salut pour récolter des fonds, et un appel au don a également été lancé. La cotisation a été fixée à 2 € pour permettre à tous de participer. Depuis, le Collectif accompagne résidents et non-résidents sans famille en réunissant les amis des défunts, en organisant les obsèques, avec lecture de textes, et aussi en entretenant les sépultures.
Les projets du Collectif des morts de la rue 90 sont de pouvoir accompagner dignement les défunts et leurs proches, et aussi, à terme, d’acheter les concession des indigents, afin qu’elles ne soient pas relevées au bout de cinq ans, comme la loi l’autorise. Pour cela, il a besoin de bonnes volontés, par exemple des bénévoles pour préparer les défunts, aider dans les démarches administratives, les cérémonies… Et également de dons, de particuliers et d’entreprises. Les fournitures seraient bien entendu les bienvenues aussi.
Claire Sarazin
Thanatopracteur et formatrice en thanatopraxie
Si vous souhaitez aider le collectif des morts de la rue 90, vous pouvez envoyer vos courriers à l’adresse suivante : Collectif des morts de la rue 90 |
Résonance n°131 - Juin 2017
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