Bien comprendre les enjeux actuels pour mieux anticiper l’avenir… Voilà qui résume, en quelques mots, l’objectif des trois tables rondes qui se sont tenues lors de cette convention UDIFE 2018 organisée à Dinard, les 7 et 8 juin derniers. Animées avec virtuosité par Jean-Marc Sylvestre, journaliste et éditorialiste économique pour BFMTV et RT France, ce dernier, assisté de Philippe Martineau et Pierre Buil, respectivement directeur général délégué et président du conseil d’administration d’UDIFE, et en s’appuyant sur l’expertise des divers intervenants, n’a pas manqué de disséquer, analyser et interpréter les nombreuses problématiques auxquelles sont confrontés, aujourd’hui, les professionnels du funéraire. De bons moments de convivialité, chargés d’émotions, auront également agrémenté ces journées placées sous le signe de la passion, passion d’un métier, mais pas que…
Trois tables rondes pour bien cerner les enjeux actuels du secteur funéraire
Quelque peu néophyte pour ce qui concerne l’activité funéraire, et ce, malgré un deuil récent, Jean-Marc Sylvestre l’est beaucoup moins dès lors qu’il s’agit d’analyses financières, de gains de parts de marché, ou encore d’enjeux économiques. Éditorialiste et journaliste économique aguerri, d’abord pour TF1 et LCI durant une vingtaine d’années, et actuellement pour BFMTV et RT France, c’est sa pertinence et sa capacité à vulgariser le discours financier qui ont intéressé et séduit les dirigeants de la SA UDIFE.
Cela étant, un tel professionnalisme n’aurait pu s’exprimer sans la multitude d’informations et de chiffres fournis, tout au long de ces trois tables rondes, par le cabinet XERFI, en la personne de Laurent Marty, directeur associé.
De gauche à droite : Philippe Martineau, Pierre Buil et Jean-Marc Sylvestre.
"L’assurance dans le monde des obsèques"
Voilà qui fut une belle entrée en matière au regard de l’une des principales problématiques auxquelles sont confrontés, actuellement, les professionnels funéraires. C’est à la suite d’un état des lieux chiffré, proposé par Laurent Marty, directeur associé de Xerfi, que l’assistance, venue nombreuse pour l’occasion, a pu se rendre compte de l’ampleur des enjeux à venir pour ce qui ai de la prévoyance obsèques. Portant sur un marché essentiellement détenu par le milieu financier – banques et assurances – et dont la croissance prévisible, à court terme, suscite également beaucoup d’intérêt pour les organismes mutualistes, d’aucuns pourront vous dire que les débats furent fournis et très enrichissants.
Aussi, toute l’expertise d’Élie Toledano, ancien responsable des études actuarielles vie et dommages, puis directeur études techniques vie, et enfin directeur solutions assurances de personnes au sein de Generali, et aujourd’hui directeur général délégué d’AFI ESCA, en matière de contrats obsèques "côté assureur", aura permis d’identifier un certain nombre de pistes pour permettre aux professionnels funéraires de gagner en efficacité sur ce marché où il leur est parfois difficile de s’imposer face aux banques/assurances/mutuelles par manque d’opportunités de contacts.
Consolider les partenariats existants et en créer de nouveaux… faire d’UDIFE un partenaire incontournable dans l’exécution des contrats… mettre en exergue Sérénéo pour s’appuyer sur un outil concret, efficace et crédible en matière de contrat en capital… sont, suivant les analyses croisées de messieurs Sylvestre, Toledano, Marty, Buil et Martineau, autant de leviers à actionner par le groupe breton pour être un acteur majeur du funéraire de demain.
La prévoyance obsèques en France, en matière de souscription, est bien inférieure à la moyenne européenne… De fait, bien que détenu à 75 % par les banques/assurances/mutuelles, c’est un marché où le secteur funéraire doit, absolument, rester présent et actif, car il est l’avenir de la profession… à n’en pas douter.
