Installée à Thuir, dans les Pyrénées-Orientales, l’entreprise de menuiserie Massuet a été créée en 1954 par Robert Massuet qui, comme beaucoup de menuisiers, fabriquait les cercueils et travaillait en collaboration avec la mairie pour les funérailles avant la libéralisation du monopole et la possibilité pour des entreprises indépendantes d’exercer l’activité funéraire dans sa globalité.
Dès lors, Robert a pu élargir l’activité de menuiserie au secteur funéraire et s’occuper des familles, ce qui était pour lui tout à fait logique. Passionné par son métier, il a permis à son fils, prénommé Robert lui aussi, d’apprendre à ses côtés. C’est ainsi tout naturellement que le fils a repris les deux activités.
La famille s’est investie dans ce secteur d’activité sans compter, jusqu’à transmettre l’envie au jeune Guillem, premier fils issu de l’union entre le jeune Robert et son épouse, Nathalie.
Guillem a intégré l’entreprise en qualité d’apprenti menuisier après avoir obtenu un CAP de maçon, un CAP qui s’est vite avéré très utile pour les travaux de cimetière de la commune et alentour.
En 2007, Nathalie, qui travaillait depuis 24 ans à la Caisse des allocations familiales de Perpignan, a décidé de démissionner pour rejoindre l’équipe, et ainsi découvrir les joies du travail en famille. Avec dans sa valise un beau projet : construire une chambre funéraire atypique et accueillante. Il aura fallu quelques années de patience et beaucoup de travail pour y arriver.
"Avec l’ouverture récente de la chambre funéraire, le déménagement des bureaux dans des locaux neufs et la reprise d’une marbrerie, nous avons fait d’énormes investissements ces dernières années", déclare Nathalie, dont la fierté se lit sur son sourire. D’autant que l’aventure familiale se poursuit : aujourd’hui, c’est Robin, son second fils, qui vient de démissionner de son emploi pour rejoindre tout récemment l’épopée familiale, son diplôme tout frais de conseiller funéraire en poche. "Pour les générations actives, la boucle est en quelque sorte bouclée. C’est le papi qui serait fier", souligne Nathalie.
Plus que des pompes funèbres, Nathalie aime à définir leur quotidien comme un accompagnement : "Nous épaulons les familles dans un moment de grande détresse. Notre entreprise est connue sur le secteur et nous connaissons personnellement la grande majorité des familles que nous recevons. Il y a donc une relation de confiance immédiate, nous sommes identifiés comme bienveillants et à l’écoute. Les liens quasi amicaux avec la plupart d’entre elles facilitent énormément les choses. Il n’y a pas de suspicion, tout est clair".
Malgré une évolution du secteur funéraire de plus en plus concurrentielle, la famille Massuet veut pérenniser la tradition dans ses façons de travailler, de prendre le temps, par exemple. Nathalie refuse de se considérer comme une commerciale : "Nous nous considérons comme étant au service des familles, dans l’accomplissement de notre mission de service public, et je crois qu’elles le ressentent. Nous ne faisons pas de "manières", nous restons naturels et c’est ce qui plaît aux gens." Ils ont fait de l’écoute, de l’empathie et du respect leurs trois valeurs fondamentales.
Ce que retient avant tout Nathalie de ce métier, c’est qu’il doit y avoir une approche particulière de la vie, car la mort remet tout et tout le monde à sa place. Désormais consciente de l’inéluctable, Nathalie vit chaque instant intensément. Elle ajoute que ce métier l’a guérie de sa grande timidité et de sa peur de la mort. Orpheline de père alors qu’elle était adolescente, elle dit avoir subi un traumatisme et en avoir conservé longtemps des séquelles dans son développement personnel.
"Épouser un "croque-mort" était déjà un grand pas. L’épauler dans ses tâches fut une véritable thérapie." Aujourd’hui, l’heure est à la fierté de l’accomplissement, devant le nouveau bâtiment tout juste sorti de terre et leurs projets : une chambre funéraire toute couverte de bois aux teintes d’été indien et dotée de quatre salons et d’une salle de cérémonie pouvant accueillir cent personnes.
Adhérente à la Fédération Française des Pompes Funèbres (FFPF) depuis quelques années, Nathalie se sent épaulée dès qu’elle a des questions, qu’elle pose tantôt par mail, tantôt par téléphone. "À la FFPF, on est reconnu, on s’appelle par nos prénoms. La Fédération occupe une place importante dans notre quotidien et nous a aidés à de maintes reprises, et nous aide encore." En 2021, plus d’une cinquantaine de mails d’échanges en témoignent. L’équipe est toujours là, sympathique, et a toujours la bonne réponse.
En dehors du funéraire, c’est principalement le ballon ovale qui occupe les hommes de la famille, Nathalie préférant la marche dans sa belle région d’Occitanie. "Et si l’aventure avec nous vous donne envie, nous recrutons un marbrier", conclut Nathalie.
Résonance n° 175 - Novembre 2021
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