LMG, derrière ces initiales, une artiste "névroplasticienne", un néologisme créé par elle en 2011 : l’art de transcender ses propres névroses ou celles des autres. Professeur agrégé en arts plastiques et doctorante à la Sorbonne, elle consacre son temps libre à l’élaboration d’une œuvre artistique qui s’inscrit dans la lignée des thérapies psychiques. "Mettre des mots sur les maux est déjà une manière de les circonscrire", explique-t-elle. Elle tire son inspiration de ses expérience personnelles ou de confidences apportées par des personnes désireuses de "faire cesser leurs névroses ou tout du moins de mieux vivre avec". Les névroses collectées et archivées par ses soins sont principalement "existentielles et traumatiques, liées à la maladie, et des névroses timor mortis, liées à la peur de mourir".
Parmi ses nombreux projets artistiques, celui des 365 épitaphes nous met face à notre propre mort. Entre juin 2011 et juin 2015, LMG a recueilli 365 récits postaux de 365 participants, dont elle tire à chaque fois un dessin au graphite et à la mine de plomb. "Entre le conte nécrologique et le récit testamentaire, les participants ont livré par courrier postal le récit imaginaire de leur ultime départ." Après avoir lu, analysé et interprété les textes reçus, LMG les a numérotés, classés et référencés, avant de commencer le travail graphique qui est une interprétation de chaque confidence textuelle. À l’issue du projet, chaque dessin sera offert à l’auteur du texte correspondant. Les noms des participants n’apparaissent pas, seulement leurs initiales et leurs date et lieu de naissance.
En mettant la mort au centre de son projet artistique et en incitant les autres à en parler, LMG tente d’en briser le tabou, "si puissant dans nos sociétés occidentales actuelles".
D’une extrême discrétion, tant sur elle-même que sur sa vie privée, l’artiste en a confié récemment quelques bribes à Agnès Giard, journaliste à Libération: "Enfant, j’ai fait plusieurs tentatives de suicide, pour des raisons qui m’appartiennent et que je n’ai pas envie de détailler ici, mais je crois que c’est à ce moment-là que j’ai goûté et projeté la mort. Entendre ses parents pleurer alors que vous êtes dans un semi-coma, c’est un peu comme assister à ses propres funérailles sans être vraiment mort."
LMG travaille parfois avec du sang ou d’autres matières organiques, un goût pour les fluides humains qui remonte à son enfance : "J’allais très souvent voir ma grand-mère maternelle, médecin, sur son lieu de travail. Parfois, elle se rendait dans un service gériatrique de l’hôpital de Dieppe pour visiter d’anciens patients et je l’accompagnais. Mes premières expériences esthétiques avec la mort datent de cette période. Cet hôpital possédait un grand et vaste parc dans lequel je pouvais m’amuser avec les autres enfants. Je croisais souvent dans ce parc des hommes et des femmes appareillés ou équipés de perfusions mobiles dont l’apparent manège des fluides me fascinait."
Pour découvrir l’œuvre de LMG, névroplasticienne, rendez-vous sur son site : lmg-nevroplasticienne.com
Claire Sarazin
Thanatopracteur
Résonance n°112 - Juillet/Août 2015
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