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Il m’est arrivé assez souvent d’avoir une discussion avec des confrères "maîtres de cérémonie" autour de ce sujet : un maître de cérémonie doit-il être transparent ou bien visible ? Doit-il être dans l’humilité ou doit-il assumer ouvertement ses fonctions le moins discrètement possible ?

 

Weber Michel fmt
Michel Weber,
maître de cérémonie.

J’ai constaté avec intérêt que les deux versions sont bien ancrées dans l’esprit de nos professionnels. J’ai eu envie de vous en parler, suite à un échange que j’ai eu sur Facebook, à travers la page de l’Ordre des maîtres de cérémonie, qui est un bon organe de liaison funéraire très sympathique...

Sur Facebook

Lui : Bonjour, en quoi consiste votre groupe ?
Moi : Bonjour, il consiste à réunir des personnes travaillant dans les milieux du funéraire.
Lui : D’accord, et vous-même êtes ?
Moi : Je suis maître de cérémonie (MDC) free-lance et écrivain.
Lui : D’accord, et le côté "Ordre de..." ?
Moi : C’est une association de maîtres de cérémonie. Je viens de terminer l’écriture de "La Bible du maître de cérémonies", que l’on peut se procurer en PDF à : http://ordredesmaitresdeceremonies.com/index.php/bible-du-maitre-de-ceremonies
Lui : L’objectif est-il de faire votre autopromotion à travers un groupe au nom faussement pompeux ? Si tel est le cas, permettez-moi de vous rappeler que l’humilité est la qualité première du professionnel du funéraire, et ce, tout particulièrement pour les maîtres de cérémonie.
Moi : Pour vous sans doute, mais pas pour moi. Je n’ai aucune humilité, car ça ne sert à rien. Nous ne sommes pas là pour être humbles mais pour être efficaces. Je déteste les leçons de morale, mais j’aime bien votre façon de voir les choses...
Lui : Ce n’étais pas une leçon de morale, loin s’en faut ! C’est simplement une question plus avancée sur vos motivations.
Moi : Je vous en remercie. Si vous avez 5 minutes, revenez quand même sur votre notion d’humilité dans ce métier. En y réfléchissant bien, vous découvrirez peut-être que c’est une fausse piste. Mais c’est vous qui voyez...
Lui : Pour ma part, je suis convaincu que cette notion est le moteur absolu de nos professions.
Moi : Lorsque vous lirez mon livre, vous découvrirez le contraire. Réfléchissez un peu : les clients paient une certaine somme pour avoir un maître de cérémonie. Ils doivent en avoir pour leur argent... donc l’action du MDC doit se voir.
Lui : Ce n’est pas parce que son action est visible qu’il doit s’en gargariser. Sans les 1001 petites mains de l’ombre, il n’aurait lui-même pas de travail.
Moi : Ce n’est pas vraiment comme ça que ça fonctionne. C’est plutôt un concept théâtral. Nous sommes "en scène" et nous devons jouer un rôle. Il ne s’agit pas d’être arrogant mais de montrer qu’on est efficace et professionnel. Avec cette méthode, il m’arrive souvent d’être interpellé dans la rue par des gens qui m’ont vu en cérémonie et qui viennent me féliciter pour mon travail. C’est hyper agréable, surtout quand ça arrive souvent. Cela me prouve que ma méthode est bonne... Enfin... pour moi...
Lui : Je ne suis pas convaincu de la "survalorisation" d’une fonction par rapport à une autre. C’est souvent le problème rencontré avec les thanatopracteurs, d’ailleurs. Et la reconnaissance, elle n’est pas à mes yeux une bonne motivation.
Moi : Vous avez raison. Il n’est pas question de se comparer à d’autres fonctions. Il s’agit d’approcher la perfection dans ce que nous faisons, sans que cela fasse d’ombre à quiconque. D’ailleurs, je dis dans mes écrits que le MDC doit mettre ses collègues en valeur. C’est essentiel puisque c’est un travail d’équipe.
Lui : Et approcher la perfection est une nulle vanité hors d’atteinte de l’Homme. En revanche, chercher à se perfectionner simplement et en continu est un devoir qui nécessite un cheminement strictement personnel, donc balisé d’humilité et d’abnégation.
Moi : Ce que vous dites là sont des valeurs judéo-chrétiennes. C’est un autre sujet... On s’égare… Nous travaillons dans le cadre d’une entreprise commerciale et non pas dans une œuvre sociale, on a tendance à l’oublier parfois et il est bon de se le rappeler... Nous vendons nos services...
Lui : Mes fonctions passées et présentes me permettent de connaître le marché sous différents angles et je sais qu’elles en sont les notions économiques. Merci.
Moi : Cela ne nous empêche pas d’avoir de la compassion…
 
