Plus qu’une rénovation, c’est une refonte. Après trois ans de travaux, le crématorium public de Bordeaux Métropole, situé au cœur du parc funéraire de Pessac-Mérignac, a été inauguré le 9 février dernier en présence de nombreuses personnalités. Le bâtiment, de haute qualité environnementale, mise sur un outil de dernière génération et une qualité d’accueil améliorée.
Clairière du souvenir. |
Décédé en 2010, Yves Ricaud en aurait été ravi. Le crématorium public de Pessac-Mérignac (Gironde) a désormais fait peau neuve et s’est modernisé. En 1982, aux côtés d’élus locaux, le président des crématistes locaux (1978-1993) en avait posé la première pierre. Fixée sur un pilier de l’édifice à arcades, près de l’entrée, une plaque à sa mémoire a été dévoilée le 9 février. Elle rappelle le rôle essentiel tenu dans l’émergence de la crémation en France par celui qui a également dirigé la Fédération Française de Crémation (1983-1991).
Trois années de travaux auront été nécessaires pour repenser cet établissement, l’un des deux de l’agglomération bordelaise (avec celui de Montussan), niché au sein d’un parc-cimetière de 60 ha. Et 5,2 millions d’euros utilisés à mettre l’équipement technique aux normes, mais aussi à améliorer l’accueil du public.
Une consommation énergétique réduite
Désormais certifié ISO 9001, le crématorium (qui n’a jamais fermé pendant le chantier) a vu construire en 2014 une extension dans le but d’accueillir la zone technique, ses quatre fours ATI (dont deux XXL) et leur filtration aux normes 2018. Jusqu’ici, tout se passait au sein d’un même bâtiment, avec des bruits difficilement supportables pour les familles, aux dires de Janine Techeney, actuelle présidente des crématistes de Gironde.
À la faveur de la modernisation, un objectif a été fixé de diviser par deux la consommation énergétique du bâtiment (isolation des murs, de la toiture, du vitrage), et de 20 % celle des équipements de crémation. Par ailleurs, la chaleur est désormais récupérée sur le traitement des fumées pour chauffer les lieux.
La place gagnée par ce déménagement des installations a permis une rénovation des espaces visant un meilleur confort. Peu fonctionnelle, la petite salle de cérémonie a vu sa capacité portée de 40 à 100 personnes. La grande salle, elle, peut accueillir dorénavant 200 personnes, derrière de larges baies de lumière donnant sur un patio. Le mobilier et l’éclairage ont été repensés, de même que l’accès des usagers à mobilité réduite.
Les deux salles disposent par ailleurs d’une sonorisation, d’un dispositif de mise à la flamme pour les familles qui le demandent, de salons d’attente, d’un lieu où se restaurer.
Salle de cérémonies.
Douze crémations par jour
Ici, il a été procédé à 2 251 crémations en 2014. La capacité devrait être portée à 3 260 l’an, soit 12 quotidiennes. Mais pas davantage, explique-t-on à l’Agglomération, de façon à laisser suffisamment de temps aux familles entre deux cérémonies, et de maintenir de bonnes conditions de travail pour le personnel.
Selon la Métropole, 40 000 usagers se rendent aujourd’hui au crématorium chaque année. "Avec ces travaux, les temps d’attente vont pouvoir se réduire", souligne Janine Techeney.
Modernisation signifie également innovation. Car un système très particulier de manutention des cercueils a été initié, plus aisé, qui s’appuie sur des chariots électriques semi-autonomes silencieux pilotés par l’opérateur de crémation. Ils déplacent les défunts depuis leur arrivée dans les lieux jusqu’aux salles de cérémonie. Puis ils les ramènent jusque devant le four sélectionné. L’introduction se fait automatiquement.
L’originalité du complexe funéraire de Pessac-Mérignac réside aussi dans son grand parc paysager (qui a son alter ego sur la rive droite de la Garonne). La Communauté urbaine y a tracé des allées, y a aménagé des espaces permettant à un maître de cérémonie attaché au crématorium de disperser les cendres dans une "Clairière du souvenir", mais aussi des caveaux préconstruits, des columbariums et des cavurnes, dans un cadre propice au recueillement et à l’apaisement.
Olivier Pelladeau
Résonance n°128 - Mars 2017
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