Les traditionnelles Rencontres Nationales de l’UPFP (Union du Pôle Funéraire Public) se sont données rendez-vous à Lorient-Lanester du 24 au 26 septembre dernier, l’occasion de faire le point sur la vie des entreprises publiques locales, pompes funèbres, crématoriums et cimetières. Peu d’éléments transpirent de ces journées, mais les opérateurs funéraires publics organisent leur avenir en ralliant notamment un réseau mutualiste dans le but de créer une alternative au funéraire marchand. Nous ne doutons pas que, prochainement, le voile sera levé sur une stratégie innovante. Résumé…
Lorient-Lanester est un membre historique de l’UPFP et la Ville a mis un point d’honneur à faciliter ces Rencontres Nationales annuelles, c’est ainsi que les membres de l’Union purent bénéficier des infrastructures de congrès de la perle de la Bretagne. Les Rencontres débutent traditionnellement par l’assemblée générale de l’UPFP ouverte aux seuls adhérents et objet des votes coutumiers relatifs à l’activité fédérale, la gestion et l’orientation du mouvement.
De gauche à droite : Jean-Marc Corgier, Laure Butin, Manuel Sauveplane et Régine Durand.
Qu’est-ce qu’un service public du XXIe siècle ?
La séance plénière de l’après-midi du mardi 24 septembre fut animée par Nicolas Bouzou et mérite que l’on s’y attarde. Il est diplômé de l’Université Paris Dauphine et a un master de finance de l’IEP-Institut d’Études Politiques de Paris. Ses travaux portent sur la croissance, la politique économique, l’organisation territoriale et la santé. Il est directeur d’études et enseignant au sein du master 2 et MBA droit des affaires et management-gestion de l’École de droit et de management à l’université Paris II Assas.
Il est le président des Rencontres de l’avenir, un cycle de conférences réunissant des intellectuels français qui se tient chaque année à Saint-Raphaël. Pour la première édition en 2018, il a notamment réuni Luc Ferry, Érik Orsenna, Gaspard Koenig, Cynthia Fleury, Raphaël Einthoven, Laurent Solly ou encore Laurent Alexandre, Étienne Klein et Julia de Funès. Pour la seconde édition, en novembre 2019, seront présentes des personnalités comme Claudie Haigneré ou encore Guillaume Durand et Guy Verhofstadt.
Son intervention auprès des membres de l’UPFP avait pour thème "Qu’est-ce qu’un service public au XXIe siècle". Nicolas Bouzou n’a pas sa langue dans la poche et n’hésite pas à utiliser de la métaphore pour bien se faire comprendre. Dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas a au moins le mérite d’être clairement compris. De toute évidence, en suivant son exposé, nous sommes dans une situation oligopolistique, ce qui bien entendu ne se fait pas sans risque.
La valorisation du capital humain est essentielle et passe par la formation, une volonté politique de formation à outrance, car il ne sert à rien de vouloir recruter des collaborateurs qui se retrouvent incapables d’exercer ce pour quoi ils ont été engagés faute de formation. La valorisation des compétences ne doit pas s’effacer ou être dominée par l’idéologie et se doit de reprendre les bonnes vieilles recettes relevant du bon sens commun. Le développement de l’autonomie de la personne en entreprise est associé à la confiance et valorise l’homme au sein de la structure.
Une heure trente d’électrochoc qui a suscité de nombreuses questions de l’assistance. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la langue de bois n’était pas au rendez-vous.
La définition d’un service public, funéraire qui plus est, se révèle donc une question centrale qui fait l’objet d’une étude menée depuis quelques mois à l’initiative de la fédération UPFP et dont nous attendons avec impatience la révélation. Compte tenu du contexte socio-économique contemporain national, qui sommes-nous, où nous dirigeons-nous et comment… résume les attentes de l’ensemble des adhérents. Une réponse protéiforme qui, nous l’espérons, fera école. La réaffirmation de l’élaboration contextuelle du sens n’est pas si simple qu’il y paraît.
