La diffusion d’une émission de télévision "Les Infiltrés", sur la chaîne publique France 2, présente des agissements particulièrement répréhensibles d’opérateurs funéraires. Derrière ce qui relève de faits divers condamnables sur un plan moral et pénal, le risque de l’amalgame montre le bout de son nez, une généralisation qui n’est certainement pas acceptable. Le mal français ayant toujours été de dénoncer les trains qui arrivent en retard en ignorant ceux qui arrivent à l’heure… Nous avons eu lors de cette soirée télévisuelle, un bel exemple nauséabond de journalisme d’opportunité… Réactions
La profession funéraire a dû faire le gros de l’audience vendredi 1er mars 2013 et tous sont unanimes pour condamner non seulement les pratiques des individus présentés, mais également la tonalité de ce reportage qui ne présente pas contradictoirement des postures positives d’autres opérateurs. Il est vrai qu’eux interviennent avec tact, mesure, empathie, et respectent leurs interlocuteurs éprouvés par un deuil. Vous ne les verrez pas, ils ne peuvent contribuer en rien au but recherché par leurs initiateurs : dénoncer.
La valeur de l’ombre se mesure en opposition de l’intensité lumineuse sur un sujet. Il est regrettable d’avoir à rappeler ce postulat physique mais également journalistique. Un oubli sans doute…
En effet, l’immense majorité des opérateurs funéraires accomplit sa tâche en pleine lumière, avec sens du devoir, sérieux, dévouement et dans un esprit de service rendu qui n’est pas contestable. Les agissements de quelques-uns ne peuvent et ne doivent aucunement remettre en cause un secteur professionnel tout entier. La théorie de l’amalgame étant un raccourci facile, corollaire d’une actualité vite digérée, il est bon parfois de rappeler sans détours les règles élémentaires de déontologie à celles et à ceux qui s’en croient exonérés, journalistes compris.
Si l’on suit le concept de cette émission, et en pratiquant les mêmes amalgames, nous pourrons bientôt assister en caméra cachée à la vie "secrète" des hommes politiques, aux agissements de notre garagiste ou de notre dentiste, et pourquoi pas des journalistes eux-mêmes. Bref, a tout ce qui fait partie de notre cadre de vie et d’en tirer rapidement la conclusion que nous vivons dans un monde pourri et que "tous sont pourris" bien évidemment. Les fantasmes populistes ont la vie dure.
"À vouloir toujours dessiner le diable sur les murs de sa maison, un jour on le trouvera assis dans son salon" souligne un vieux dicton Béti camerounais. Ce type d’émission pendant laquelle nous sommes les téléspectateurs impuissants et contrits, doit appeler de notre part des réactions, mais sur un mode différent de celui pratiqué. Il est temps d’élever le débat. Si tout n’est pas rose dans les différents métiers, nous atteignons des sommets caricaturaux lorsqu’il est évoqué le sens de "l’omerta" de la profession : l’art du mot facile distillé qui reste dans les mémoires…
L’apologie de la nausée
Nous assistons malheureusement dans ce cas précis à des pratiques d’investigation, où la recherche du scandale, du sensationnel, du graveleux, de la réponse provoquée sinon dictée, semble se vouloir l’hypothétique promesse d’une audience média, qui, dans le cas de cette émission, reste à démontrer. La bonne volonté d’une présentatrice très interventionniste au nom connu dans l’audiovisuel n’y fait rien de plus. Quelque part, le public n’est pas avide de passer sa soirée "la tête dans une poubelle", de quoi se rassurer sur l’état moral de nos compatriotes et finalement, leur bon sens. Nul n’est besoin de souligner que ceux-ci sont devenus d’authentiques "consommateurs" sur un sujet particulier il est vrai, et que depuis 1993 l’espace concurrentiel a nettement contribué à faire évoluer la profession tout entière.
En revanche, il est essentiel de rappeler à celles et à ceux qui, visiblement mal ou peu informés sur la réalité des opérations funéraires, que ce secteur économique à fait sa mutation et pas seulement en surface. Il a eu le courage et le mérite de se structurer, d’appeler de ses vœux, des outils législatifs et réglementaires contemporains et adaptés. Il a su faire œuvre de transparence, mettre en avant le sens éthique qui anime en permanence ses personnels et ses dirigeants, offrir des cursus de formations diplômantes et des carrières à celles et à ceux qui choisissent cette voie, qui veulent être des acteurs responsables et reconnus sur un plan moral et économique pour répondre justement aux attentes des familles qui font appel à leurs services.
