Une étape importante se joue à la FNF (Fédération Nationale du Funéraire), ex-CPFM

Résonance : Alors, Pierre, comment préparez-vous cette retraite bien méritée ? Ce que nous pouvons vous dire, c’est que vous allez manquer aux adhérents.

Pierre Larribe : Merci, mais la Fédération a préparé ma succession, ou plutôt la continuité du service juridique, avec sérieux. Et j’en suis ravi… tout d’abord parce que je sais que la relève est assurée et, en plus, elle l’est avec qualité. En effet, Delphine, qui nous a rejoints il y a maintenant 2 ans, et Mathieu, depuis 2 mois, sont de grands professionnels tout à fait à même de répondre aux questions de nos adhérents, mais aussi de préparer l’avenir "juridique" du funéraire.

Ce que j’ai appris, c’est qu’il est important que la Fédération anticipe les sujets et fasse travailler ses adhérents sur le funéraire de demain. Depuis quelques années, nous sommes passés d’une Fédération réactive à une Fédération proactive.

En synthèse, je pars l’esprit tranquille et serein. Le service juridique est entre de bonnes mains et je prends sincèrement plaisir à passer le relais à Delphine et Mathieu, qui maîtrisent bien mieux que moi les différents outils de communication modernes.

R : Mathieu, pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ? 

Mathieu Garnesson : Avec plaisir ! Je ne dirai rien sans avoir dit l’honneur et le plaisir d’être formé par Pierre, qui a une telle expérience dans le juridique funéraire et un talent peu commun pour la transmission de son savoir. Je mesure ma chance. Pour ma part, je suis docteur en droit public, une discipline de laquelle relève une vaste part de la réglementation funéraire. J’ai travaillé cinq ans à la Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL) du ministère de l’Intérieur, qui porte cette politique publique et se trouve être le principal interlocuteur de la Fédération au niveau de l’Administration.

En son sein, j’ai eu l’occasion de participer à l’évolution législative et réglementaire du secteur, mais aussi de contribuer à répondre à des questions funéraires, pour des préfectures à qui il arrive de se tourner vers l’administration centrale, en cas de situation particulièrement complexe. Le sujet funéraire ne m’est donc pas totalement inconnu et je ne suis pas arrivé par hasard à la Fédération. Je me souviens, lorsque j’ai vu passer l’offre de recrutement pour le poste de Pierre, m’être dit : "Pourquoi pas !" J’entends beaucoup qu’on vient au funéraire par hasard et qu’on y reste par passion : pour moi aussi, le hasard est venu et la passion se révèle.

Je découvre chaque jour davantage un univers et une culture professionnelle passionnants ? C'est un secteur soumis à une réglementation riche et parfois perturbante. Après quelques mois, je comprends pourquoi Pierre a été aussi indispensable aux adhérents et l’affection qu’ils lui portent. La réglementation funéraire n’est pas toujours évidente, et nécessite un certain décryptage pour pouvoir répondre aux problématiques opérationnelles quotidiennes des opérateurs funéraires. Les capacités d’analyse et de pédagogie de Pierre sont une vraie inspiration, et j’espère pouvoir offrir la même qualité de service.

Pour encore mieux m’ajuster et comprendre les préoccupations de nos adhérents, en complément du partage d’expériences de Pierre mais aussi de la formation de conseiller funéraire que je suis avec l’École de Formation Funéraire Alyscamps (EFFA), je suis parti une semaine en immersion chez un adhérent. J’ai pu assister aux principales opérations funéraires et ainsi confronter le terrain à mes connaissances juridiques.

Depuis quelques semaines, je réponds avec Pierre et Delphine aux questions de nos adhérents, qui apprennent à me connaître. J’ai bien conscience de la responsabilité qui nous incombe, à Delphine et moi, de prendre la suite de Pierre. La comparaison ne nous est pas enviable, mais elle nous rend exigeants. Dans son style, Pierre est irremplaçable. Nous sommes forcément différents, mais nous avons tous les 3 en partage le même désir d’être le plus pertinents possible dans nos réponses aux adhérents, et de servir au mieux leurs intérêts et ceux des familles qu’ils accompagnent.

R : Delphine, quels sont les sujets d'actualité de la Fédération ? Sur quels sujets travaille en ce moment le service juridique ?

Delphine Berteau : Tout d’abord, je tiens à remercier Pierre pour son accompagnement durant nos deux années de travail. J’ai appris la matière avec lui, et c’est grâce à lui si mon champ de compétence professionnel s’est élargi. L’arrivée de Mathieu lance le début d’une nouvelle ère pour notre Fédération, tant sur le fonctionnement de travail que sur le plan des compétences. Je suis ravie d’avoir pu dénicher une telle personnalité. Alors, que ce soit avant ou après le 1er avril, contactez la Fédération, Mathieu et moi serons présents pour nos adhérents, ou encore écrire des articles juridiques à paraître dans Résonance.

Si je me concentre sur les sujets juridiques, en tant que directrice des affaires juridiques, la Fédération a plusieurs actualités. Nous sommes tout d’abord dans l’attente de la publication de plusieurs décrets d’application concernant l’allongement des délais d’inhumation/crémation, la clarification de l’administration sur la notion de cachet de cire et l’obligation de plaque sur le cercueil. Par le temps mis par l’administration à faire paraître ces textes, nous avons la preuve qu’il existe bien une différence entre "le temps des entreprises" et "le temps de l’administration". Il est important pour vos lecteurs de bien comprendre que le travail accompli par une Fédération est chronophage et que l’application directe sur leur quotidien ne peut pas se faire dans l’immédiateté, mais nous ne lâchons pas nos efforts…

Grâce à notre concertation avec nos adhérents et à nos actions d’influence, nous travaillons également sur des sujets tels que :

• La clarification du montant qui peut être prélevé sur le compte bancaire du défunt ;

• Les "Assisses de la simplification" portées par le ministère de l’Économie et des Finances, dans lesquelles nous poussons des propositions de simplification administrative et de digitalisation des démarches funéraires ;

• L’harmonisation des pratiques préfectorales ;

• Le sujet délicat du transport de corps avant mise en bière dans le cadre des réquisitions judiciaires ;

• Un nouveau sujet sur une possible évolution du modèle de devis. La Fédération a été conviée par la DGCL et la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) à réfléchir, dans l’intérêt des consommateurs, à une nouvelle articulation de ce document ;

• La circulation des véhicules funéraires lors des Jeux olympiques et paralympiques de l’été 2024.

Enfin, sur la dimension sociale, la branche des pompes funèbres est en cours de finalisation des dernières négociations concernant les barèmes nationaux des salaires minima. Cette négociation est une excellente nouvelle pour la branche, car elle était dans le radar du ministère du Travail pour une éventuelle fusion avec une autre branche d’activités. Nous aurions par conséquent perdu nos particularités sociales en étant liés à un autre secteur, sûrement complètement différent du nôtre.

En complément, il a été décidé, avec l’ensemble des partenaires sociaux (organisations syndicales de salariés et l’autre organisation patronale, la FFPF [Fédération Française des Pompes Funèbres]), de travailler sur une révision de l’accord de classification de 1996 avec la mise en place de fiches emplois repères et d’un système de cotation de ces emplois. Nous avançons enfin sur la thématique de l’égalité entre les femmes et les hommes, et sur l’étude de nos données sociales (typologies des contrats conclus, pyramides des âges, formation, etc.).

Comme vous le voyez, les sujets ne manquent pas. Pour rappel, la Fédération accompagne ses adhérents dans leur quotidien en mettant à leur disposition un panel de services, exemples : assistance juridique par mail ou téléphone, webinaires (avec replay), lettres d’information, documents à télécharger, service de médiation, mise en relation avec des partenaires, etc.

N’hésitez pas à nous rejoindre et à participer à nos "Groupes de travail", nos "Comités juridique et social", au sein desquels les adhérents participent aux réflexions sur le funéraire de demain. En effet, le service juridique a besoin de remontées terrain pour mieux coller aux attentes des professionnels. Une Fédération appartient à ses adhérents, et si vous souhaitez être entendus, par les pouvoirs publics, ne restez pas seul…

R : Pierre, justement, en parlant de ce fameux 1er avril, savez-vous ce que vous allez faire après ?

PL : Merci de me poser la question. Je souhaite avant tout profiter de mon temps pour moi. J’ai beaucoup aimé accompagner les adhérents et la profession funéraire pendant toutes ces années, mais il est temps pour moi de clôturer ce chapitre et d’en ouvrir un autre avec mes proches. J’ai été sollicité par certains pour apporter mon expérience, mais, aujourd’hui, je vous confirme que j’arrête toute activité professionnelle.

R : Pierre, le mot de la fin, quel message souhaitez-vous passer à nos lecteurs ?

PL : Je tiens à remercier, tout d’abord, toutes les personnes de la profession qui m’ont fait confiance, à la Fédération que j’ai vu évoluer, de la FNPF à la CPFM et maintenant à la FNF… à remercier aussi tous les adhérents qui m’ont toujours sollicité avec bienveillance et que j’ai essayé d’accompagner au mieux… Je suis heureux de mon parcours et, même si je passe la main, je suis heureux de la passer à Delphine et Mathieu, qui, j’en suis sûr, apporteront ce dont a besoin la Fédération. Merci !

DB : Ah non, Pierre, c’est nous qui te remercions ! Au nom de tous les professionnels du funéraire, des adhérents de la Fédération, des membres du conseil d’administration et enfin des permanents de la Fédération, je me permets de te remercier pour toutes ces années, et de te souhaiter une magnifique retraite. Profites-en pour cultiver de belles fleurs et puis, tu connais les coordonnées de la Fédération, tu seras toujours le bienvenu.