Suite à la publication d’un dossier de presse à l’occasion de la Toussaint, notre attention s’est portée sur l’engagement éco-responsable d’OGF. Un sujet sur lequel le Groupe est toujours resté discret. Rencontre avec Jean Ruellan, directeur du marketing et de la communication.
Jean Ruellan, directeur du marketing et de la communication du Groupe OGF. |
Résonance : OGF est le premier producteur français de cercueils en bois massif. Chaque année, ses deux usines de Jussey et Reyrieux produisent 136 000 cercueils grâce au savoir-faire de 200 collaborateurs. Pourquoi et comment le Groupe a-t-il évolué vers une industrie éco-responsable ?
Jean Ruellan : OGF dispose d’un outil industriel français à la pointe, d’un point de vue technologique, mais aussi environnemental. Nos efforts ont avant tout porté sur la consommation énergétique. Il fallait innover et changer notre approche pour être plus vertueux et plus performants. Nous sommes partis de ce principe de base : tout déchet non valorisé sur le site de production génère des nuisances et des coûts de traitement.
À l’usine de Jussey, qui assure l’intégralité de la transformation de la grume au produit fini, les déchets de bois représentent 40 % du volume de bois brut. L’investissement dans trois chaudières haute technologie fonctionnant au bois nous a permis non seulement de faire de ces déchets une ressource, mais surtout de donner à l’usine une totale autonomie énergétique. Nous avons mis un terme à la dépendance aux énergies fossiles, polluantes et de plus en plus coûteuses. Ces chaudières alimentent le réseau thermique de l’installation destiné au séchage du bois, au chauffage des bâtiments et au fonctionnement d’autres équipements énergivores. Une autre partie des déchets de bois est transformée en plaquettes ou en sciure, et revendue pour un second cycle de vie. Autre bénéfice qui profite à tout le monde : un impact carbone proche de zéro, puisque les rejets de CO2 générés par l’utilisation du fuel ont été supprimés. Et nous avons également systématisé l’utilisation de teintes sans solvant et de colles biodégradables.
Pour nous, cet exemple démontre clairement que l’écologie est un levier de performance économique. Bien pensé, c’est un système gagnant-gagnant qui diminue nettement les coûts d’exploitation et crée de la fierté au sein de nos équipes.
R : L’approvisionnement en bois est un autre point fondamental dans une démarche respectueuse de l’environnement. Quelle est la politique du Groupe OGF en la matière ?
JR : OGF a fait le choix de ne s’approvisionner qu’auprès de fournisseurs qui gèrent la forêt de manière responsable et qui sont éco-certifiés PEFC(1). On entend souvent dire que le bois est une ressource renouvelable. Ce qui est vrai. Mais il ne faut pas oublier qu’un arbre a besoin de 30 ans en moyenne pour devenir exploitable. Cette ressource n’est donc renouvelable que si l’exploitant investit pour replanter et produire la forêt de demain. Cette anticipation de l’avenir motive également la Fondation PFG à soutenir des projets de reboisement.
Ce bois géré durablement est forcément plus cher à l’achat qu’un autre issu de la déforestation. Mais il faut raisonner à long terme : une entreprise qui vit de la destruction d’une ressource vitale à son industrie et utile à la régulation du climat manque cruellement de vision et de sens des responsabilités.
R : Vous participez donc à soutenir une exploitation forestière durable, mais également nationale ?
JR : Tout à fait. Nos essences de bois proviennent à 99 % de massifs forestiers français. Nos deux usines sont placées dans le Jura et dans l’Ain, à proximité de ces massifs, ce qui a permis de mettre en place une filière courte et de réduire nos besoins logistiques. Là encore, c’est un cercle vertueux : moins de coût de transport pour l’entreprise, moins de camions sur les routes, moins de pollution, et le maintien de tout un système économique local.
R : Est-ce que cette démarche responsable se limite à l’industrie ?
JR : Non. Nous portons avec la même conviction une politique d’achats responsables et nous veillons attentivement à ce que nos fournisseurs respectent une charte éthique. Nous avons investi dans un parc de véhicules plus propres, qui nous a permis de diminuer de 30 % nos émissions de CO2 depuis 2008. OGF a également développé le Safebalm, un biocide exempt de formol, cette substance reconnue cancérogène par l’OMS(2). Ce produit, qui n’a pas d’équivalent dans le monde, fournit à la profession une alternative innovante en termes de santé publique et de protection de l’environnement. Pour finir, toutes les lignes de filtration des rejets atmosphériques de nos crématoriums seront remplacées avant 2018 pour être en conformité avec la nouvelle réglementation. Voilà pour les initiatives les plus marquantes…
R : Par rapport à d’autres, le Groupe OGF communique peu sur sa démarche environnementale, pourquoi ?
JR : Nous avons été discrets sur notre démarche environnementale pendant longtemps, c’est vrai. Certains communiquent beaucoup sur le peu qu’ils font ; nous avons fait beaucoup sans trop communiquer. À tort, sans doute, car les consommateurs, les collectivités et nos confrères qui achètent les modèles de notre gamme M2F(3) sont de plus en plus attentifs à l’environnement et à la responsabilité sociétale des entreprises. En parler, c’est aussi participer à changer les pratiques et les mentalités.
Steve La Richarderie
Nota :
(1) La certification PEFC définit des règles de gestion durable de la forêt (Program for the Endorsement of Forest Certification schemes).
(2) Organisation mondiale de la santé. En 2004, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), qui dépend de l’OMS, classe le formaldéhyde dans les substances cancérogènes pour l’homme.
(3) OGF produit environ 20 000 cercueils de plus que ses besoins. M2F commercialise cette gamme spécifique.
Résonance n°126 - Janvier 2017
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