La nouvelle campagne promotionnelle de Tanexpo 2018 vient d’être lancée, avec la participation du salon transalpin aux deux premiers rendez-vous européens de la saison, Funermostra et Necroexpo (le premier grand événement mondial de 2017 avait été MIAMI FUNER en mars - prochaine édition en 2019), qui précèdent de peu la NFE (National Funeral Exhibition) de Stoneleigh, au Royaume-Uni.
Les choses ont été cette année plus simples que d’habitude, car, dans le passé, les dates se superposaient, créant ainsi de gros problèmes aux entreprises pour participer aux trois évènements. Les efforts faits par les organisateurs de Funermostra (Espagne) et de Necroexpo (Pologne) ont permis au salon funéraire italien d’assurer sa présence aux trois rendez-vous. Une deuxième édition de Funeral Expo, le jeune salon grec, à Salonique, avait lieu du 26 au 28 mai, dates identiques à Funermostra.
Il est évident qu’une meilleure coordination entre les organisateurs des différents évènements s’impose, même si souvent leurs choix sont dépendants du planning des centres d’exposition qui accueillent, comme à Valence et à Kielce, lieux de première importance dans les deux pays, plusieurs dizaines d’événements par an.
Tanexpo avait organisé, en son temps, à Bologne, une réunion entre les différents organisateurs dans le but d’harmoniser le calendrier, mais les discussions s’étaient vite compliquées devant la position du représentant du Royaume-Uni, David Hyde, à cette époque en charge (ce n’est plus le cas aujourd’hui) de la NFE, qui avec un "humour" typiquement "british" avait affirmé péremptoirement que, pour lui, toutes les dates étaient les bonnes, à condition que celles de son événement soient celles "de toujours".
Ce qui n’est pas sans rappeler la légendaire citation d’Henry Ford, mentionnée aussi dans la "bible" du "Marketing Management" de Philip Kotler, à savoir : "Le client peut choisir la couleur de sa voiture… pourvu que ce soit noir" ! Pourtant, jusqu’en 1914, la "Model T" était disponible en plusieurs teintes extérieures, mais Ford cherchait l’efficacité, et quand il s’est rendu compte que le séchage de la peinture était l’opération la plus longue du processus de production, il décida d’adopter uniquement la couleur qui sèche le plus vite : le noir. Pour la petite histoire, on rappellera que, grâce à la couleur noire et à la production à la chaîne, le temps de production d’un "Model T" est passé de 12,5 heures en 1913 à 1,5 heures 18 mois plus tard... Pas mal du tout en termes de productivité !
I - Funermostra 2017
Valence a accueilli exposants et visiteurs dans un climat quasi estival (le même se produira quelques jours plus tard en Pologne à Kielce), qui a permis à tous, non seulement de faire d’excellentes affaires, mais aussi de profiter d’une ville qui, en peu d’années, a changé radicalement d’aspect en se transformant de la grise et somnolente ville du début des années 90 en centre économique, culturel et architectural de premier ordre, tout en gardant une taille humaine et une qualité de vie enviable.
Tout cela grâce au dynamisme de Rita Barberá, décédée subitement à 68 ans en novembre 2016, qui a été maire de la ville de 1991 à 2015 et qui, avec son action volontaire et déterminée (l’organisation de l’America’s Cup et du GP de F1, qu’elle avait fortement appuyé, ont été deux moteurs essentiels dans la métamorphose de la ville) a créé les conditions qui ont amené à la brillante réalité actuelle la capitale de la Comunidad Valenciana, une des 17 régions (Comunidades Autónomas) qui constituent le pays.
Conférence annuelle FIAT-IFTA
Un effort particulier a été fait cette année pour accueillir dans les meilleures conditions les représentants des différents pays faisant partie de la FIAT-IFTA, qui a tenu durant Funermostra sa conférence annuelle. Autour de Teresa Saavedra, la présidente, tous les membres ont travaillé dans une ambiance constructive et amicale pour atteindre les objectifs de la gestion en cours qui a mis l’accent sur la nécessité d’harmoniser les lois nationales pour pallier la complexité des transports internationaux. Richard Feret, directeur général délégué de la CPFM (Confédération des Professionnels du Funéraire et de la Marbrerie), a participé aux différents travaux.
Le tout a été couronné par un dîner qui a eu lieu dans un endroit prestigieux et à l’architecture époustouflante, le Palais des Arts, avec, toutefois, un seul bémol : l’acoustique qui n’était pas des meilleures.