Sur ce qui est livré en pâture au téléspectateur, et dont l’aspect marginal doit être affirmé, il n’est pas besoin de faire de longs commentaires ni de nier la réalité épisodique. Une des entreprises en question était dans le collimateur des services préfectoraux, et pour cause... En effet, se comporter comme un "margoulin" ne se fait pas sans publicité et ce triste sire (il ne saurait être question de qualifier ce monsieur de confrère) pour ne citer que lui, récoltera ce qu’il a semé : l’opprobre des familles, celui des opérateurs funéraires et espérons-le, celui de la société. Les autres protagonistes du même acabit se contenteront de retourner dans la fange de l’oubli, un marécage d’où ils n’auraient jamais dû sortir.
Il est regrettable également de constater une fois de plus, que le sens de l’habilitation préfectorale, notamment son éventuel retrait, ne soit toujours que la part de l’exceptionnel. À défaut, une profession est condamnée au sensationnel pour les agissements de quelques-uns. Le spectateur pour sa part est sous le choc et vraisemblablement peu enclin à continuer de regarder. Le mal est fait, nul n’est besoin d’épiloguer.
Gardiens de l’éthique ? CQFD
À n’en pas douter, la profession funéraire dans son ensemble souffrira des conséquences de cette diffusion. Les familles après cet opus sont en droit de se poser des questions et d’obtenir des réponses claires. La "généralisation" aura fait son office simpliste, à l’image du concept de cette émission.
Les opérateurs funéraires sauront ouvrir le dialogue directement, sereinement et sans ambages, simplement parce que leurs entreprises dans leur immense majorité ne sont pas le reflet voulu par le réalisateur de ce document à charge. Elles font œuvre de transparence et elles sont attachées, notamment au sein des différentes organisations professionnelles, à accueillir, valoriser, transmettre des comportements éthiques en conformité avec la dignité essentielle que réclament les opérations funéraires, et à en exclure nettement tout autre comportement, n’en déplaise au soi-disant "infiltré".
La dignité et la pudeur, pour ne citer qu’elles, étaient les grandes absentes de ce reportage ; c’est particulièrement regrettable parce que ce sont pourtant des pratiques quotidiennes, partagées, qui permettent à un très grand nombre de familles de traverser cette période douloureuse avec des opérateurs funéraires compétents, accompagnants loyaux.
Dans cet esprit, et par respect pour elles et eux, nous appelons de nos vœux une véritable table ronde sur une chaîne publique où la garantie de représentation des organes fédéraux publics et privés soit assurée, à la présence des autorités de tutelle, des politiques initiateurs des réformes professionnelles… Un authentique "état de l’art" sans les artifices et le spectacle grotesque et caricatural du tout venant médiatique, un modèle cette fois d’information exemplaire du public et non une très discutable instruction à charge.
Public Sénat en serait un diffuseur idéal !
À cultiver la haine de son voisin, on ne récolte pas la reconnaissance des citoyens… Enfin, on doit se comporter autrement dans une société démocratique et respectueuse des Hommes et des idées, à moins que nous ayons changé de régime pendant le week-end. Au spectacle de cette émission, nous avons comme un doute.
Hélas…
Malaise et excès. Ainsi pourrait-on résumer l’émission “Les Infiltrés“ du 1er mars 2013, sur France 2.
Malaise, car manifestement il y avait du “margoulin“ dans ce reportage. Au-delà des sommes d’argent en jeu, la dignité des morts et l’éthique professionnelle étaient les grands absents. De telles pratiques, qui nuisent à l’ensemble de la profession, doivent être dénoncées sans relâche et totalement. Excès, car je suis persuadé à 100 % qu’il s’agit là des agissements d’une très faible minorité de professionnels qui ne sont nullement représentatifs de la profession mais qui, hélas, l’entachent gravement et lui nuisent. Jamais les professionnels que je connais n’ont eu de tels agissements. Si tel avait été le cas, leurs entreprises seraient aujourd’hui en décrépitude. Le bouche-à-oreille, plus encore quand il est négatif, va si vite ! Aux pompes funèbres de prendre leurs responsabilités et de faire appliquer les textes. Ils existent. Et à la profession de faire le ménage dans cette minorité. Dans son intérêt professionnel et dans l’intérêt général. Il en va de la confiance que les familles peuvent avoir à l’égard de leurs opérateurs. La mienne reste acquise à tous ceux que je côtoie et qui, bien souvent, sont les premiers à être à l’écoute des familles dans le respect de leur deuil.
Philippe Gosselin, |
La CPFM réagit suite a l’émission "Les Infiltrés"
La Confédération des Professionnels du Funéraire et de la Marbrerie (CPFM) a été sollicitée à plusieurs reprises pour participer au "débat" suivant le reportage "Les Infiltrés" mais a choisi de ne pas y participer. La CPFM continuera à intervenir à chaque fois qu’elle sera saisie d’un dossier litigieux et étayé concernant un opérateur ou un établissement de santé.
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Pourquoi la FFPF a-t-elle participé à l’émission Où est le scoop ?
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