Avant de parler du low cost, il conviendrait peut-être de parler de notre métier, les services funéraires. Notre métier est tourné essentiellement vers l'humain.
C'est l'évidence de dire que nous "enterrons" des êtres humains qui sont morts, ce que l'homme fait depuis quelques centaines de milliers d'années. De plus, nous le faisons à la demande de la famille du mort, qui a ses propres souffrances, remords, regrets, reproches, respects, usages ou souvenirs. Ces mots lourds de sens que le métier peut oublier quelquefois sont les socles de nos valeurs humaines... Rien que de l'humain, éloigné de toute considération économique !
Face à cela, des professionnels s'appuyant sur la période de crise que traverse notre pays proposent les pompes funèbres "low cost" basées essentiellement sur le prix. L'argument du prix devient alors la base de leur communication.
Depuis la nuit des temps, des hommes chargés de l'enterrement des morts ont su faire du "low cost" : le "low cost" existe depuis toujours. Le funéraire a toujours su s'adapter à la situation : au Moyen Âge, des services quasi gratuits (chacun donnait ce qu'il pouvait) sont apparus, tels ceux des Charitables.
Aujourd'hui, toutes les entreprises de pompes funèbres se font un devoir de s'accorder aux moyens de la famille et même de se contenter des quelques subsides que les services sociaux des communes leur octroient. Oui, les professionnels savent faire du "low cost" quand il le faut et n'en tirent pas gloire, car c'est la base de la conscience professionnelle.
C'est ainsi que l'on peut affirmer que, dans la France des villes moyennes, des petites villes et des bourgs, la question ne se pose pas. Les valeurs humaines sont encore bien ancrées, chez les familles comme chez les professionnels.
… et quand la crise frappe, on a encore sa fierté de se montrer digne, d'un côté comme de l'autre !
Le "low cost", réponse à la crise ?
Mais le "low cost", tel qu'il est présenté aujourd'hui, peut-il avoir une raison d'être ?
Sa communication ciblant principalement une clientèle ultraconsumériste habituée des grandes surfaces et, pour partie, ayant perdu le sens des réalités et des valeurs humaines. Cette clientèle est prête à confondre services funéraires et service d'emballage express, avec le "do it yourself" ("faites-le vous-même") qui va avec.
Cette communication peut avoir un écho dans les grandes agglomérations, où la population a perdu ses racines et ses repères. C'est là aussi, malheureusement, qu'on va trouver également le plus grand nombre de victimes du système, et accessoirement de la crise (économique ou de conscience ?).
Il est intéressant de noter que, dans le même temps, partout en France, on voit monter un retour au naturel avec une vraie nostalgie de l'ancien temps : le bio, le raisonnable, les économies d'énergie, les énergies renouvelables, les corbillards de nos grands-pères, comme le chantait Brassens !
La notion de grande distribution semble remise en cause par le marché, est-ce que les pompes funèbres ne se sont pas trompées d'époque, peut-être que le "low cost" arrive trop tard ? À voir les résultats de diverses initiatives, on pourrait le penser.
Notre métier est peut-être à la croisée des chemins, écartelé entre les rats de ville et les rats des champs, entre la France d'en bas et la France d'en haut ?
Quoi qu'on fasse, notre métier sera toujours un métier où les humains en peine auront besoin des hommes de cœur. Notre profession en compte énormément, j'en connais beaucoup.
Loïck Rodde
Président fondateur du groupement Point Funéplus
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