Équipements pour crématoriums
Le travail d’organisation de Beatriz Colom, efficacement secondée par Ernestina Lafarga, a été largement apprécié par tous les participants, qui n’ont pas lésiné sur leurs éloges. Les exposants (30 % de plus qu’en 2015) ont présenté leurs dernières créations, et encore une fois les équipements pour crématoriums étaient à l’honneur. En effet, à côté des leaders habituels comme Facultatieve Technologies, Atroesa, Gem Matthews, Kalfrisa et Vezzani (qui était présent aussi avec la gamme Ceabis), un nouvel arrivant espagnol, Proying, a proposé un matériel très intéressant, fruit d’une très longue et solide expérience dans le domaine des réfractaires. Également Orthométals, pour la récupération et le recyclage des métaux issus de la crémation.
Urnes et accessories
Les fabricants d’urnes ont présenté des nouveautés qui ont séduit les visiteurs. Nous pensons surtout à la gamme très variée d’Hygeco España, qui a célébré à cette occasion ses
25 ans d’existence. La Funeral Products de Peter Biemans a attiré également un nombre important de visiteurs, de même que les entreprises spécialisées dans la construction de cavurnes et de columbariums, comme Mifora, Columbarios Modulares et Folch. Une mention spéciale va à Amuela, une société italienne qui réalise une étonnante série d’urnes et d'accessoires, en incluant dans du Plexiglas des tissus nobles richement travaillés.
Tout les grands acteurs du monde funéraire ibérique étaient présents, à l’exception notable du groupe le plus important, Memora, dont l’absence a été particulièrement remarquée. De quoi alimenter les bruits concernant une possible cession de l’entreprise qui, malgré les démentis au plus haut niveau, existent toujours. D’autre part, nous vivons une période de grands et incessants changements dans tous les domaines, et le monde funéraire n’échappe pas à cette tendance, comme cela est confirmé par certaines mutations récentes dans le panorama funéraire français.
II – Necroexpo
Kielce est une paisible ville du Sud de la Pologne (sur la route de Cracovie à Varsovie) qui, avec Poznań, constitue les deux pôles-salons les plus importants du pays. Capitale du voïvodat (unité administrative correspondante à une région, il y en a 16 dans le pays) de Sviętokrzyskie (Sainte-Croix), elle accueille tous les deux ans Necroexpo, une des deux expositions funéraires polonaises (l’autre, "Mémento", se tient à Poznań les années paires).
Organisée par la PIP (Fédération Polonaise de Pompes Funèbres, dont le président Witold Skrzydlewski était présent à Valence) dans le très beau et fonctionnel centre d’expositions de la ville, elle s’est déroulée pour la septième fois cette année. La taille, le nombre d’exposants (une centaine) et celui des visiteurs sont très semblables à ceux de Funermostra. C’est le seul point en commun, car, pour le reste, il y a des différences substantielles.
Alors que l’Espagne est un mosaïque de peuples, langues et cultures (les Castillans, les Andalous, les Basques, les Catalans, etc.), la Pologne est un pays très homogène, avec une tradition funéraire plutôt uniforme et fortement conditionnée par l’impact de l’omniprésente Église catholique, dont l’influence sur tous les aspects (avortement, divorce, travail dominical, crémation...) de la vie quotidienne des Polonais est incontestable.
L’histoire aussi a été profondément différente, car si l’Espagne a subi, après la tragique guerre civile de 1936, la dictature franquiste qui a régit le pays pendant presque une trentaine d’années (en lui épargnant toutefois les affres du conflit 1939-45), la Pologne, depuis toujours terre de conquête et de passage largement favorisée par la géographie du pays, a vécu pendant 45 ans sous une autre dictature dévastatrice : celle du parti unique dirigé en définitive par Moscou, qui a réduit la généreuse Pologne à un pays gris, triste et soumis, malgré les tentatives cycliques du fier peuple polonais (un peu les "latins" d’Europe centrale) de se libérer du joug totalitaire.
Ceux qui ont connu "l’avant" et "l’après" peuvent en témoigner, en observant comment en peu d’années la Pologne a changé pour devenir un des membres les plus dynamiques de l’Union européenne, dans laquelle elle joue un rôle de première importance avec une économie qui, mieux que celle des autres pays, a négocié les bouleversements de 2008 et qui est bien armée pour faire face aux défis du futur.
Avant que les actuels salons funéraires naissent, un autre avait eu lieu, pendant quelques années, dans la deuxième partie des années 90, dans le cadre sinistre de la "Hala Ludowa" (une sorte de Bercy "ante litteram") de Wroclaw (Breslau, bien connue par le Traité de 1742 entre Frédéric II de Prusse et Marie-Thérèse d’Autriche mettant fin, avec la cession de presque toute la Silésie à la Prusse, à la première "guerre de Silésie").
