Guéret (23) a accueilli, les 11 et 12 mai derniers, le Congrès triennal de la Fédération Française de Crémation (FFC). L’Association crématiste de la Creuse et la région crématiste Auvergne-Limousin, sous la houlette de son délégué régional Jean-Louis Delarbre, ont organisé, de main de maître, cette assemblée générale-congrès.
Jo Le Lamer. |
Un programme chargé pour ce congrès
Le vendredi 11 mai, une assemblée générale, durant laquelle les 109 associations fédérées, représentant les 30 000 adhérents de France et des territoires d’Outre-mer, ont été informées des activités de la Fédération durant l’année écoulée. Après la lecture des rapports et leur adoption, le bureau fédéral a répondu aux questions des associations, aux manifestations de leurs inquiétudes devant le constat d’un monde en mutation.
Inquiétudes bien légitimes si l’on considère le pourcentage croissant de la crémation en France (1 % par an depuis 1980) et le problème récurrent qu’ont les associations à renouveler leurs militants. C’est depuis les années trente qu’elles ont décidé de se fédérer pour être représentées auprès des pouvoirs publics nationaux. Leur implication quotidienne dans les régions, comme auprès des élus, a favorisé, entre autres, la création des 186 crématoriums et des 28 établissements en construction et en projet. Notre mouvement associatif a également été à la base de la loi imposant les équipements cinéraires dans les communes de plus de 2 000 habitants. La FFC aurait-elle atteint son but, celui de promouvoir et défendre la crémation ?
"Certes, nous dit Frédérique Plaisant, la nouvelle présidente qui a succédé l’an passé aux huit années de présidence de Jo Le Lamer, si cette partie de nos objectifs est largement atteinte, il faut maintenant défendre ces acquis contre les tentations du secteur marchand. Qui défendra les droits du consommateur en la matière ? Qui défendra les volontés du défunt face à un marché de la mort pour qui l’éthique n’est pas toujours au rendez-vous face à une famille désemparée par son deuil ? Les bons interlocuteurs sont-ils bien présents partout ? La dernière newsletter du sénateur Jean-Pierre Sueur est révélatrice de cette tendance.
Nous avons toutes et tous conscience, nous, crématistes, de cette responsabilité. Rappelons simplement nos valeurs et nos principes : la liberté de choix du mode d’obsèques et de sépulture, liberté acquise, faut-il le rappeler, en 1887. Le respect des volontés du défunt, comme je viens de vous le dire, dans la dignité qui lui est due, la laïcité, bien sûr, qui implique le respect de toutes les convictions, philosophiques, religieuses ou non et, par là, une liberté absolue de conscience et une tolérance qui devrait être réciproque."
Consciente des difficultés qui attendent le mouvement crématiste, Frédérique Plaisant veut en renforcer la communication ; élément primordial pour la FFC. Elle lui permet d’être entendue et écoutée en sa qualité de membre au sein du Conseil National des Opérations Funéraires (CNOF) et bientôt par la Cour des comptes pour l’informer des enjeux du secteur d’activité autour de la crémation. Ce qui semble bien légitimer ses engagements citoyens.
De gauche à droite : Patrick Lançon, Frédérique Plaisant, Marie-Jo Gabet,
présidente de séance, Jo Le Lamer, Roselyne Huet et Alain Zanone.
La communication, toujours, lui a fait renouveler sa revue fédérale, Crémation Magazine (qui remplace Transition), très appréciée et réalisée, pour une part, avec des articles écrits par les associations crématistes fédérées elles-mêmes. Un constat quasi unanimement partagé : une revue fort intéressante, bien présentée, aérée, centrée sur la crémation dans ses différents aspects : techniques certes, mais aussi éthiques, philosophiques, juridiques, sociétaux ; une revue à la fois informative et qui invite à la réflexion.
Il en a été fait de même pour son site Internet "Les crématistes" (cremation-ffc.fr/). Plus de 3 500 visites par mois, avec des questions qui relatent des inquiétudes d’internautes à propos de certaines pratiques commerciales, ou d’attitudes à avoir face à la pratique crématiste.
