Première participation à un salon professionnel funéraire réussie pour la CFE-CGC Commerce et Services – et tout particulièrement l’USN Services funéraires –, qui occupait un bel espace lors de FUNEXPO Lyon mi-novembre dernier. Une telle expérience inédite demande à être relatée... C’est pourquoi nous avons recueilli les impressions d’après-salon de Jean-François Lécuyer, délégué syndical.
La Fédération Nationale de l’Encadrement, du Commerce et des Services (FNECS) a bâti une organisation et une structure de fonctionnement par secteurs d’activité (voir Résonance n° 144). Ainsi, les métiers du commerce sont regroupés au sein du Syndicat National de l’Encadrement du Commerce (SNEC) et les métiers des services au sein du Syndicat National de l’Encadrement des Services (SNES), où se trouve l’Unité Syndicale Nationale (USN) Services funéraires. Après les récentes réformes connues sous le nom de "loi Travail", la fédération avait souhaité être au contact des salariés et des patrons exerçant dans le milieu funéraire. C’est pourquoi elle fut présente à FUNEXPO Lyon afin de les rencontrer et de leur expliquer sa vision des choses.
"Cela a été une expérience extrêmement riche. Du fait des nombreuses rencontres réalisées durant cet événement, René Roche, le président de la CFE-CGC Commerce et Services, présent sur le stand, a pu découvrir le milieu funéraire qu’il ne connaissait pas complètement, ainsi que la diversité de nos métiers. Les échanges se sont faits bien sûr avec les visiteurs, pompes funèbres et marbriers, mais également avec des fabricants et des organisations professionnelles. Avec ces dernières ont eu lieu de longs entretiens de partage qui ont permis d’aborder des sujets actuels, les ordonnances "Macron", par exemple".
D’une manière générale, ces trois jours en prise directe avec les professionnels du funéraire ont été l’occasion, pour Jean-François Lécuyer et ses collègues syndicalistes, de répondre aux nombreuses interrogations que suscitent ces ordonnances et la refonte profonde du Code du travail que celles-ci impliquent dans différents chapitres de celui-ci.
L’une des questions récurrentes posées à la FNECS CFE-CGC concernait la négociation collective, avec, notamment, la nouvelle hiérarchie des normes et la primauté des accords collectifs sur les accords de branche. "À notre niveau, au cours de ces conversations avec les salariés, les entrepreneurs, nous avons pu expliquer quelle était l’importance maintenant de la négociation en entreprise. Tout le monde ne l’a pas encore totalement perçu. Souvent, le terme "négociation" sous-entend, pour beaucoup, une relation entre partenaires sociaux difficile et conflictuelle. Nous avons pu leur expliquer que ce n’était pas le cas, que cela concernait plus la résolution de problèmes "ensemble", des évolutions dans l’entreprise, la mise en place aussi d’avantages, par exemple. Tous les changements entraînant des modifications pour la totalité du personnel, il est donc obligatoire de passer par des accords."
Stand à FUNEXPO 2018.
Mais ceux-ci ne sont pas toujours possibles, car, et c’est une question souvent posée, que se passe-t-il lorsque personne ne veut se présenter comme délégué du personnel ? "Dans ce cas-là, les salariés ne pouvant être représentés à la table des négociations, il faut appliquer la procédure de référendum. C’est lourd à organiser, ça peut être coûteux et compliqué... Et la réponse n’est pas toujours celle que l’on attend, car il n’y a pas de discussions, de tractations, de construction préalable d’une entente, contrairement à ce qui se passe lorsque l’on négocie tous ensemble, patronat et représentants des salariés assis à la même table."
Les nouveaux textes font redescendre beaucoup de négociations au niveau de l’entreprise, même si la convention collective et les prérogatives propres à la branche sont toujours effectives. "Il est donc essentiel que toutes les partenaires participent, que le personnel ait des élus, syndiqués ou pas, peu importe. À partir de là, aujourd’hui, pour que l’efficacité, la pertinence des entretiens soient réelles, il est nécessaire que les élus(es) soient formés(ées) à ce type d’exercice. Il faut donc des formations adaptées qui permettent de comprendre le fonctionnement, le rituel, le déroulement d’une négociation, et les modes de communication qui mènent au résultat final. Une méconnaissance des rouages de la tractation peut nuire aux deux parties, souvent de manière involontaire."
Le rôle des délégués du personnel est large, touchant de nombreux domaines – formation, classification des postes, évolution professionnelle, etc. – dont ils doivent parler avec l’employeur. De ce point de vue-là, c’est devenu une occupation qui peut être chronophage, voire devenir un véritable métier pour le syndicaliste (en fonction de la taille, PME ou TPE). "FUNEXPO a été véritablement intéressant là-dessus, et nous avons entendu l’intérêt des professionnels du funéraire pour ces problématiques ; et pris conscience de l’importance, du sérieux de notre engagement, de l’altruisme indispensable que cela revêtait pour nous, délégués syndicaux."
L’opération de communication et de "prise de connaissance" de la profession effectuée par la FNECS CFE-CGC sur le salon de Lyon s’est révélée positive sur plusieurs points. Le premier, né de "l’effet de surprise", a attiré certains visiteurs ou exposants, qui, une fois passé le cap d’une certaine méfiance vis-à-vis de tout ce qui s’attache au syndicalisme, voulaient en savoir un peu plus sur cette organisation ayant pour la première fois "pignon sur rue" sur une manifestation funéraire telle que FUNEXPO.
Un deuxième est la découverte par de nombreuses personnes de la notion d’accompagnement qui prévaut aujourd’hui au sein de la FNECS. "Nous expliquons qu’adhérer à un syndicat n’est pas obligatoirement lié à la perspective de résolution d’un conflit, mais que l’adhésion peut être la concrétisation d’un souhait d’accompagnement dans l’implication que souhaite avoir le salarié dans la vie de son entreprise. Ainsi, le syndicat pourra expliquer un certain nombre de choses, comme la compréhension d’un contrat de travail, le fonctionnement de la formation professionnelle, les droits du salarié en général, l’utilité du CSE (Comité Social et Économique), etc."
Enfin, un des derniers aspects notables est la richesse des dialogues entre Jean-François Lécuyer, les autres délégués présents sur l’espace de la FNECS et les opérateurs funéraires, avec de nombreux retours d’expériences, des demandes concrètes attachées à la pratique quotidienne dans les agences de pompes funèbres... Et avec, en fond, une réelle préoccupation, pour de nombreux établissements (de plus de 11 salariés), au sujet de l’organisation des élections en 2019 du CSE, qui remplace les instances représentatives du personnel (IRP), délégués du personnel (DP), comité d’entreprise (CE) et comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).
"Dans un salon, on a vraiment la possibilité de discuter avec les gens. C’est le meilleur moyen de parler avec les employés, les cadres et les chefs d’entreprise, de leur transmettre simplement, de façon conviviale, ce que nous sommes réellement, la vérité de nos actions. Le débat est facile, simple, la parole est disponible. Un salon expo offre cette liberté-là. Et ça, c’est très fort. On a maintenant une vraie réflexion sur notre participation à ce type d’événement, avec la volonté de renouveler l’expérience… Mais, ça, c’est une autre histoire… qui reste à écrire. À suivre donc…"
Gil Chauveau
Résonance n°146 - Janvier 2019
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :