En cette période de Toussaint, beaucoup de nos concitoyens vont rendre hommage à leurs défunts et, de ce fait, vont peut-être réfléchir à leur propre devenir et à leurs funérailles. Mais est-il besoin d’aller dans un cimetière, qui plus est, à la Toussaint, pour penser à ses "chers disparus" ? Non, disent 85 % des personnes dont un proche a été crématisé (enquête CSNAF-CREDOC de 2009). Un objet, une photo, un écrit, une odeur, une chanson suffisent… Incontestablement, avec la crémation, il y a un nouveau rapport à la mort et un nouveau mode de relation au défunt qui est l’intériorisation du souvenir.
Jo Le Lamer, président de la FFC. |
Les mentalités et les modes de vie ont changé, avec des familles de plus en plus éloignées géographiquement, voire éclatées et recomposées. L’individu veut, de plus en plus, décider de son devenir après la mort et ne veut plus que celle-ci soit une charge pour ses proches. Il a la liberté de le faire (liberté reconnue par la loi dans notre pays depuis 1887). Encore faut-il qu’il l’exerce, qu’il exprime son choix et dicte ses volontés. Celles-ci doivent absolument être respectées, même si ce n’est pas toujours compris, ni admis par les proches (ce que confirment beaucoup de professionnels du funéraire).
Cette réalité, il faut accepter de la regarder en face, maintenant que la crémation n’est plus (et loin s’en faut !) le choix des seuls crématistes. C’est dire tout le travail qui reste à faire pour expliquer, informer, encore et toujours, voire faire respecter les volontés du défunt (si besoin en ayant recours à la justice).
Conseiller, accompagner les familles, les aider à préparer des obsèques, et notamment la cérémonie d’adieu (quand la cérémonie est civile, ce qui est désormais très majoritairement le cas pour le mode d’obsèques par crémation) : c’est le métier des opérateurs funéraires, mais c’est aussi le rôle citoyen, bénévole et désintéressé du Mouvement crématiste, à travers ses 140 associations.
Oui, il faut une cérémonie, donc une ritualisation, aussi bien pour l’hommage avant la crémation, que lors de la remise de l’urne cinéraire, voire pour la dispersion des cendres (si telle était la volonté du défunt).
Oui, la ritualisation est indispensable !
Surtout, pas de "vide" symbolique, c’est ce que reprochent les détracteurs de la crémation. Alors, il vaut mieux faire connaître et mettre en œuvre le rituel crématiste. La cérémonie d’hommage doit alterner musiques, poèmes, images, textes de réflexion, témoignages sur le défunt et sa vie, gestes symboliques… N’oublions pas que, dans toutes les civilisations, les rites funéraires ont de multiples fonctions, d’abord pour le disparu lui-même, auquel un hommage est rendu…mais aussi pour les vivants. Pour ces derniers, les rites permettent d’exorciser leur peur de la mort en l’humanisant et de rendre l’absence supportable en l’inscrivant dans un schéma logique de suite de la vie. Par leur dimension cathartique, ils concourent au travail de deuil.
En ayant conscience de la mort, laquelle est, comme la naissance, un moment clé de la vie, l'être humain choisissant la crémation réfléchit et agit donc en toute responsabilité et liberté. Mais il faut qu’il informe son entourage, sa famille, ses amis, de son choix. Ainsi, il permet à ceux qui vont être endeuillés lors de son décès, d’y être un peu mieux préparés et donc, tout à fait relativement certes, de moins souffrir et d’avoir moins de difficultés pour commencer le processus de deuil.
Cette démarche est à la fois philosophique et humaine, car elle prend en compte, à la fois, la vie et la mort.
Jo Le Lamer
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