Chaque année, il nous faut saisir la possibilité qui nous est plus ou moins donnée de redonner à la mort, à l’accompagnement des familles et des défunts une place légitime, sacrée et précieuse. Nous nous devons de nous adapter à l’évolution des besoins, des pratiques et des ritualités qui entourent ce temps de séparation.
Première de couverture du petit guide "Comment parler de l’enterrement avec mon enfant". |
C’est pourquoi la Société de Thanatologie annonce, en ce moment privilégié de Toussaint, la création d’un support illustré autour du thème de l’inhumation à destination des professionnels et des familles pour que l’enfant puisse lui aussi à nouveau être considéré dans son chagrin et reconnu dans ses émotions, ses questionnements, et que le débat collectif autour de ce sujet reste d’actualité. Nous nous proposons d’en partager un extrait.
Comment faire participer mon enfant à la cérémonie funéraire ?
Lors de ce moment, très important, la famille va partager le souvenir et le deuil. Elle va lui permettre de sentir les liens familiaux autour de lui.
Chaque enfant, même tout petit, peut participer à la cérémonie funéraire. Il est fondamental de l’y associer pour qu’il ne fasse pas plus tard le reproche aux adultes de l’en avoir écarté. Il peut être présent symboliquement, par un objet qu’il aura confié à un adulte référent (celui dont il se sent le plus proche pour le moment) pour le mettre dans le cercueil : par une photo, des fleurs, une bougie, etc.).
S’il est présent, il est important de lui expliquer le déroulement de la cérémonie et les codes d’usage (par exemple, on ne joue pas à cache-cache ou au foot, etc.). Il peut participer, selon son âge et en accord avec les personnes gérant la cérémonie, pour apporter une bougie, lire un poème ou être dans les bras d’un adulte qui lira un texte. Le plus simple est souvent de demander à l’enfant ce qu’il voudrait faire, puis d’ajuster sa demande à ce qu’il est possible de faire.
Au moment de l’enterrement, la vision du caveau, qui est alors ouvert, peut être angoissante ("grand trou"). Tant que le cercueil n’est pas posé dessus puis descendu, il est souhaitable que l’enfant ne soit pas exposé au vide du caveau. Il vaut donc mieux attendre que le cercueil arrive.
Selon les familles, il peut y avoir différentes formes de recueillement (prières, hommages, chants). L’enfant peut y participer, et s’il y a des gestes ritualisés (fleurs ou terre posées sur le cercueil), il est important qu’il puisse les accomplir aussi. Il faut ensuite lui expliquer qu’après la descente du cercueil dans le caveau, celui-ci sera refermé et qu’il y aura après une dalle ("un grand couvercle") où l’on pourra venir mettre des fleurs et se souvenir de celui qui est mort.
Si l’enfant ne souhaite pas être présent ou si vous ne souhaitez pas qu’il le soit...
En effet, la mort peut avoir été traumatisante, l’enfant peut être très petit et vous craignez pour lui, ou il exprime lui-même le souhait de ne pas venir par des mots ou une attitude.
Il est important dans ce cas qu’un adulte proche de l’enfant reste auprès de lui, répondant à ses questions, lui expliquant ce qui se passe ou, s’il est petit, l’assurant qu’on lui en fera le récit lorsqu’il sera plus grand et qu’il voudra savoir. Il est possible aussi de lui montrer des photos de la cérémonie attestant de l’évènement.
Une cérémonie pourra toujours être organisée plus tard en souvenir du mort, à une date anniversaire, au cimetière, dans un lieu de culte ou dans un lieu signifiant.
Si l’enfant pleure, le laisser s’exprimer tranquillement. S’il se tait et ne réagit pas, le laisser également, certaines émotions ne passent pas par les mots. En revanche, un regard, le fait de s’entourer ou de se prendre dans les bras peuvent aider considérablement dans ces moments de chagrin.
Les plaquettes sont en cours d’impression
Elles seront gratuites et pourront être commandées à la Société de Thanatologie. Seuls les frais de port sont à charge.
Illustration Xavière Devos
Cynthia Mauro
Docteur en psychologie, vice-présidente de la Société de Thanatologie
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