Le souvenir cafardeux du premier salon funéraire polonais est indélébile, et évoque la grisaille de la vie dans le "paradis socialiste", qui se transmettait aussi à la profession concernée. Tout était noir. Les cercueils aux formes improbables et fabriqués de façon plus que sommaire, les vieilles charrettes brinquebalantes faisant office de corbillards, les urnes, noires elles aussi, et ainsi de suite. Seule note de couleur, les bougies (les Polonais en sont particulièrement friands, car ce symbole de la lumière-vie qui continue au-delà de la mort est fortement vécu) qui, blanches ou rouges (étrange coïncidence avec le drapeau polonais aux mêmes couleurs), rendaient moins lugubre l’ensemble.
- Quelle différence avec ce qui nous est offert aujourd’hui !
Des cercueils bien finis, des gammes variées (Sadowski, Rubicon&Vicinus...), des accessoires de qualité dans des matériaux choisis et avec une recherche en termes de design, des corbillards on ne peut plus actuels (Pilato, le constructeur italien, a présenté sept Jaguar neuves qui, le salon terminé, ont pris directement le chemin des acheteurs polonais), des équipements de première qualité (Hygeco Polska, Rezon, etc.), sans oublier les services de toutes sortes proposés aux entreprises et aux cimetières.
Un chapitre à part pour les fours de crémation. Ici aussi presque tous les grands acteurs étaient au rendez-vous : le francais ATI, GEM Metthews, IFZW de Zwickau en Allemagne avec ses matériels de grande qualité (et prix) et l’espagnol Kalfrisa qui a équipé 40 % du marché polonais. Marché qui, après la levée de l’interdiction de la part de l’Église (qui par ailleurs continue de s’opposer à la dispersion), a atteint 15 % des décès, et est, comme partout ailleurs, en augmentation constante. Aujourd’hui, on compte en Pologne une cinquantaine de crématoriums, dont seulement cinq publics. La privatisation de l’activité funéraire à porté ses fruits à tous les niveaux, et le futur est très prometteur.
Quand on pense au monopole total de l’État d’il y a peu de temps, lorsque dans la capitale il y avait cinq entreprises, toutes municipales, contre les deux cents d’aujourd’hui, on mesure le chemin parcouru, et on se dit que la liberté d’entreprendre est bien le premier moteur pour la croissance d’un pays, si elle est capable d’éviter les effets néfastes qu’une "liberté" indisciplinée peut produire. De ces temps gris, ensevelis par une bureaucratie, triste, obscure et inefficace, il reste un seul côté positif : la participation financière de l’État aux frais d’obsèques de tous ses citoyens.
Cette aide se montait jusqu’en 2011 à 6 000 zlotys (1 500 € - 1 € = 4 Zl) et permettait aux familles de faire face presque intégralement aux frais engagés. Aujourd’hui, elle est de "seulement" 4 000 Zl (1 000 €), mais la ministre Elzbieta Rafalska, chargée de ces problèmes, souhaite revenir aux valeurs d’avant 2011, d’autant plus que, avec la qualité des produits, les prix aussi ont subi une hausse. Le prix moyen des obsèques est de 2 000 €, auxquels il convient d’ajouter 600/700 € pour les frais de cimetière. Le salaire moyen se situe autour des 800/900 € par mois. Les calculs sont vite faits, et il est certain que le fait de revenir aux anciennes indemnités aurait des retombées très positives pour les opérateurs du secteur.
À signaler, enfin, la parfaite organisation de l’événement par la "Targi Kielce", la foire de Kielce, réalisée par le couple Marcin Musial et Marcin Paszkowski, qui depuis le tout début suivent et développent Necroexpo. En suivant, tout comme Funermostra, l’exemple de Tanexpo, les responsables ont organisé un superbe banquet de clôture pour 300 invités (le même nombre qu’à Valence) qui la veille avaient répondu à une autre invitation, de la PIP cette fois, pour un somptueux barbecue.
Indépendamment du plaisir de l’invitation, que d’autres organisateurs ne proposent pas, ces moments de détente et de convivialité entre fournisseurs et clients ne font que consolider les liens entre les différents acteurs du secteur. Il convient de le souligner, car depuis que le monde existe, et le commerce avec lui, règne une saine concurrence qui est profitable pour tous, d’une part le marché a tendance à s’élargir et d’autre part elle stimule la recherche visant à améliorer et à rendre plus attrayants les produits.
On peut, en conclusion, positivement affirmer que tant en Espagne qu’en Pologne les organisateurs suivent le bon chemin porteur d’un futur meilleur.
Pietro Innocenti
Résonance n°131 - Juin 2017
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