Dix ans après la mise en service du crématorium de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), le funéraire public francilien a fêté le 20 avril dernier cet équipement qui se veut modèle, bilan à l’appui. Initié par le Syndicat Intercommunal FUnéraire de la RÉgion Parisienne (SIFUREP), sa gestion est déléguée aux Services Funéraires de la Ville de Paris.
François Michaud-Nérard lors de son allocution. |
"Nous avons voulu bâtir ici un équipement exemplaire, loin d’un bâtiment industriel. Nous l’avons réfléchi autour du concept de cérémonie. Aujourd’hui, il est entretenu, il se tient bien, il est apprécié des familles." Directeur général des Services Funéraires de la Ville de Paris (SFVP), François Michaud-Nérard est venu le 20 avril dernier dire tout le bien qu’il pensait du crématorium de Champigny-sur-Marne, en banlieue sud-est de la capitale. Un des cinq crématoriums du SIFUREP, avec les établissements de Nanterre, Clamart, Arcueil et Montfermeil.
Au pupitre, sous la voûte de la salle de l’Arche, il a rappelé combien cette décennie se confondait avec la rapide progression de la crémation, phénomène sociétal autrefois marginal ayant connu une particulière accélération entre 2008 et 2015. En dix ans, la croissance du phénomène a été de 56 % en France, et la tendance devrait se poursuivre. Malgré tout, l’Île-de-France affiche encore un taux de crémation à 37 %, explique le directeur général.
Nécessité d’un schéma régional des crématoriums
"Nous nous sommes développés très rapidement, passant de 450 crémations en 2007 à 1 500 en 2013." Et même si depuis trois ans l’activité de Champigny s’est un peu ralentie à 1 300, deux crématoriums (Saint-Soupplets et Mareuil-lès-Meaux) ayant ouvert dans sa zone d’influence, la dynamique reprend. Ce qui repose la question de l’élaboration d’un schéma régional des crématoriums, cheval de bataille du SIFUREP.
Vice-président du syndicat, également présent le 20 avril dernier aux côtés de la conseillère de Paris Marinette Bache, Christian Fautre a enfoncé le clou : "On ne peut reprocher aux élus de vouloir offrir des équipements à leurs concitoyens qui choisissent la crémation. Mais cette multiplication de crématoriums peut remettre en cause l’équilibre économique de ceux qui fonctionnent déjà, et particulièrement ceux du secteur public. Nous continuerons à réclamer un tel schéma régional."
Aussi maire par intérim de Champigny-sur-Marne, Christian Fautre a répété sa satisfaction de disposer de ce "service public de qualité, qui porte une grande attention aux familles au travers des cérémonies d’adieu (majoritairement laïques) qui y sont organisées". C’est ainsi que le crématorium est certifié ISO 9001 (satisfaction des usagers), ISO 14001 (environnement, une préoccupation des familles), et dispose du label "Égalité femme-homme".
Depuis 2005 et la délégation, le contrat initial a évolué, s’adaptant aux besoins du moment. Sept avenants ont été conclus, a-t-il été rappelé. Le troisième (2011) a introduit la possibilité de cérémonies personnalisées, devenues l’une des marques de fabrique de la SEM funéraire parisienne. Le quatrième a précisé les conditions de la récupération des métaux issus de la crémation. Le produit de leur valorisation est versé à une fondation créée par les services parisiens.
Une filtration des rejets encore plus drastique
C’est en 2013 qu’est intervenu le cinquième avenant, le gros dossier de la décennie, celui de la filtration des déchets et de la mise aux normes 2018. L’échéance a finalement été appliquée de façon anticipée par l’exploitant, dès 2015. Un dossier à 928 000 € (remodelage des bâtiments compris) dans une démarche haute qualité environnementale menée avec la société ATI, et qui voit les services funéraires parisiens s’engager à respecter des rejets encore plus drastiques que les limites autorisées. Un engagement depuis lors confirmé par les mesures réalisées.
Le plus…
Pour la première fois en France, ATI a installé à Champigny-sur-Marne un système de récupération de la chaleur des deux fours permettant de réchauffer l’air de combustion. L’objectif (atteint) était de réaliser au moins 20 % d’économie de gaz. Dans cette histoire décennale, la prise en compte des cercueils en carton est intervenue l’an passé. La question de la destination des cendres a aussi constitué une constante préoccupation.
L’espace cinéraire bordant le crématorium a progressivement été étendu et diversifié. "Nous avons en effet travaillé sur le Jardin du souvenir, explique François Michaud-Nérard. Nous disposons à côté du crématorium de cavurnes (maintenant saturées) et de cases de columbarium fermées ou grillagées en fer forgé. Dans ces dernières, on voit les urnes. Les familles peuvent venir glisser une fleur ou une photo, et organiser la case comme un autel."
Au fond du cimetière de Cœuilly, cet espace cinéraire a pu être étendu au fil des ans. Il compte également aujourd’hui des stèles où y sceller des plaques, et une vaste pelouse de dispersion des cendres plantée d’arbres à la floraison rose et blanche, bordée d’une bande en bois où fixer des plaques nominatives pour repérer l’endroit de la dispersion. Enfin, a poursuivi le directeur général des SFVP, la mémoire des défunts peut s’exprimer au travers d’un espace fleuri, "le rosier du souvenir". Des massifs plantés d’arbustes à la floraison rose et rouge au pied desquels les cendres sont inhumées. Là encore, une plaque nominative est posée au pied du rosier choisi.
Olivier Pelladeau
Résonance n°130 - Mai 2017
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