En cette période de Toussaint, beaucoup de nos concitoyens vont rendre hommage à leurs défunts et, de ce fait, vont peut-être réfléchir à leur propre devenir et à leurs funérailles.
Jo Le Lamer, président de la FFC. |
Mais est-il besoin d’aller dans un cimetière, qui plus est à la Toussaint, pour penser à ses "chers disparus" ?
Non, un objet, une photo, un écrit, une odeur, une chanson suffisent ! Sur ce point aussi, les habitudes changent, la "tradition" se perd… Il suffit, pour s’en convaincre, de voir le triste état de certaines tombes à l’abandon dans les cimetières.
En ce qui concerne la crémation, elle instaure incontestablement un nouveau mode de relation au défunt : l’intériorisation du souvenir ("Le vrai tombeau des morts, c’est le cœur des vivants").
Les mentalités et les modes de vie ont changé, avec des familles de plus en plus éloignées géographiquement, voire éclatées et recomposées. L’individu veut, de plus en plus, décider de son devenir après la mort. Il a la liberté de le faire (liberté reconnue dans notre pays depuis 1887). Encore faut-il qu’il l’exerce, qu’il exprime son choix et dicte ses volontés. Celles-ci doivent être absolument respectées, ce qui n’est pas toujours compris, ni admis par les proches, surtout quand ils n’en sont pas informés auparavant... Pourtant, c’est la loi ! En cas de non-respect, le Code pénal (art. 443-21-1) prévoit que "toute personne qui donne un caractère contraire à la volonté du défunt, ou qui en a eu connaissance, sera punie d’une peine de 6 mois d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende".
Conseiller, accompagner les familles, les aider à préparer les obsèques, et notamment la cérémonie d’adieu (quand la cérémonie est civile, ce qui est majoritairement le cas pour le mode d’obsèques par crémation), c’est le métier des opérateurs funéraires, mais c’est aussi le rôle citoyen, bénévole et désintéressé du mouvement crématiste, grâce à l’action de toutes ses associations.
Sauf refus exprimé ante mortem par la personne concernée, il faut une cérémonie, donc une ritualisation, aussi bien pour l’hommage avant la crémation que lors de la remise de l’urne cinéraire, voire pour la dispersion des cendres (si telle était la volonté du défunt). Surtout pas de "vide" symbolique ! La cérémonie d’hommage peut alterner musique, poèmes, images, textes de réflexion, témoignages sur le défunt, sa vie professionnelle et sociale, des gestes symboliques... Ainsi réalisée, elle aide les vivants à mieux accepter la séparation physique d’avec le défunt, à rendre l’absence moins douloureuse en l’inscrivant dans un schéma logique de poursuite de vie. C’est la dimension cathartique, apaisante, des rites funéraires ! Et c’est une démarche à la fois philosophique et humaine.
Dans notre société en pleine mutation, n’est-ce pas un bon moyen que de consolider pour la crémation un repère rituel, symbolique, qui fait le lien entre la mort et la vie ?
"Car ce qui donne un sens à la vie, donne un sens à la mort" (Saint–Exupéry – "Terre des hommes")
Jo Le Lamer
Président de la FFC
Résonance n°115 - Novembre 2015
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