Le passage de l’ouragan Irma à Saint-Martin et Saint-Barthélemy a laissé un pays en désolation et une population démunie face à la destruction à 95 % des îles.
Dominic Vernhes. |
Le Groupe Anubis, en support de sa filiale Inter Funeral Services SXM de l’île de Saint-Martin, était en alerte dès le dimanche 10 septembre, et notre équipe locale a fait le nécessaire pour protéger le complexe funéraire et les véhicules avant le passage de l’ouragan Irma prévu dans la nuit du 11 au 12 septembre. L’eau courante a été coupée 12 heures avant le passage, et les communications ont été interrompues dès le début. Les membres de notre équipe se sont confinés chacun à leur domicile avec leur famille.
Irma s’est abattu pendant huit heures avec des vents pointant à 360 km/h
Immédiatement après le passage d’Irma, notre équipe a été réquisitionnée par la Gendarmerie nationale pour partir à la recherche de victimes potentielles. Durant les premières heures, il était très difficile de circuler tellement les routes étaient recouvertes de tôles, d’arbres, d’animaux décédés, et/ou totalement inondées. Seuls les véhicules 4x4 des autorités étaient autorisés à circuler, mais leur progression a également été fortement ralentie par des pillages, qui ont débuté très rapidement. Il s’agissait de bandes de jeunes, pour certaines armées, qui pillaient tout sur le passage, villas et magasins. Face à un danger réel d’affrontement de la Gendarmerie avec ces pilleurs, les membres de notre équipe ont été équipés de gilets pare-balles.
Les premières victimes découvertes ont été transportées au complexe funéraire Inter Funeral Services SXM de Marigot au moyen des véhicules 4x4 de la Gendarmerie. Dès que la piste de l’aéroport de Grand-Case a pu être dégagée, les renforts envoyés par le Gouvernement français sont arrivés, dont une équipe de l’IRCGN (Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale).
L’IRCGN fait partie du Pôle judiciaire de la Gendarmerie nationale française aux côtés du Service central de renseignement criminel et de l’Observatoire des systèmes de transport intelligents, créé en 1987. C’est l’un des 6 laboratoires français de police scientifique aux côtés des 5 laboratoires de la Police nationale.
L’IRCGN a pris en main le commandement de recherche de victimes et de leur identification. 48 heures après le passage d’Irma, les communications étant toujours interrompues, notre manager, Gaël Bullet, a été équipé d’une radio TSF de l’IRCGN pour être joignable en permanence.
La recherche de victimes progressait lentement, car certaines parties de l’île de Saint-Martin étaient inaccessibles. Dès qu’une famille signalait la disparition d’un proche, une investigation était ouverte. La recherche de victimes a été également effectuée dans le port, où se trouvaient de nombreux bateaux, partiellement détruits ou coulés.
La recherche de victimes a été suspendue six jours après le passage d’Irma. À Saint-Martin, au total neuf décès suite à l’ouragan ont été officiellement recensés, et aucun à Saint-Barthélémy. La recherche d’identification n’a pu être réalisée en totalité à Saint-Martin, et les corps ont été ensuite transportés en container réfrigéré par bateau en Guadeloupe à l’institut médico-légal de Pointe-à-Pitre.
L'équipe IFS Saint-Martin, de gauche à droite : Marvem, Claude, Carine et Gaël.
Dominic Vernhes, CEO du Groupe Anubis, s’est rendu à Saint-Martin dès que cela a été possible. Dans un premier temps, il s’est positionné en Martinique pour rejoindre l’équipe Anubis West Indies à l’aéroport de Fort-de-France, où est installée la plate-forme d’assistance Anubis. Les liaisons aériennes vers Saint-Martin au départ de la Martinique et de la Guadeloupe ont été interrompues, et les compagnies aériennes desservant Saint-Martin et Saint-Barthélemy ont été réquisitionnées par les autorités pour évacuer les personnes désireuses de quitter ces îles.
Après quelques jours d’attente, Dominic Vernhes, avec le concours des autorités françaises, a pu rejoindre Saint-Martin avec un avion de la douane française. Du matériel de première nécessité et de la nourriture ont pu être acheminés. Huit jours après le passage d’Irma, le chaos était toujours visible. L’eau courante n’était toujours pas rétablie, l’électricité et la téléphonie mobile que très partiellement. Cependant, les secours extérieurs et la population locale s’activaient à déblayer et nettoyer les rues de jour comme de nuit.
Le complexe funéraire Inter Funeral Services SXM a subi quelques dommages, mais sans grande gravité. Le bâtiment de conception murs et toit en béton a bien résisté. La salle catastrophe d’une capacité de cinquante corps, les bureaux et le système de climatisation ont été constamment alimentés par un groupe électrogène. L’IRCGN a pu ainsi travailler dans des conditions correctes compte tenu de ces circonstances très exceptionnelles.
La saison cyclonique dans les Antilles s’étend du mois de juillet au mois de novembre chaque année. Le 19 septembre dernier, l’ouragan Maria a heureusement épargné Saint-Martin et Saint-Barthélémy, mais il a causé des dégâts et des victimes dans d’autres îles des Caraïbes, dont la Dominique, la Guadeloupe, Saint-Domingue, Haïti et Porto Rico.
Les services administratifs de Saint-Martin sont restés interrompus pendant un mois, et les inhumations ont repris le 9 octobre. Ceux de Saint-Barthélemy ont repris un fonctionnement normal après une semaine. Nous espérons tous une accalmie de ces phénomènes destructeurs afin de permettre une reconstruction rapide et solide de ces îles paradisiaques.
Dominic Vernhes,
CEO du Groupe Anubis
Résonance n°134 - Octobre 2017
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