Depuis des lustres, on entend que le funéraire est à la croisée des chemins. C'est vrai que si on regarde en arrière, depuis quelques années la filière funéraire a sacrément évolué !
La loi 93-23 n'y est pas pour rien, mais il n'y a pas que cela.
Il y a aussi les mentalités qui changent, les valeurs qui évoluent. Le funéraire est conduit à bouger encore et encore, même si ça ne plaît pas à tout le monde !
Loïck Rodde, président fondateur du réseau Point Funéplus. |
Les mentalités, bon c'est d'accord elles ont évolué et on l'a bien vu avec la crémation... mais on observe un tassement de la courbe dans la hausse (tiens, là aussi ! ). Oui, la crémation va continuer sa croissance mais elle ne continuera probablement pas à croître au rythme de la construction des crématoriums. Au point que l'État, toujours présent, pense réglementer sur ce point.
Les valeurs, c'est là que les choses pourraient se compliquer
Dans la grisaille ambiante, la population se réfugie dans le "c'était mieux avant", d'autant que les personnes âgées commencent à être touchées par une perte de pouvoir d'achat... alors que l'espérance de vie ne cesse d'augmenter, mais dans quel état ? C'est là une véritable angoisse d'autant plus que les anciens contribuent largement à la solidarité financière de la famille. J'ai dit famille ?
Logique, plus on demande à l'homme de regarder loin : l'Europe, la mondialisation, 2017, 2021, etc., plus il regarde le bout de ses chaussures ! Rassurant.
Nous y voilà
Le clan familial se resserre et le voilà qui, en toute logique, demande aux pompes funèbres, faute de clergé, des cérémonies personnalisées ! Point Funéplus a fait dernièrement, avec des affiliés, un voyage d'étude à Rome et nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer des ecclésiastiques de haut niveau avec lesquels nous avons pu établir un dialogue à propos des évolutions des cérémonies religieuses (nous aurons l'occasion d'aborder prochainement ce sujet).
La question des cérémonies est, me semble-t-il, centrale aujourd'hui
Notre profession doit relever le défi pour apporter, sur ce sujet, des réponses aux familles en deuil. Quel sens donner aujourd'hui à "l'Adieu", quelle est la place du sacré dans tout cela ? Comment expliquer aux familles la part qui revient à la culture dont nous sommes les héritiers avec celle des effets de mode ? Et ces questions se posent de manière surprenante aussi bien lors de funérailles religieuses que civiles.
De plus, la formation dans le funéraire ne prend pas ou peu en compte cet aspect du métier et la dernière évolution de la réglementation a eu pour résultat qu'il n'y a pratiquement plus de maîtres de cérémonie en formation. Ce qui devait être un progrès est une récession. Point Funéplus organise des formations à l'organisation et à la réalisation de cérémonies, mais comme elles ne sont pas obligatoires...
Les cimetières "bio", c'est pour maintenant ?
Les évolutions écologiques conduisent au tout naturel... Donc plus de pesticides, nulle part, ni dans l'agriculture, ni dans le jardinage (les pesticides seront introuvables en 2018), ni dans les cimetières.
Nous avons connu les cimetières "nickel", nous allons connaître les cimetières rustiques fleurant bon le foin au printemps, à moins que les villes ne règlent le problème avec une alternative :
- Soit la ville bétonne tous les espaces inter tombes (Fontainebleau) et ce qui arrivera à pousser sera arraché à la main, histoire de diminuer la dépense publique.
- Soit pour que l'herbe indésirable ne se voie pas, pourquoi ne pas la laisser pousser partout ? C'est-à-dire dans la pelouse. Nous revoilà dans le débat des cimetières parc dont il n'était plus question depuis quelques décennies.
Il serait intéressant que les professionnels se préoccupent de ce sujet au moins au plan local, faute de voir les syndicats s'y pencher.
Que va faire votre commune dans les mois ou années qui viennent ? Quelles solutions seront retenues ? Des décisions qui paraissent anodines pourront se révéler toxiques pour votre chiffre d'affaires !
Le futur du retour ?
Oui, nous allons revenir en arrière, non pas avec une récession tant attendue par quelques intellectuels de carnaval, mais un retour au "raisonnable", futur mesuré, un retour qui n’exclura pas les hautes technologies mais rapprochera l'homme de sa condition, c'est-à-dire l'humain. Nous y sommes attendus.
Loïck Rodde
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