C’est marqué du sceau du cinquantenaire, concrétisé par une magnifique exposition, bien conçue et instructive du fait de la richesse de ses documents, que se sont déroulés l’assemblée générale et le Congrès de la Fédération Française de Crémation (FFC) les 14 et 15 octobre derniers à Amboise, ville ligérienne où repose Léonard de Vinci. Si le premier jour fut consacré notamment aux différents rapports institutionnels, l’après-midi du deuxième fut riche en débats et échanges avec deux tables rondes, ouvertes gratuitement au public, posant des questions essentielles aujourd’hui… "Quelles funérailles à l’horizon 2050 ?" et "C’est quoi des funérailles écologiques ?".
Comme il se doit, l’Assemblée Générale (AG) fut ouverte avec quelques mots de bienvenue de Frédérique Plaisant, présidente de la FFC, de Thierry Boutard, maire d’Amboise, et les interventions des représentants d’associations et d’organismes amis : La Libre Pensée, MUTAC, l’Union des FAmilles Laïques (UFAL), l’Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité (ADMD). Puis, en préambule du début concret de la séance consistant à la présentation et au vote des rapports, est proposée à l’assistance nombreuse la projection d’une vidéo - réalisée sur la base de plusieurs micro-trottoirs - pour les cinquante ans de la Fédération et intitulée "Si je vous dis crémation ?".
Rapport moral
Après vérification du quorum, quelques instants furent consacrés à l’AG extraordinaire pour valider à l’unanimité une modification de l’article 1er des statuts portant sur la date de création de la FFC le 17 janvier 1972, celle-ci étant précédemment notée par erreur en 1930. S’ensuivit en toute logique l’AG ordinaire qui débuta par le rapport moral de la présidente. Celle-ci fait d’abord le constat d’une année encore chargée, en actions, en contacts, en discussions et en réflexions pour les membres du bureau et du conseil d’administration. C’est aussi l’occasion de remercier Nicole Tavares, secrétaire générale, et les bénévoles qui ont assuré l’organisation de ce grand rendez-vous.
Elle note une évolution positive de la représentation et de la reconnaissance du mouvement crématiste, et de ses prises de position, auprès du Conseil National des Opérations Funéraires (CNOF), du salon du funéraire, des médias, au Sénat, etc. ; et salue les reprises de contacts intéressantes avec différents partenaires professionnels. Mais, revers de la médaille, elle relève une dégradation progressive de l’état des forces associatives (associations dissoutes ou fusionnées, dirigeants ne trouvant pas de relève). D’une manière générale, il est vrai que, dans notre société, le bénévolat subit de plus en plus la diminution des engagements individuels.
Chantiers et projets
Frédérique Plaisant, après avoir redit l’importance de l’existence de la FFC, des Associations Crématistes (AC) et des idées crématistes qui sont ainsi véhiculées, a détaillé quelques chantiers initiés depuis la dernière AG : révision du règlement intérieur, expo anniversaire, participation au CNOF, communiqués de presse en réaction à l’actualité (sortie du rapport de la Défenseure des droits, de la loi 3DS), collecte des statistiques annuelles de crémation, présence au Sénat lors du bilan des 30 ans de la loi Sueur de 1993, etc.
Si la lutte pour promouvoir la crémation est gagnée, si l’application des volontés des personnes à être crématisées est entrée dans les mœurs, si les équipements existent, la présidente considère que bien d’autres combats restent à mener et peuvent s’inscrire dans de nouveaux projets pour la FFC. Sans être exhaustif, il s’agit de celui sur les prix qui risquent d’augmenter avec la crise énergique et du probable transfert par les crématoriums des suppléments de coûts sur les familles. Cela peut être aussi des réflexions sur l’uberisation de la société, le numérique, les réseaux sociaux… "Comment nous positionner pour continuer d’exister ?" demande-t-elle, concluant son rapport par le souhait d’une grande participation de tous à ces challenges à venir.
Activités et commissions
C’est la secrétaire générale, Nicole Tavares, qui présenta le rapport faisant état des activités réalisées par les membres du bureau fédéral, les délégués fédéraux et les diverses commissions, entre le 25 septembre 2021 et le 13 octobre 2022. Nous n’entrerons pas ici dans l’exposé de celles-ci tant le travail effectué fut dense et complet… et les actions nombreuses. Relevons simplement - car ces actions sont significatives des tâches accomplies - l’élaboration complexe du dossier FDVA(1), la tenue de six conseils d’administration et de douze bureaux fédéraux, de sept réunions du CNOF, des rencontres avec OGF, FUNECAP, l’UFAL, l’ANAPEC, des contacts pris avec la FFPF et UDIFE, des présences aux AG de la CSNAF, de MUTAC, du SIFUREP, de la CPFM, entre autres.
Immédiatement après, Jo Le Lamer, vice-président, fit part de l’étude menée sur Crémation Magazine visant à poursuivre sa publication malgré, notamment, la hausse du prix du papier et la diminution des abonnés. Sa proposition est d’augmenter le tarif de l’abonnement. Celle-ci est adoptée par l’assemblée. Puis, après le traditionnel rapport financier et celui émanant des vérificateurs aux comptes, le bilan prévisionnel 2022, le déjeuner et la photo de groupe, la deuxième partie de la journée fut consacrée aux travaux des commissions. C’est celle dédiée à la communication qui ouvrit l’après-midi avec son responsable en la personne du même Jo Le Lamer précédemment nommé. Magazine fédéral, newsletter numérique, site Internet, relations avec les médias, partenariats en cours et à venir furent les principaux sujets traités.