"Bien qu’encore mal connue du grand public, reprend la présidente, avec ces nouveaux outils et cette reconnaissance des pouvoirs publics, la FFC est bien consciente d’agir dans une société complexe et de plus en plus individualiste. La crémation - du fait de sa forte progression - n’est plus l’affaire des seuls crématistes. Elle a introduit des pratiques nouvelles (cérémonies civiles, destination des cendres) qui sont encore souvent méconnues d’un public pas toujours au fait de celles-ci et des dernières évolutions législatives."
De gauche à droite : Maurice Thoré, Laëticia Royant, Adrien Joret, Gil Chauveau,
Pierre Vidallet, Christina Ermiki et Kris Coenengrachts.
Après un bilan satisfaisant des orientations menées depuis trois ans, les prochains combats de la FFC vont l’engager vers l’exigence de plus de transparence et plus de cohérence des tarifs pratiqués par les opérateurs funéraires et les collectivités territoriales pour les concessions et la gestion des équipements cinéraires.
La nébuleuse des contrats obsèques comme l’inapplication des "devis-modèles", en contradiction avec la législation, ne seront pas oubliées, pour que les familles, toujours vulnérables au moment du deuil, ne soient plus trompées sur les prestations contractées. Comme depuis sa création, la FFC manifeste ici, une fois de plus, son engagement citoyen et désintéressé.
Le samedi 12 mai, le juriste Pierre-Louis Berte a voulu éclairer les présents par une conférence sur "L’aspect juridique des fichiers et la protection des données". Une table ronde organisée à la suite a permis un échange fructueux autour d’une autre des grandes préoccupations des crématistes grâce à une étude diligentée par les Services Funéraires de la Ville de Paris (SFVP) auprès de la société Verteego : "Impact écologique des modes funéraires". Cette table ronde a été animée par Gil Chauveau, journaliste de Crémation Magazine, et comprenait des participants de grande qualité : Pierre Vidallet, expert, co-fondateur de la Société des Crématoriums de France, Kris Coenegrachts, directeur des Crématoriums de l’Intercommunale de Westlede (Gand, Belgique), Christina Ermiki, philosophe, Laetitia Royant, co-auteure du livre "Funérailles écologiques", et Adrien Joret, directeur technique auprès des SFVP, qui a présenté et commenté l’étude.
De ce Congrès 2018, une motion d’orientation est venue réaffirmer le rôle de lanceur d’alerte de la FFC sur un certain nombre de points à défendre, à revendiquer ; pour en savoir plus, contactez-nous.
Motion d’orientation La FFC réunie en Congrès à Guéret le 12 mai 2018 rappelle les principes et valeurs qu’elle défend depuis son origine : la liberté, la laïcité, la dignité, et sa volonté de maintenir l’être humain au cœur de son action. Attachée à la liberté de disposer des cendres et à la liberté de chaque individu de choisir son mode de sépulture, la FFC veillera, grâce à son réseau associatif, à l’application des volontés du défunt, protégée par le Code pénal. De même, en l’absence de lois, l’action des associations crématistes locales a permis la mise en place de comités d’éthique, organismes consultatifs regroupant élus, professionnels et représentants des usagers. Leur développement doit se poursuivre sur les deux tiers restants des crématoriums existants. Consciente des conséquences de l’essor de la crémation, la FFC réclame avec force et vigueur une véritable transparence et cohérence dans les tarifs pratiqués tant par les opérateurs funéraires que par les collectivités territoriales dans les tarifs des concessions et la gestion des équipements cinéraires. Face à la disparité des prix et à la nébuleuse des contrats obsèques, mais aussi à l’inapplication des "devis-modèles" en contradiction avec la législation, elle demande aux pouvoirs publics une véritable intervention pour faire appliquer la loi. Pour que les familles vulnérables au moment du deuil ne soient plus induites en erreur sur les prestations contractées. La FFC continuera son action citoyenne et désintéressée auprès du CNOF pour faire mettre en place un guide des bonnes pratiques des espaces cinéraires et des cérémonies civiles sollicitées par nombre de citoyens. La FFC s’engage à rassembler toutes les volontés et actions qui permettront de protéger et défendre les intérêts de l’usager et non du client. De même, la FFC persiste à demander la prise en compte du verbe "crématiser" dans les dictionnaires de la langue française. |
Patrick Lançon
Vice-président de la FFC
Résonance n°141 - Juin 2018
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