De gauche à droite : Laure Butin, Marie-Christine Montfort, Jean-Marc Corgier, Régine Durand, Manuel Sauveplane et Patrick Lerognon.
Mercredi 25 septembre, journée intense
La journée fut ponctuée de nombreuses interventions, notamment la restitution du groupe de travail sur la position stratégique de l’UPFP en matière de cérémonies civiles, un sujet récurrent qui complète d’une certaine façon l’intervention de la veille, et les progrès apportés en permanence sur ce sujet par l’Union.
L’ensemble des fournisseurs du funéraire présents ont été invités à présenter en séance pleinière aux adhérents leurs dernières innovations et services. Une contribution indispensable pour éclairer les différentes branches fédérales, pompes funèbres, crématoriums et cimetières. Une fois de plus, les fournisseurs avaient répondu présent massivement à ces Rencontres Nationales et n’ont pas manqué de saluer la méthode d’échanges qui leur a été offerte.
L’après-midi fut consacrée pour partie à une intervention sur le thème : "Le process d’humusation". Ce mode de sépulture qui fait florès notamment aux USA où l’État de Washington est sur le point d’en légaliser l’usage. Il s’agit en fait de faire don de notre dépouille à la terre, de transformer naturellement le corps en compost humain et réduire ainsi notre empreinte environnementale. Vœu pieux s’il en est.
Comme toutes les nouvelles idées de sépulture, celle-ci ne rencontre pas le succès même si l’idée de base peut paraître séduisante et naturelle. La loi française autorise actuellement seulement deux modes de sépulture, l’inhumation et la crémation. Le législateur interrogé considère pour l’instant que cette pratique n’est pas compatible avec le Code civil et s’interroge sur la dignité des funérailles et le devenir du corps. L’assistance posa de nombreuses questions mais ne semble pas pour l’heure adhérer à cette nouvelle pratique qui pose pour le moins de très nombreuses questions.
En revanche, l’intervention suivante sur la gestion du cimetière pour une commune est aujourd’hui un sujet d’importance et sensible pour différentes raisons parmi lesquelles nous pouvons relever : les carrés confessionnels, les reprises de concession, la gestion environnementale et le zéro phytosanitaire. Là aussi les questions furent nombreuses et hélas le temps trop court pour épuiser ce vaste sujet.
Jeudi 26 septembre, sous le signe de la gestion
La Ville de Lorient développe un modèle de gestion performant et original dans le cadre social de l’activité funéraire. C’est ainsi qu’il fut présenté une méthode de calcul des coûts de revient des prestations et articles funéraires. L’analyse des lignes de facturation fit également l’objet d’une présentation approfondie, riche d’enseignements pour l’ensemble des adhérents.
Les échanges se poursuivirent sur l’ensemble de la journée, hors cadre, tant les questions et le remarquable modèle présenté firent mouche sur l’auditoire. La journée se poursuivit par la visite des équipements de Kerletu, comprenant un crématorium, une chambre funéraire, une agence commerciale ainsi qu’un cimetière paysager. Cette dernière visite s’acheva par la clôture de ces Rencontres Nationales UPFP 2019.
Débats suivis et intenses, sujets originaux, interventions parfois hors normes, les Rencontres Nationales UPFP s’attachent depuis la création de la fédération en 1999, à proposer à ses adhérents des sujets novateurs. Hormis le fait que cet espace d’échange et de dialogue soit le lieu de découverte d’innovations et de pratiques exemplaires, l’Union du Pôle Funéraire Public se doit de rassembler l’ensemble des acteurs funéraires publics pour promouvoir l’éthique de ses services auprès des élus et des populations. Une vocation qui s’actualise avec les années et qui doit se concrétiser par un nouveau projet au service des familles en deuil.
Résonance n° 155 - Novembre 2019
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