CAPNEA est l’un des spécialistes français de la dispersion des cendres et de l’immersion d’urnes en mer. Jeune entreprise toulonnaise, elle dresse déjà, après quelques mois d’activité, un premier bilan positif. Dans celui-ci prend place une part importante de demandes d’immersion par délégation (après la rédaction d’un mandat de pouvoir en bonne et due forme) de la part de familles ne pouvant se déplacer pour la réalisation de cette dernière cérémonie.
Créée dans le respect de la loi du 19/12/2008 autorisant l’immersion d’urne funéraire (et la dispersion des cendres) en mer, CAPNEA installe petit à petit sa notoriété dans la région PACA et tisse son réseau de partenariats avec les différentes enseignes funéraires et les différents opérateurs indépendants dans le Sud-Est de la France. Arnaud Vinchon, dirigeant de cette entreprise, revient pour nous sur les premiers mois d’exercice effectif qui s’avèrent positifs et permettent d’envisager un avenir favorable.
Résonance : Après avoir accompli les longues démarches administratives obligatoires liées à ce secteur particulier, vous avez effectué depuis quelques mois de nombreuses immersions/dispersions en mer. Quel premier bilan pouvez-vous dresser ?
Arnaud Vinchon : D’une manière générale, cela a bien commencé et j’ai un bon retour des opérateurs funéraires et des familles. Concernant notamment les vérifications, ils ne sont pas étonnés outre mesure de mes demandes de photos de l’urne et de garantie de biodégradabilité de celle-ci (principalement en sel, argile). Il faut également être sûr qu’elle est bien immersive.
Pour cette première année de lancement, j’effectue toutes les sorties moi-même. Je peux ainsi bien appréhender le fonctionnement, voir comment cela se passe à chaque fois. Nous faisons une vraie équipe avec le marin, ce qui est très important. Aujourd’hui, je peux dire que c’est un travail gratifiant, notamment du fait des remerciements que nous recevons des familles. On prend vraiment conscience de l’évènement exceptionnel que cela représente pour elles, même dans la douleur.
R : Quelles sont les différentes prestations que vous pouvez mettre à la disposition des familles ?
AV : Nous avons maintenant trois types de formules : immersion de l’urne ou dispersion des cendres d’une durée d’environ deux heures, une prestation à la journée et une cérémonie anniversaire. En effet, il y a à peu près un tiers des familles qui demandent que l’on reprenne contact avec elles à la date anniversaire afin d’effectuer une sortie en mer "dédiée au souvenir". Il s’agit là, durant une journée, de faire une sortie commémorative en bateau, avec la famille et/ou des amis du défunt, de passer un moment convivial ensemble dans le souvenir, sur une île comme Porquerolles, par exemple. Cela induit une notion de "mémorial" dont je n’avais pas pris toute la mesure, mais dont je constate aujourd’hui l’importance, influençant bien sûr positivement mon activité.
R : Une autre demande est apparue dont vous n’aviez pas forcément idée mais qui représente une partie importante de vos sorties en mer, c’est l’immersion d’urne par délégation. Est-ce exact ?
AV : En fait, par le biais des réseaux, petit à petit, des demandes sont venues de départements de plus en plus éloignés (Rhône, Jura, etc.). Des opérateurs funéraires nous ont demandé s’il était possible de récupérer une urne et voulaient savoir comment cela se passait pour effectuer l’immersion sans la présence de la famille. À ma grande surprise, l’immersion d’urne funéraire en l’absence de la famille devient habituelle, et actuellement, cela représente près de 40 % des opérations réalisées. Souvent, cela vient du fait que les proches ne sont pas sur place, ne peuvent ou ne veulent pas se déplacer, mais désirent respecter et réaliser le souhait du défunt. Bien sûr, le coût de la prestation est moins élevé.
R : Sur le plan réglementaire, quelle est la marche à suivre ?
AV : Il faut un pouvoir de la famille mandatant CAPNEA pour l’immersion de l’urne. Cela n’est possible que par la rédaction d’un mandat de pouvoir. Afin d’être parfaitement en règle avec la législation, j’ai établi un modèle type en collaboration avec la Confédération des Professionnels du Funéraire et de la Marbrerie (CPFM). Une fois mandaté, et après contrôle de l’adéquation de l’urne à l’immersion en mer, je me fais envoyer celle-ci par l’opérateur funéraire de la famille.
R : Comment envisagez-vous, après ce lancement réussi, l’avenir de votre société et son développement, notamment géographique ?
AV : Je pense que nous répondrons à une demande sur le secteur "quart Sud-Est" de la France et sur Paris, le trajet Paris-Toulon étant rapide. Nous avons également augmenté nos points de départ, l’habituel se situant à Port Pin Rolland à Saint-Mandrier. Les autres peuvent être Giens (La Tour Fondue), la Seyne-sur-Mer, Le Brusc à Six-Fours-les-Plages, Sanary-sur-Mer et Bandol, avec des sites de dispersion se situant entre les îles d’Hyères et le cap Sicié, jusqu’aux calanques de Cassis.
Enfin, nous avons complété nos formules par une offre de sortie en nocturne, à la tombée de la nuit, ou bien encore le matin au lever du soleil.
Du point de vue économique, je ne fais pas encore de prévisions chiffrées, car notre entreprise est jeune et qu’il faut être patient avant d’être connu de tous les opérateurs concernés, car ce sont eux qui peuvent informer les familles de l’existence de cette offre d’immersion d’urne en mer près de chez eux. Mais nous avons bien commencé, et cela semble vouloir continuer.
Résonance hors-série #1 - Spécial Crémation - Août 2015
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