Ma position

Comme vous l’avez peut-être deviné, ma position est de croire avec fermeté que nous avons vendu "un produit" à nos clients. Ce produit, c’est une prestation de maître de cérémonie. Tout le monde doit donc voir qu’il y a quelqu’un sur le dispositif qui occupe ces fonctions et dont la présence est utile, pour ne pas dire indispensable…

Pourquoi indispensable ?

- Sans MDC, il peut y avoir des flottements. La foule a besoin d’être guidée. Le déroulement d’une cérémonie doit avoir un "fil conducteur", que représente le MDC.
- La famille doit sentir qu’elle est prise en main de manière efficace et se reposer sur vous en confiance, voyant que vous avez l’œil partout.
- Le MDC est l’ambassadeur de l’entreprise qui l’emploie. C’est de son attitude que dépendra la réputation de cette entreprise.
 
Un MDC dans l’humilité

- La foule ne comprendra pas forcément ce que le MDC veut leur faire faire et se demandera même parfois qui est cet individu qui les interpelle.
- La famille peut ne se douter de rien si le MDC est trop discret, mais elle se posera des questions plus tard en voyant qu’une prestation de MDC leur a été facturée alors qu’ils ont à peine remarqué sa présence.
Pourtant, les deux versions se défendent, puisqu’on peut remarquer que la moitié des personnes interrogées penchent pour l’une ou l’autre version du MDC.
En ce qui me concerne, je continue d’être persuadé qu’un bon MDC doit utiliser des techniques que l’on trouve au théâtre et dans l’armée. D’ailleurs, je vous en livre tous les détails et toutes les techniques dans La Bible du maître de cérémonies, que vous pourrez acheter en version papier, lors du Salon du funéraire de Paris au mois de novembre, au stand du magazine Résonance, et que l’on peut trouver actuellement en version PDF sur le site Internet ordredesmaitresdeceremonies.com
 
Voici un passage de La Bible du maître de cérémonie, qui illustre ce que je viens de vous dire

Je m’inspire parfois du comportement des concierges d’hôtels de luxe à Monte-Carlo. En ce qui concerne l’attitude du personnel hôtelier, on peut constater qu’ils sont toujours très distingués et qu’ils ont une attitude très respectueuse et attentive envers leur clientèle. On peut également se rendre compte qu’ils n’en sont pour autant pas guindés, il y en a même qui sont plutôt décontractés, mais il s’agit d’une décontraction que leur confère une parfaite maîtrise de leur profession. C’est justement cette sensation de maîtrise transmise à leurs clients qui les tranquillise et qui leur donne l’envie de se laisser guider. Pour nous, c’est la même chose. Si vous aimez votre métier, vous apprendrez quelque chose de nouveau à chaque cérémonie qui vous est confiée. Cette culture funéraire sur le terrain fera que vous serez sûr de vous, et cela se sentira.

Le truc est très simple. Allez, vous aussi, observer un concierge de grand hôtel, et si vous trouvez son attitude conforme à ce que je viens de vous expliquer, imitez-le lors de vos services. N’ayez aucune honte à imiter ce que vous avez remarqué de bien ailleurs que dans le métier ou chez des confrères. Cela fait partie de la transmission automatique du savoir. Nous pouvons participer à l’enrichissement et à la progression de ce métier en agissant ainsi.

