SFVP Une fausse bonne idée…

"J’apprécie beaucoup Jean-Pierre Sueur et son engagement en faveur du funéraire et j’ai même contribué plusieurs fois à des textes législatifs qu’il portait. Mais sur ce point, je ne puis le suivre, ainsi que je le lui avais déjà exprimé."

François Michaud-Nérard, directeur général des Services funéraires Ville de Paris (SFVP)

Sa proposition part naturellement d’une bonne intention

Mais c’est typiquement une fausse bonne idée. À Paris, par exemple, avec plus de 160 points de vente de pompes funèbres (je ne compte même pas les entreprises étrangères), il faudrait offrir au public au moins 320 devis (un devis inhumation et un devis crémation au minimum pour chaque établissement). Cela sera une usine à gaz incompréhensible.

Les familles ne s’adressent plus beaucoup aux mairies, puisque ce sont les établissements de santé, là où se passent la majorité des décès, qui sont chargés réglementairement de faire les déclarations. À défaut, ce sont les entreprises de pompes funèbres qui les réalisent lorsque le décès se passe à domicile. Les familles ne vont donc que rarement en mairie.

Quand bien même cela serait, les employés municipaux risquent de se retrouver en position de prescripteurs à répondre à des demandes de conseil des familles en deuil qui risquent d’entraîner les mêmes dérives que celles qui ont pu être constatées dans certains établissements de santé.

Enfin et surtout, c’est une prime à la malhonnêteté

Les entreprises vont être tentées de faire des devis types très peu chers, qui seront des prix d’appel, et se rattraperont une fois que les familles seront captives dans l’agence de pompes funèbres. Les entreprises honnêtes qui ne pratiqueraient pas ces prix d’appel seraient défavorisées, même si elles sont nettement moins chères "in fine".
 
Tout le monde est convaincu de cela, et c’est pourquoi la mesure proposée par Jean-Pierre Sueur a été reportée année après année (depuis 1993 !). Dommage que, par un concours de circonstances, cette proposition aboutisse dans un moment où l’on parle de choc de simplification.

François Michaud-Nérard
Directeur général des Services funéraires Ville de Paris