"Le métier des pompes funèbres d’un point de vue économique et tarifaire"
Cette seconde table ronde fut elle aussi des plus instructives, et, là encore, les chiffres avancés par le cabinet XERFI auront permis une analyse précise du comportement consumériste des familles au regard des tarifs pratiqués par la profession. Étayées par les observations de Steve La Richarderie, rédacteur en chef adjoint du magazine Résonance, les conclusions de ce volet BtoC de l’enquête XERFI a suscité nombre d’interrogations et d’échanges entre l’assistance et l’estrade.
Digitalisation, image de marque, sourcing produits, pratiques tarifaires, accompagnement et approche psychologique des familles, ou encore devis modèles, sont autant de points qui ont été abordés, et plusieurs éléments marquants sont à retenir car contradictoires avec ce que veulent bien nous dire les émissions à charge diffusées par les médias grand public.
Tout d’abord, il ressort que près de 56 % des familles interrogées estiment le prix des obsèques convenable au vu des prestations et de l’accompagnement proposés. De plus, sans rentrer dans le détail, la comparaison entre l’estimation, faite par les familles, du tarif d’une prestation, et sa tarification réelle, s’est avérée souvent très cocasse… car à leur désavantage.
Second point notable : la différence entre les attentes d’une famille confrontée pour la première fois à la mort d’un proche, et celles d’une famille ayant déjà géré un décès. Quand la première est plus attentive au prix, à la proximité puis à l’accueil, la seconde, elle, attache beaucoup plus d’importance au contact humain et à l’accompagnement, faisant passer la fonction tarifaire en 3e position, toujours derrière la notion de proximité.
Ensuite, quelle que soit la typologie de clientèle, reviennent très souvent l’aspect qualitatif et innovant des produits ou encore la notion de "made in France", ces derniers points mettant en exergue la nécessité d’un sourcing efficace en matière de produits et services. Sur ce dernier point, UDIFE entend bien proposer le meilleur à ses adhérents, toutes marques confondues, afin de leur offrir une vraie possibilité de singularisation vis-à-vis de la concurrence, tant en matière de produits, que de services ou de tarifs.
"La rentabilité des entreprises de pompes funèbres"
Cette dernière table ronde visait, pour l’essentiel, à informer, et, pour certains, à les initier à la vision comptable-bancaire du secteur funéraire en général, et de leurs entreprises en particulier. Pour ce faire, Jean-Marc Sylvestre avait pour interlocutrice Catherine Gicquel Le Gall, diplômée d’un DESS stratégie et ingénierie financière, actuellement directrice du territoire entreprises Bretagne pour Arka Banque entreprises et institutionnels.
Outre la bonne santé du secteur funéraire, là encore, une donnée très intéressante a retenu l’attention de certains : en matière de résultat net, comparé au commerce grand public qui affiche un taux de 3,7 %, le secteur funéraire affiche un résultat de 4,7 %, derrière l’optique : 6,3 %, et l’audition : 10,7 %. Et là, j’en entends déjà certains me dire que nous ne sommes plus dans l’émotion… mais dans la perception.
Le débat s’est ensuite orienté sur les opportunités de développement et les possibilités d’accompagnement des entrepreneurs par UDIFE et ses partenaires dans leurs projets de croissance ou leurs démarches de session ou de succession.
Lors de sa conclusion, Jean-Marc Sylvestre n’a pas manqué de saluer le professionnalisme et le dévouement de ses interlocuteurs du jour. Estimant que l’image de ce secteur d’activité était malheureusement victime du tabou qui entoure la mort… Et pourtant, de ses propres mots, il y a découvert de belles personnes, humaines, bienveillantes et à l’écoute des familles.
Des hommes, des femmes et… des jeunes !
Peu avant la fin de cette première journée, Pierre Buil et Philippe Martineau, respectivement président du conseil d’administration et directeur général délégué de UDIFE, ont tenu à rendre hommage à l’ensemble de leurs équipes pour leur soutien, leur professionnalisme et leur engagement de tous les jours. C’est également l’instant qu’ils ont choisi pour évoquer le souvenir de Christian Guérin et de Jean-Luc Duluard, tous deux membres du conseil d’administration depuis ses origines, décédés il y a peu.
