Le pari était risqué, mais finalement, le travail acharné et professionnel de toute une équipe opérant des deux côtés de l’Atlantique a porté ses fruits, récompensant ainsi les efforts produits par celle-ci tout au long des presque deux années de préparation.
On dit volontiers que la chance sourit aux audacieux, mais la chance ne vient pas toute seule. Il faut aller la chercher avec la farouche détermination des organisateurs qui, malgré le scepticisme voire l’hostilité de certains, ont su avoir raison de tous les obstacles rencontrés en cours de route, les gratifiant d’une satisfaction incontestablement méritée pour le travail bien accompli.
Certes, tout n’est pas encore parfait, car le fait d’évoluer dans un milieu totalement différent, sur le plan conceptuel et des coutumes et normes de travail, par rapport aux réalités opérationnelles de notre continent, a déterminé des erreurs de détails qui, c’est le plus important, ont été identifiées. Forte de cette utile et indispensable expérience, acquise sur le terrain, l’organisation pourra ainsi aborder la mise en chantier de la prochaine édition dans les meilleures conditions pour assurer la croissance d’un événement destiné à alterner, les années impaires, avec TANEXPO, qui ouvrira ses portes à Bologne du 5 au 7 avril 2018.
La conception de MIAMI FUNER correspond à celui habituel d’outre-Atlantique. Une large place a été accordée aux conférences et aux workshops (17 au total), qui ont attiré l’attention des visiteurs en provenance de 31 pays, qui ont pu profiter de l’expérience des nombreux intervenants qualifiés choisis parmi les figures les plus représentatives de la profession dans les Amériques, par exemple le très connu Vernon Fountain, qui a enthousiasmé l’auditoire avec son intervention sur la thanatopraxie et la reconstruction. Au point que plusieurs participants européens se sont inscrits aux formations qu’il organise au sein de son Académie.
Une centaines de participants auront profité de l’opportunité unique de mettre à jour leurs connaissances en écoutant les orateurs en provenance de différents pays : USA, Argentine, Colombie, Équateur, Brésil, Mexique, Chili, etc. En effet, 80 % des conférences se sont tenues en espagnol, avec le support d’une équipe de traducteurs simultanés qui ont contribué de façon déterminante au succès de la manifestation. Pourcentage qui correspond d’ailleurs à la nature des visiteurs, parmi lesquels les plus gros opérateurs d’Amérique centrale (y compris des Antilles françaises et d’Haïti) et d’Amérique du Sud, en parfaite harmonie avec le "target" des organisateurs, qui était précisément celui de rapprocher les fabricants européens des marchés de cette région du globe.
Région qui, il ne faut pas l’oublier, est liée à l’Europe pour des raisons historiques et religieuses, et qui dispose d’un pouvoir d’achat croissant. Sans évoquer la souhaitable diminution, voire disparition, des barrières douanières, qui constituent, surtout pour les PME, un obstacle parfois infranchissable aux échanges avec ces pays.
Les choses semblent bouger dans le bon sens, s’il est vrai que l’Argentine va, grâce à la détermination de son nouveau Président, l’Italo-Argentin Macrì (n’oublions pas qu’un bon tiers des Argentins sont originaires de la péninsule), ouvrir ses frontières et en même temps les marchés du Mercosur, la zone de libre échange comprenant aussi le Brésil, l’Uruguay, le Paraguay, le Venezuela (fortement handicapé par le pouvoir du successeur de Chavez, Maduro) et qui a des accords privilégiés avec les pays du Pacte Andin (Colombie, Équateur, Pérou, Chili, Bolivie).
Un point important a été l’omniprésente Luk-Media russe, ainsi que l’intervention de "Discovery Channel" qui a tourné pendant les trois jours autour du constructeur mexicain de corbillards Martin Vaca.
Côté exposants, provenant d’une vingtaine de pays (l’Europe a été présente avec : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, la France, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, la Suisse), la satisfaction était au rendez-vous, comme il ressort de l’enquête menée à la fin du salon. Bien évidemment, le nombre de ceux-ci n’avait rien de comparable avec TANEXPO, tout comme le nombre de visiteurs, même si, pour ce qui est de ces derniers, toute la "crème" latino-américaine de la profession (1 000 entreprises, sur les 1 100 présentes !) était au rendez-vous.
La presque totalité, à deux exceptions près, a reconnu avoir eu de nombreux contacts (c’est le cas de Memory Forever, l’entreprise française qui a lancé un produit innovant et fort intéressant s’adressant aux nombreuses personnes qui, pour des raisons d’éloignement géographique ou de difficultés physiques, ne peuvent pas entretenir les tombes de leurs défunts), avoir trouvé des distributeurs, avoir vendu partiellement, comme Vezzani, les produits exposés (en l’occurrence des chambres froides et des chariots élévateurs revolutionnaires) et, cas extrême, celui du fabricant italien de cercueils haut de gamme Prima Bottega, avoir trouvé des acheteurs pour tous les produits proposés. À savoir 6 cercueils et la totalité des 28 urnes exposées, avec le regret de ne pas avoir amené davantage de matériel, qui aurait sans doute été vendu, et qui de toute façon le sera à l’occasion de futures commandes.
D’autant plus qu’une logistique parfaitement entraînée a facilité d’une manière déterminante la commercialisation des marchandises. C’est bien là une des raisons qui sont à l’origine du choix de Miami à côté du fait que l’espagnol est la langue dominante, que l’accès y est facile et que la destination est attractive, ce qui est démontré par le fait que de nombreux exposants et visiteurs ont prolongé leur séjour pour profiter de la mer et du soleil de Floride.
Du reste, Ang Ziquian et Naseem Khan, respectivement présidents de Flying Home de Singapore et de Love Urns des USA, les sponsors de MIAMI FUNER, confirment le succès de la manifestation et en même temps que leur développement correspond aux tendances porteuses du secteur funéraire d’aujourd’hui : les transports internationaux, toujours plus nombreux dans un monde globalisé, et la crémation en progression constante partout.
Quelle satisfaction pour les organisateurs que de voir les produits des exposants emballés avec les étiquettes des différentes destinations : Porto Rico, Colombie, Brésil, Équateur, Mexique, Chili, Texas... Ils sont la mesure concrète et quantifiable d’avoir travaillé pour quelque chose.
Le climat jovial et fraternel qui a marqué le baptême de MIAMI FUNER s’est exprimé pleinement à l’occasion d’un cocktail agrémenté par les prestations de groupes musicaux et de danseurs brésiliens, colombiens et, bien sûr, des "mariachis" mexicains. Le consensus qui s’est créé autour de cet événement, qui ouvre des nouvelles perspectives de communication dans le monde funéraire, aura des retombées à différents niveaux.
Si, d’une part, la presque totalité des participants a annoncé sa volonté de revenir, d’autre part, plusieurs entreprises qui, frileuses, avaient décidé, pour une première édition, de "faire un tour pour voir", ont exprimé leur détermination d’être présentes à la prochaine exposition. Par ailleurs, un courant de synergies très fort s’est créé avec TANEXPO, avec le résultat que, l’année prochaine à Bologne, il y aura un nombre encore plus important de visiteurs en provenance d’Amérique latine, avec à la clé des opportunités d’affaires accrues pour les exposants.
En même temps, des entreprises productrices de cette partie du globe se rendront en Italie pour y exposer leurs produits. Le meilleur est encore à venir : des affaires toujours plus grandes dans un monde toujours plus petit. Petit bébé deviendra grand...
Piétro Innocenti
Résonance n°129 - Avril 2017
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