Il était là, vivant, parmi nous. Nous l’avions aimé depuis toujours, soigné depuis quelques semaines. Ce corps autrefois debout, doté d’autorité, inscrit dans une histoire de famille, s’est trouvé atteint par l’immense fragilité de ceux qui luttent contre la maladie. Il s’est couché pour ne plus pouvoir se relever ; s’est alité jusqu’à son dernier moment. D’un coup, en un éclair, la vie s’en est allée. Cet humain-là, si cher à notre cœur, s’est rendu et a rendu son dernier souffle. La mort fut la plus forte. "Ô mort, vieux capitaine, il est temps ! Levons l’ancre !" Baudelaire (qui repose au cimetière du Montparnasse) nous le dit : il faut appareiller. Le mourant part et nous restons. Il s’en va ailleurs et nous demeurons sur place dans le silence, les regrets et les pleurs.