Enfin, à l’image du cycle de la vie, il y a ceux qui partent en laissant un souvenir impérissable, et il y a ceux qui arrivent… C’est ainsi que le conseil d’administration d’UDIFE, pour encourager de jeunes ou futurs entrepreneurs à participer et à s’impliquer dans la vie du groupe coopératif, a décidé la création d’un conseil prospectif et opérationnel des jeunes composé de Baptiste Santilly, Léa Nail, Anthony Raynal, Jean-Christophe Bontemps, Olivier Bertrand, Thomas Buil, Sophie Laborde et Christophe Détrille. Cette convention 2018 fut l’occasion d’officialiser leur nomination, et chacun d’entre eux s’est vu remettre, par l’un des membres du conseil d’administration, un bâton relais en guise de symbole de leur engagement… La relève est assurée !
De gauche à droite : Nils Boyer, Jean-Pierre Pernaut, Jean-Marc Sylvestre et Philippe Martineau.
Entre émotion et passion
À bientôt 25 ans, Nils est un des plus jeunes participants inscrits cette année à la Route du Rhum, destination Guadeloupe. Il avait jusque-là aussi le plus petit budget, face à des compétiteurs dont les sommes peuvent atteindre plusieurs millions d’euros. Ce Malouin d’origine a vu grandir un fort élan de solidarité dans sa région. Des cagnottes en ligne se sont créées, beaucoup de partenaires lui ont proposé de le soutenir. Malgré tout, il manquait le sponsor titre qui lui permettrait de prendre la mer dans les meilleures conditions. Il y a quelques semaines, Nils Boyer a rencontré Philippe Martineau… et, entre ces deux passionnés de mer, le contact est immédiatement passé. Aussi, Nils est venu rencontrer les adhérents du groupe lors de cette convention à Dinard, et il a su convaincre le réseau et les chefs d’entreprise qui le composent de le suivre dans cette aventure.
"Notre métier se caractérise, entre autres, par l’accompagnement, l’empathie, l’humanisme. Ce sont toutes ces qualités que nous avons retrouvées chez Nils", indique Philippe Martineau, ancien élève officier de la marine marchande, très sensible à cette course en solitaire. "La passion de Nils est indéniable, tout comme ses capacités à mener à bien cette grande aventure. Nous croyons fort en lui, et c’est pour cela que nous avons tous souhaité être à ses côtés dans ce projet ! Les entrepreneurs de notre réseau coopératif ont souhaité être associés à Nils, soutenir son initiative et prouver que l’impossible était possible par un élan de solidarité", explique Philippe Martineau.
Aussi, ce dernier a officialisé le fait que Le Choix Funéraire, dont le siège social est basé dans les Côtes d’Armor, sera le sponsor titre du navigateur pour sa 2e participation à la mythique Route du Rhum.
Le Choix Funéraire est également partenaire du Team Pernaut engagé dans le Trophée Andros, et avec lequel il organise des journées pour les enfants atteints d’handicaps.
Jean-Pierre et Olivier Pernaut avaient fait le déplacement à Dinard afin de partager avec les adhérents du réseau ces instants inoubliables, que ces enfants auront eu la chance de vivre grâce à leur démarche et à leur engagement.
Mme Isabelle Le Men des Pompes Funèbres Dijonnaises a également partagé son expérience avec ses pairs, lorsqu’ils sont allés assister au Trophée Andros avec un jeune enfant et ses parents. Une belle histoire et de beaux souvenirs à la clé.
Une dernière journée placée sous le signe de la découverte
La seconde journée, ou plutôt demi-journée, de cette convention fut consacrée à la visite du siège à Pleslin-Trigavou. C’est aussi et surtout l’occasion pour les adhérents du réseau de rencontrer les permanents qui travaillent chaque jour au siège.
"Cela clôture la Convention 2018 qui encore une fois fut une réussite tant sur la richesse des échanges que sur la convivialité" nous indique Pierre Buil.
Steve La Richarderie
Résonance n°143 - Septembre 2018
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