Dans la foulée se succédèrent Micheline Claes pour la partie formation, très importante pour les bénévoles en quête de savoirs et d’apprentissage pour gérer les associations et communiquer auprès du public ; Alain Zanone pour l’informatique qui fut centrale durant la pandémie (distanciels, visioconférences, liaisons numériques) et qui reste indispensable, notamment pour la future refonte du site de la Fédération. La journée se clôtura par des échanges avec la salle, les représentants des AC ayant toujours à cœur de questionner les dirigeants ou de faire part de leur expérience sur le terrain.
Congrès 2022… La FFC a 50 ans !
Le samedi, c’est jour de congrès... Et quoi de mieux que de commencer par une belle expo ! C’est à nouveau Jo Le Lamer qui s’y colle pour nous dévoiler tous ses secrets et sa conception qu’il a présidée entouré d’une équipe studieuse qui participa tant à la recherche documentaire qu’à la réalisation des panneaux. Départ du parcours crématiste à l’âge du bronze où la crémation est alors une pratique funéraire utilisée par de nombreuses civilisations. Celle-ci perdura jusqu’en 785, une loi de Charlemagne cette année-là en interdisant l’utilisation.
Il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour qu’elle soit à nouveau autorisée en France, grâce à la loi sur la liberté des funérailles du 15 novembre 1887. L’exposition va ainsi cheminer au fil des étapes importantes marquant l’histoire de la crémation - dont la création en 1930 de la Fédération Nationale des Sociétés Françaises de Crémation et de la FFC en 1972 -, des lois encadrant cet usage et des organismes gravitant autour de celle-ci.
Des préoccupations concrètes et une motion adoptée
Des préoccupations concrètes et une motion adoptée
Enchaînant avec l’énergie et la passion qu’on lui connaît, Frédérique Plaisant fit une petite allocution pour ouvrir ce nouveau congrès. L’un de ses talents étant de toujours poser les vraies questions, elle mit à la réflexion de tous, engageant les représentants des AC à y réfléchir dans les mois qui viennent, quelques interrogations opportunes : comment faire pour survivre ? Faut-il survivre ? Comment trouver de nouveaux adhérents, en faisant part notamment de la philosophie crématiste aux nouvelles générations ?
La nouvelle motion d’orientation, votée quelques instants plus tard, sans y répondre contribuera à la recherche d’une solution en réaffirmant les valeurs de la FFC, en poursuivant ses combats (pour un encadrement des tarifs, par exemple) et en prônant une ouverture vers l’extérieur pour accroître sa visibilité auprès du grand public.
Nouveauté de l’année, un speed dating avec les partenaires est ensuite proposé ayant pour objectif de faire mieux connaissance avec ceux-ci par le biais d’une courte description de leur poste, de l'entreprise ou de l'organisme. Étaient présents François Mouilleron, directeur des relations avec les collectivités chez OGF ; Mathieu Legrand, vice-président de l’ANAPEC ; Éric Dréneau, administrateur UPFP(2) ; Julien Le Coustumer, directeur général d’UDIFE. Florence Fresse, secrétaire générale de la FFPF, Pierre Larribe, responsable juridique de la CPFM, et Alain Pouget, directeur exécutif de la Société des Crematoriums de France/ FUNECAP, étaient excusés.
Une après-midi à table !
Une après-midi à table !
Imaginer le futur dans un domaine à la base assez traditionnel en France est une chose forcément passionnante, surtout en sachant que de nouvelles pratiques apparaissent (forêt cinéraire, innovations souvent digitales, aquamation ou résomation, humusation…).
C’est l’objet de la première table ronde, "Quelles funérailles à l’horizon 2050 ?", qui fut menée par Steve La Richarderie, rédacteur en chef de Résonance Funéraire, accueillant Sarah Dumont fondatrice du site Happy End ; Charles Simpson, fondateur et dirigeant de Senior Media (startup web) ; Marie-Claude Chéramy, directrice générale des Pompes Funèbres Intercommunales de Tours et son adjoint Éric Dréneau, ainsi que Marc Mayer, universitaire belge, coauteur de plusieurs ouvrages sur la crémation et le droit en Europe.
Quant à la seconde, ancrée dans nos préoccupations actuelles, intitulée "C’est quoi des funérailles écologiques ?", elle était animée par Jean-Marc Thibault, journaliste, et elle réunissait Laetitia Royant, coautrice d’un livre sur le sujet ; Amanda Clot, responsable du service cimetières et crématorium de Niort, Mathieu Legrand, vice-président de l’ANAPEC (Association NAtionale des PErsonnels de Cimetières) et Pierre Vidallet, expert funéraire.
Ces deux rencontres suscitèrent à chaque fois un grand nombre de questions de la part de l’assistance, des remarques aussi, voire quelques inquiétudes pour certains concernant l’avenir. Mais, concluant cette journée intense et riche d’enseignements, tous, représentants d’associations, élus et partenaires se retrouvèrent pour une soirée chaleureuse, conviviale et gastronomique.
Gil Chauveau
Nota :
(1) Le Fonds de Développement de la Vie Associative (FDVA) est un fonds de soutien aux associations géré par le ministère chargé de la vie associative. Il finance depuis de nombreuses années la formation des bénévoles.
(2) UPFP : Union du Pôle Funéraire Public.
Résonance n° 185 - Novembre 2022
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