Le sens de la répartie

En fait, on peut dire que notre rôle en public est celui d’un comédien sur une scène de théâtre. Vous allez "jouer" le rôle du concierge d’hôtel adapté au monde du funéraire… Voyons maintenant le plus important : l’esprit qu’il doit avoir. Dans ce métier, il faut avoir le sens de la répartie. Je m’explique : savoir répondre instantanément à toute réflexion que l’on pourrait vous faire, qu’elle soit positive ou négative. Je dois avouer que, si vous avez un certain âge, ce sera plus facile, car l’expérience vous y aidera.
Force est de constater que le public adore les gens qui ont de la répartie. Il faut faire attention à ce que votre répartie ne soit pas arrogante, agressive ou narquoise. Elle doit être principalement teintée d’élégance, c’est là qu’elle a le plus d’impact…
 
Le pourquoi du comment

Cela m’a quand même intrigué. Je me suis demandé pourquoi on pourrait croire que le MDC doit être discret. Je ne sais pas si vous allez croire que mon hypothèse n’est pas un peu partisane, mais je me suis interrogé s’il n’est pas plus facile d’avoir cet avis tout simplement parce qu’on a des carences. Je m’explique : si j’avais quelques difficultés à m’exprimer en public ou si j’étais d’une personnalité ayant un faible charisme, je crois que je serais un MDC plutôt discret. Non pas que je trouverais cela mauvais, mais je tenterais d’exploiter, tout simplement, ce que je suis. Je pense que c’est très bien de ne pas aller contre sa nature. Si vous êtes une personne plutôt effacée, il serait idiot d’essayer d’avoir l’air autoritaire. Cela sonnerait faux et pourrait être interprété comme une forme d’arrogance.
Un jour, dans un salon professionnel, un très jeune maître de cérémonie m’a interpellé en ces termes :
- "J’ai 23 ans et je suis MDC. Comment puis-je faire pour avoir la même crédibilité que vous qui affichez une forme d’autorité naturelle et qu’on a envie d’écouter et de suivre ?"
Je lui ai répondu la chose suivante :
- "Vous avez un plus gros avantage sur moi, c’est la jeunesse et la fraîcheur. Soyez gentil mais efficace, et les gens seront touchés par votre jeunesse et par votre bonne volonté affichée. Même si vous faites des erreurs, elles vous seront pardonnées, car les gens sont suffisamment intelligents pour se rendre compte que vous avez tout fait pour bien faire et ne vous en voudront pas d’avoir fait "une boulette", sauf les cons... Et ça, on ne peut l’empêcher, car les cons existent et il faut composer avec eux aussi, mais avec élégance, ce qui déstabilisera leur agressivité !"

En conclusion, je peux dire avec certitude que, quelle que soit votre attitude professionnelle, à partir du moment où vous accomplissez votre métier avec amour et conscience professionnelle, vous aurez toujours le ton juste avec le public. Ne prenez pas les choses à la légère, soyez conscient de l’importance réelle que vous avez dans l’accomplissement de votre métier. Aimez-le, il en vaut la peine. Le retour sera automatique. L’amour, c’est comme un boomerang, il vous est toujours rendu de manière avantageuse.
Peut-être ne serez-vous pas le meilleur MDC du marché, mais faites tout pour le devenir, car cela est à votre portée. Partagez vos connaissances, faites circuler ce que vous avez appris auprès des jeunes, et vous participerez vous aussi à faire briller ce merveilleux métier qu’est le funéraire, quel que soit le poste que vous occupez. Il est riche, très riche... Tout ce qui touche à l’humain est passionnant. Vous irez de découverte en découverte, même si vous avez 30 ans de métier. Le bonheur ne vaut que s’il est partagé...

Michel Weber

Résonance n°111 - Juin 2015

 

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations