Le réformateur Jean Calvin, les écrivains Robert Musil et Jorge Luis Borges, des artistes, des scientifiques, des politiques : le cimetière des Rois, à Genève, et ses 300 tombes valent le détour touristique. Pour ses 150 ans, le service des pompes funèbres, cimetières et crématoire de la cité suisse (et la fondation Dart) y installe jusqu’au 30 novembre une exposition de plein air plutôt originale.
Baptisée “Open end“, elle accueille les œuvres de 16 d’artistes contemporains, méditation sur la vie, la mort, le deuil, le souvenir. Une manière aussi de ramener du public dans un lieu urbain que les promeneurs désertent un peu. Visiter ses morts ne fait plus recette là-bas non plus.
Dans ce cimetière-parc, on y trouve donc exposé par exemple le “Tombeau des secrets“, concession enregistrée pour vingt ans, simple pierre tombale fendue en son milieu pour y recevoir les secrets des visiteurs. On y revisite les classiques du funéraire : le bouquet de fleur, la croix, le gisant (un artiste a réalisé son autoportrait couché dans un sac de couchage), le travail du marbre, et même l’art de l’épitaphe. La sculpture de l’artiste Gianni Motti arbore notamment les derniers mots de Groucho Marx : « Je vous avait dit que je n’allais pas très bien ». Sa consœur Sylvie Fleury a imaginé, elle, un rétroviseur géant en forme de pierre tombale. Histoire de mesurer le chemin de vie parcouru. Vincent du Bois, pour sa part, a revisité “La main de Dieu“ de Rodin, passée à la moulinette numérique.
Et si vous passez par Genève le vendredi 30 septembre, allez donc écouter la conférence de Bernard Crettaz, sociologue des rites funéraires, qui prolonge l’exposition du cimetière. C’est au Musée d’ethnographie (18h).
Olivier Pelladeau
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