Depuis les débuts de la thanatopraxie, la technique n'a pas changé, même si le matériel s'est quelque peu modernisé. Certains gestes pourtant se sont perdus, par exemple le drainage veineux, dont Sébastien Boukhalo reste un adepte.
Sébastien Boukhalo, thanatopracteur. |
Claire Sarazin : Pourquoi le drainage veineux n'est-il plus pratiqué que par une poignée d'"anciens" ?
Sébastien Boukhalo : À l'époque où j'ai commencé ma formation, à la fin des années 90, le drainage veineux était obligatoire pour l'examen. Donc, en plus d'avoir à apprendre à extérioriser les artères, ce qui est déjà une chose difficile pour un jeune stagiaire, le formateur avait aussi la tâche compliquée d'enseigner la recherche veineuse, qui effraie tant les débutants.
CS : Mais quel intérêt présente-t-il ?
SB : Le drainage veineux est plus efficace que la ponction cardiaque pour évacuer le sang et donne de meilleurs résultats.
CS : Pour quelles raisons ?
SB : Il n'y a aucun risque de rater l'atrium droit, on est certain d'avoir le meilleur drainage.
CS : Dans ce cas, pourquoi est-il tombé en désuétude ?
SB : À cause de la loi sur les DASSRI, qui impose de recueillir les fluides biologiques dans des bocaux étanches, le drainage veineux a été supprimé de l'examen. Il a été ensuite abandonné par quasiment tous les thanatopracteurs alors qu'il est tout à fait possible de le pratiquer en utilisant tout simplement un tube veineux.
CS : C'est aussi simple à faire qu'à dire ?
SB : Non, pas du tout, la recherche veineuse est un geste délicat qui demande une certaine dextérité et surtout un peu plus de temps. De par la fragilité des vaisseaux.
CS : Tu continues à le pratiquer ?
SB : Oui, bien sûr, dès que j'en ai la possibilité, afin de ne pas perdre la main.
CS : Est-il vraiment utile de maîtriser cette technique ?
SB : Tout à fait, cela ajoute une corde à l'arc du thanatopracteur.
CS : Vous n'êtes plus très nombreux dans ce cas…
SB : Non, malheureusement.
CS : Penses-tu qu'il faudrait à nouveau l'enseigner aux élèves thanatopracteurs ?
SB : Oui, certainement, mais il faudrait trouver suffisamment de formateurs et surtout des anciens.
CS : Le mot de la fin ?
SB : J'encourage la nouvelle génération à s'initier à cette méthode, qui pourrait les surprendre et qui leur permettrait d'apprendre à maîtriser leurs appréhensions.
Claire Sarazin,
thanatopracteur.
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :