Nous vivons, et finalement c’est heureux car cela tend à démontrer que la société française change plus amplement qu’on ne le dit, une époque de fortes mutations où, sous l’influence des nouvelles technologies et des moyens de communication décuplés, ce qui était vrai un jour devient totalement obsolète le lendemain.
Philippe Gentil, associé du Groupe FUNECAP - DGA stratégie et développement. |
Ceci est naturellement extrêmement perturbant pour notre nature humaine, au surcroît française, assise sur des certitudes et des conservatismes qui interdisent normalement toute volonté de changement, et où remettre en question des pratiques d’après-guerre constitue un crime de lèse-majesté.
Nous sommes en train de le vérifier avec les projets de réforme de droit du travail proposés par un gouvernement qui, après plus de trois années d’amateurisme, veut révolutionner nos modes de fonctionnement sociaux comme aucun n’a osé le faire en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Mieux vaut tard que jamais, me direz-vous, mais compte tenu de la faiblesse du pouvoir politique actuel, il est possible que toutes ces propositions de réformes soient abandonnées au moment où vous lirez ces lignes, tant elles provoquent le déchainement des partenaires sociaux, à l’exclusion du patronat (et encore !). Pourtant, elles contribueraient certainement à provoquer l’électrochoc nécessaire pour relancer définitivement l’économie de notre beau pays.
Notre problème, et nous le savons bien, c’est que la majorité des citoyens français ont fait l’objet d’une "surprotection" de l’État depuis très longtemps et que la difficulté que beaucoup d’entre nous ressentent est la remise en question de ce que nous considérons comme des acquis, tout en pensant que les autres ont des privilèges ! Pas simple de réformer dans ces conditions dans un pays comme le nôtre…
Sur un plan personnel, je ne vais guère me montrer plus ouvert que ceux que je décris précédemment en abordant le thème du projet de réforme qui concerne notre profession, et qui, s’il part d’une idée plutôt libérale, comme je les affectionne souvent, me fait craindre de dangereuses dérives pour les professionnels français.
Il se dit, dans les milieux bien renseignés, que le ministère de l’Économie (E. Macron) réfléchirait à la production d’une ordonnance permettant à des entreprises appartenant à l’Union européenne de venir "vendre" des prestations funéraires, a priori sans habilitation sur le territoire national. Ceci est à prendre au conditionnel, mais, comme dit l’adage : il n’y a pas de fumée sans feu…
Même si j’ai tendance à penser que le ministre de l’Économie a compris beaucoup de choses avant tout le monde, il faut tout de même souligner que cette mesure, si elle était appliquée, créerait à mes yeux des distorsions de concurrence importantes entre tous les opérateurs de l’UE, mettant l’ensemble des entreprises françaises du secteur funéraire en difficulté par rapport à leurs consœurs européennes.
En effet, pourquoi, si telle mesure devait entrer en vigueur, garder une réglementation aussi stricte pour nos entreprises alors même que nos voisines européennes en seraient "absoutes" ?
Ainsi, nous avons, avec beaucoup d’insistance, demandé aux instances fédérales que nos représentants "montent au créneau" afin de tenter de faire aménager cette possible disposition qui pourrait être prise par voie d’ordonnance.
Que l’Europe s’ouvre à notre activité n’est pas contraire à l’esprit européen de liberté d’entreprendre sur le territoire de l’Union, mais il me semble clair que la même réglementation doit s’appliquer à tous, selon les mêmes critères. Cela tombe sous l’évidence et le bon sens.
Restons tous vigilants pour que l’harmonie règne au moins dans le secteur funéraire européen, même si beaucoup de chemin reste encore à parcourir.
Philippe Gentil
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