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J’ai eu le plaisir, il y a peu, de me rendre au salon de nos métiers à Düsseldorf, en Allemagne. Après avoir quitté nos autoroutes lentes et payantes, je me retrouvais sur les vraies voies express de mon enfance, où la liberté d’aller vite est permise, ce qui donne également la sensation d’entrer dans un pays où les choses bougent, vont à un bon rythme, et où, malgré cette possibilité offerte aux automobilistes de rouler très vite, chacun respecte parfaitement la signalisation dès lors qu’un panneau informe que la vitesse devient limitée à 120 km/h. Là-bas, le sens commun et la discipline règnent.

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Philippe-Gentil
Philippe Gentil, président du Comex, DGA stratégie et développement

Par les temps qui courent, c’est un plaisir immense que de se dire qu’à nos frontières, dans notre vieille Europe, un modèle de dynamisme économique fonctionne et que la fatalité n’est pas de mise. Il faudrait que l’ensemble des dirigeants politiques français s’en inspirent et décident, un jour, de placer la réforme, la vraie, au centre de tout, plutôt que de diriger à coup d’annonces, de promesses non tenues et de décisions si fumeuses et si contradictoires qu’elles découragent les acteurs de la vie économique française, ceux qui créent la richesse, seule capable de générer des emplois.

Sans visibilité, sans ligne directrice et visionnaire, point de salut. Juste le doute, la détresse et au final une montée irrépressible des extrêmes, perçus comme des palliatifs à la désespérance, et pourtant miroirs aux alouettes !


Tout n’est pas parfait


Bien sûr, tout n’est pas parfait en Allemagne, et si l’on observe l’aspect démographique ou géopolitique, tout plaide pour notre pays, plus jeune, tourné vers les mers menant au développement du commerce, des échanges et de la prospérité.

Pourtant, lorsqu’on y regarde de plus près, si nos voisins d’outre-Rhin sont plus âgés que nous et moins bien situés sur un plan géographique, ce sont eux qui dominent le secteur des échanges mondiaux et rivalisent, non plus dans notre catégorie, mais avec les toutes premières puissances mondiales, comme la Chine ou les États-Unis. Et cela, malgré un euro fort, tellement fort que nous en dénonçons la puissance et que nous lui attribuons tous les maux, le rendant coupable de nos difficultés…


Curieux, n’est-ce pas ?

Tous les problèmes que nous connaissons actuellement ne viennent-ils pas plutôt de nos errements et de notre incapacité à agir de concert, avec des gouvernants qui ne vivent pas sur des modèles dogmatiques mais plutôt avec la volonté d’agir, non pour garder le pouvoir, mais avec le courage de réformer quitte à le perdre ?

Au lieu de cela, nous avançons divisés, sans véritable concertation et avec la suffisance de penser toujours détenir la vérité qui nous rend arrogants et prétentieux aux yeux des étrangers, qui nous observent et nous jugent.

Concertation et dialogue

Le salon de Düsseldorf est intéressant et presque révélateur de nos différences à plus d’un titre. D’abord, il a lieu tous les quatre ans (durée presque trop longue, il faut l’admettre) et il est organisé à l’initiative d’une seule et unique fédération représentant la profession de manière unie et fédérée. Inutile de souligner que cette fédération "pèse" lorsqu’elle discute et négocie d’éventuelles réformes ou conditions salariales ou statutaires avec les syndicats, les élus ou l’Administration.

Elle régente les obligations de formation et les délais d’application et impose des dispositions réglementaires sans qu’il faille qu’un politique dénué de sens pratique s’empare du sujet et rende obligatoire telle ou telle disposition contre l’avis de la profession. Tout ou presque est construit dans la concertation et le dialogue…

L’innovation…

Düsseldorf est ensuite un salon résolument tourné vers l’innovation et voulant coller aux caractéristiques du marché auquel il est consacré. Cela est véritablement saisissant lorsqu’on observe les stands d’exposants travaillant par exemple sur les sujets de la crémation. Certes, nous sommes dans un pays où ce mode de funérailles est beaucoup plus répandu qu’en France, et il n’est de fait pas étonnant de trouver des stands beaucoup plus grands et plus nombreux qui soient consacrés aux thèmes du souvenir, de la "mémorialisation" ou encore des urnes que dans nos deux salons, parisien ou lyonnais.

On est également saisi par ce que nous savons déjà : l’Allemagne est décidément le pays de l’automobile ! Les fabricants et carrossiers ne manquent pas, et les modèles présentés rivalisent de nouveautés, de design ou de gadgets facilitant la conduite ou la manipulation des défunts. Côté étranger, seul le carrossier et designer italien Pilato fait figure de véritable "combattant" en affichant un stand à la mesure de ceux des rouleaux compresseurs germaniques présents.

Où sont les fabricants français ? Mis à part les quelques internationaux rompus à cet exercice tels que le Groupe 'de Facultatieve', Braumat, Desplanches, ATI ou encore "Safe Balm"… notre industrie funéraire française était aux abonnés absents…

Rien n’est inéluctable

Regagnant Paris, je me disais que nous avions accumulé bien du retard par rapport à nos voisins et qu’il allait être difficile de remonter la pente, si nous n’avions, d’ailleurs, pas déjà décroché. Je me disais aussi qu’avec les atouts que nous possédons par ailleurs rien n’est inéluctable. Mais gagne-t-on la guerre quand on a oublié comment il fallait se battre et quand nos chefs ne sont eux-mêmes que des généraux sans faits d’armes ?

Philippe Gentil

 

Instances fédérales nationales et internationales :

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