L’Union Crématiste Européenne (UCE) est un mouvement d’associations crématistes à but non lucratif qui rassemble la Federazione Italiana per la Crémazione (FIC), la Fédération Française de Crémation (FFC), la Société Belge pour la Crémation (ASBL), l’Association Grecque "Les Amis de la Crémation" et "Oganj", l’Association Crématiste Serbe.
Jo Le Lamer, président de la FFC. |
Depuis sa création le 20 février 1999, elle œuvre pour la dignité des funérailles, la liberté de choix de chacun, le respect du défunt et de sa famille, la promotion du service public funéraire. Les membres de l’UCE ont constitué le premier réseau de conseil, de soutien et d’assistance, à leurs adhérents respectifs, confrontés à un événement douloureux, hors de leur territoire national. Elle veut encore observer le marché relatif à cette activité pour en dénoncer les dérives. C’est dans ces buts qu’elle a établi, à destination des professionnels du funéraire, des administrations publiques et de tout intervenant (bénévole ou non), une charte éthique, pour des obsèques par crémation en Europe. Cette charte vient d’être traduite en anglais, en italien et en néerlandais.
Après un premier colloque à Bruxelles en 2006, axé sur les actions à mener en direction de la Commission européenne et du Parlement européen ainsi que sur la demande d’édification d’un crématorium en Grèce, elle a organisé, avec le concours de l’Université de Nancy, plusieurs colloques importants qui ont donné lieu à publications : la première, en 2010 "La crémation et le droit en Europe" de laquelle il ressortait que, compte tenu des différentes dispositions législatives nationales étudiées (Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie, Belgique, Luxembourg, Serbie...), s’il semblait illusoire de prétendre les unifier, il fallait néanmoins travailler à une harmonisation de ces législations. Cette réflexion a été à l’origine d’une directive européenne en cours d’établissement par l’UCE.
La seconde publication, en 2013, synthèse d’un nouveau colloque, éditée, comme la première, sous la direction de Bruno Py et Marc Mayer : "Éthique et Crémation - Réflexions sur une liberté éclairée" voulait concilier l’éthique avec des thèmes comme : argent et crémation, religion et crémation ou environnement et crémation.
Début mai 2016, l’UCE a tenu son assemblée générale à Paris. À l’ordre du jour, entre autres, l’organisation du prochain colloque, en 2017 à Nancy pendant lequel, seront abordés notamment les différents droits (pénal, civil et administratif) relatifs à la crémation.
- Sur le plan pénal : l’atteinte à l’intégrité d’un cadavre qui a été étendue aux cendres.
- Sur le plan civil : les cendres conservées à domicile et les modifications qu’a apportées la loi de 2008 en France dans cette pratique.
- Sur le plan administratif : comment les communes gèrent-elles les columbariums, les jardins du souvenir, la dispersion dans la nature et pour quels coûts, etc. ?
L’UCE, s’ouvrir à différents pays…
Malgré le travail déjà réalisé, l’UCE constate qu’elle est peu connue. Elle souhaite maintenant s’ouvrir, comme le prévoient ses statuts, à d’autres pays, malgré le caractère systématiquement commercial que revêtent les funérailles dans ces pays. Elle voudrait réunir des crématistes qui possèdent et veulent transmettre les valeurs énoncées plus haut et que défend l’UCE. Il en est de même pour des entreprises commerciales. À preuve, le travail qu’a réalisé la FFC avec elles sur les cérémonies crématistes, prouve que nombre d’entre elles cherchent à faire honnêtement leur travail. Ces entreprises seraient consultées pour leur compétence et devraient participer à de prochains colloques et ateliers, où seront abordés des thématiques comme les rituels et les cérémonies, la dignité due au corps lors d’une crémation, etc.
Les participants à l’assemblée générale, de droite à gauche :
Jean-Paul Petit, président (B), Frédérique Plaisant, administratrice (F),
Patrick Lancon, secrétaire général (F), Maurice Thoré, président honoraire (F),
Jo Le Lamer, vice-président (F), Jacques Cousin, vérificateur aux comptes (F),
Robert Smets, trésorier général (B), Guido Peagno, vice-président (I), Gérald Maes, administrateur (B).
Absents excusés : Chariklia Chalikia, vice-présidente (Grèce), Dusan Javorina, vice-président (Serbie).
Lors de cette AG, quelques dérives ont été évoquées
Par exemple, la loi de 2008, qui a voulu conférer un statut aux cendres, provoque un véritable débat philosophique en France. Ainsi, actuellement, remontent des associations, des plaintes concernant les puits de dispersion, parfois nommés par elles de "bouches d’égout" : une simple grille métallique, mal dissimulée par les galets qui la recouvrent et qui fait office d’entrée au collecteur de cendres en dessous.
En Belgique, où la dispersion dans un jardin du souvenir doit être gratuite, cette dispersion est détournée par le marché de la mort qui vend un arbre planté dans un champ funéraire privé et au pied duquel seront enterrées ou dispersées les cendres du défunt. Le prix varie selon la taille de l’arbre. Il peut atteindre 3 000 € !
Enfin, Matera, dans le sud de l’Italie, sera, en 2019, la capitale européenne de la culture, culture qui veut s’ouvrir, pour l’occasion, aux rives Nord et Sud de la Méditérannée. Guido Peagno, le représentant de la FIC, et vice-président de l’UCE, pense que ce serait une opportunité pour l’UCE d’y prévoir un colloque sur la ritualité des funérailles pour la crémation comme pour l’inhumation, ce que nous envisageons sérieusement.
Résonance n°121 - Juin 2016
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :