C’est au Palais des Congrès de Béziers que se sont tenues, début septembre, les Rencontres nationales de l’UPFP (Union du Pôle Funéraire Public). Moments privilégiés d’exposés et d’échanges pour bâtir les stratégies du futur, ceux-ci furent riches de débats et d’idées pour de nouvelles actions.
Croque-mort… un métier vieux comme le monde, qui fut souvent pratiqué de façon artisanale, mais toujours avec discrétion. De nos jours, il est devenu opérateur de pompes funèbres, indépendant, adhérent d’un réseau ou appartenant à un grand groupe. Les obsèques sont quasiment devenues un produit de consommation courante, d’autant plus que la mortalité augmente de façon constante depuis dix ans (580 000 décès en 2016 en France, 750 000 en 2045 selon une projection de l’INSEE). Le nombre de contrats obsèques est passé de 2 millions en 2006 à 4 millions en 2014. La crémation est choisie par un tiers des familles.
Patrick Lerognon, président de l’UPFP, et Manuel Sauveplane, vice-président de l’UPFP.
En 25 ans, avec la fin du monopole des municipalités et l’ouverture aux sociétés privées, avec l’apparition des NTIC (Nouvelles Technologies d’Information et de Communication), d’Internet, de la numérisation des données, et cette liste n’est pas exhaustive, le monde du funéraire connaît donc de grands bouleversements, et il doit suivre encore aujourd’hui ces permanentes évolutions. Comment faire face à tous ces défis afin de remplir au mieux le rôle que doivent tenir les acteurs du funéraire auprès des familles endeuillées ?
Envisager ensemble la stratégie à adopter
Pour ce qui est du pôle public, c’était l’objet du congrès national de la Fédération des pompes funèbres publiques, présidée par Patrick Lerognon, accompagné notamment des deux vice-présidents, Jean-Marc Corgier et Manuel Sauveplane, qui a réuni plus de 110 professionnels, indépendants, en régie communale, en SEM (Société d’Économie Mixte), ou groupe émergeant des mutuelles de santé… Tous présents pour envisager ensemble les réponses et la stratégie à adopter face à ces mutations. Une responsabilité importante quand on sait que, contrairement aux idées reçues, 35 % des parts de marché sont encore détenues par des indépendants (dont 90 % de TPE d’un salarié) et 16 % par des opérateurs publics.
"Ce congrès est l’un des rares moments où l’on peut se rencontrer et développer des stratégies pour nous permettre de pérenniser nos actions. De grands groupes financiers intègrent maintenant cette activité, ainsi que des groupes mutualistes. L’acteur public a donc la nécessité d’être moderne et pertinent", expliqua Patrick Lerognon, avant d’ouvrir, en préambule, l’assemblée générale. L’assistance prit alors connaissance du bilan de l’année écoulée, avec notamment les rapports d’activité, de gestion et moral, présentation qui fut complétée par l’élection (pour remplacement) de deux administrateurs.
Patrick Lerognon, Manuel Sauveplane, la commissaire aux comptes
et Jean-Marc Corgier, vice-président de l’UPFP.
Durant la deuxième partie de cette première journée furent exposées (puis soumises au vote des membres présents) les orientations stratégiques qui vont guider l’UPFP pour les prochaines années. Comme pour de nombreuses institutions, les enjeux à relever se trouvent notamment sur les terrains de la numérisation, de la communication et d’Internet, média devenu incontournable. À ce sujet, les membres du bureau et du conseil d’administration envisagent la nécessaire refonte du site de la fédération.
Garder une dimension humaine
Patrick Lerognon rappela également que l’UPFP rassemble deux compétences, que sont la gestion des cimetières (service public administratif, compétence régalienne de la collectivité) et l’activité de pompes funèbres (placée, elle, dans le champ concurrentiel)… et qu’il est indispensable de les faire mieux connaître auprès du grand public.
"Les gens demandent de plus en plus de services, et moins de fournitures d’articles. Ils sont en quête de cérémonial, d’accompagnement. C’est là notre force, il y a une forte valeur humaine dans nos métiers de contact que ne peut fournir le Web. Mais il faut considérer aussi que les habitudes changent, et que les jeunes générations modifient leurs attitudes vers toujours plus de digital. Il nous faut donc être aussi capables de capter cette future clientèle avec Internet. Les internautes se dirigeront vers ceux qui ont une véritable stratégie de développement Web, avec des outils performants."
Des partenariats forts
Un autre sujet essentiel fut abordé lors de ce congrès. Celui-ci concerne la forte concurrence apparue ces dernières années avec la constitution de gros groupes privés dans le domaine du funéraire, modifiant la donne sur le plan économique. La question posée fut : Quelle est la bonne manière de réagir face à cela ? L’UPFP a apporté une réponse positive possible grâce au rapprochement effectué avec un autre grand groupe (mutualiste), La Maison des Obsèques, concrétisé par un accord-cadre. Cette dernière a été fondée fin 2015 par la MGEN, Harmonie Mutuelle et MUTAC.
"Nous nous sommes engagés avec la Maison des Obsèques car elle a une dimension humaine qui rejoint nos valeurs de services publics et d’accompagnement. Bien sûr, la fédération laisse ses adhérents libres de se rapprocher ou non de celle-ci et de choisir sous quelle forme le partenariat peut s’organiser", a indiqué Patrick Lerognon.
Olivier Descazeaux, directeur général de La Maison des obsèques, présent lors de ces rencontres, précisait : "La Maison des obsèques est née pour proposer aux 10 millions d’adhérents de ses mutuelles fondatrices, et à toutes les familles, l’accès à des obsèques dignes et respectueuses, partout en France. Le réseau se constitue essentiellement par l’acquisition d’opérateurs funéraires indépendants qui partagent nos valeurs et qui ont des pratiques irréprochables, dévoués aux familles. Nous voulons créer une marque avec une notoriété qui se construit pas à pas et une offre de tarifs uniques. Et qui s’implique dans l’amélioration des usages professionnels."
Richesse des contenus
La deuxième journée fut chargée et extrêmement riche de contenus, avec notamment la présentation de l’étude prospective XERFI intitulée "Quel funéraire pour demain ?". Cette enquête apporte différents éclairages sur les bouleversements actuels du marché, les mutations en cours dans le secteur funéraire, et décrypte la bataille concurrentielle telle qu’elle se présente aujourd’hui. L’exposition des chiffres, de la conjoncture, des facteurs d’évolution, de développement, de l’environnement de marché et de la situation (financière entre autres) des pompes funèbres amena de nombreuses questions et des discussions animées et constructives.
Suivirent des points d’information sur les travaux en cours du CNOF, sur la médiation à la consommation et la création d’une association paritaire en partenariat avec la CPFM (voir Résonance n° 130, page 17) – qui sera l’interface entre le médiateur, les professionnels et les consommateurs –, sur les formations UPFP et la nouvelle formation en contrat d’apprentissage dispensée par la Maison Familiale CFA La Louisière.
Cette dernière répond à la dénomination "Bac Pro Commerce en 1 an Spécialisé Opérateur Funéraire". Cette nouvelle formation élaborée en partenariat avec l’EFFA (École de Formation Funéraire les Alyscamps) a été structurée, conçue avec des professionnels du secteur, la CPFM (Confédération des Professionnels du Funéraire et de la Marbrerie) et l’UPFP (Union de Pôle Funéraire Public). Elle répond aux normes exigées par la réglementation en vigueur.
Les Rencontres nationales de l’UPFP à Béziers finirent notamment sur une intéressante discussion sur les enjeux de l’intercommunalité dans la gestion des cimetières et l’impact notamment de la loi NOTRe ; ainsi que par l’intervention d’un professionnel de la communication, qui dévoila un nouveau concept de diagnostic et de stratégies digitales dans l’objectif de développer l’impact de la fédération et les compétences de ses membres dans le numérique. Ce dernier point fera l’objet d’échanges lors des prochains conseils d’administration.
Gil Chauveau
Résonance n°134 - Octobre 2017
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