Évolutions législatives, jurisprudentielles et doctrinales avril 2022.
I - Textes législatifs / Règlementaires
Décret n° 2022-719 du 27 avril 2022 relatif au don de corps à des fins d’enseignement médical et de recherche
À retenir
Le texte est pris en application de l’art. 13 de la loi n° 2021-1017 du 2 août 2021 relative à la bioéthique. Il entre en vigueur le lendemain de sa publication soit le 28 avril 2022
Le décret vient compléter ou modifier le Code de la santé publique et le Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) et précise les conditions de don de corps à des fins d’enseignement médical et de recherche auxquelles peuvent consentir les personnes majeures et en particulier :
• le recueil du consentement du donneur, notamment son information préalable au recueil de son consentement,
• les modalités de transport et d’accueil des corps,
• les conditions de réalisation des opérations funéraires, de restitution du corps ou des cendres à la personne référente,
• les conditions d’autorisation et de fonctionnement des établissements bénéficiaires des dons.
La personne ainsi informée doit s’engager en personne selon le modèle fixé par arrêté ministériel. Ce consentement est révocable à tout moment dans les mêmes conditions. La déclaration est co-signée par le responsable de la structure d’accueil des corps au sein de l’établissement, qui, d’une part accepte le don et, d’autre part, s’engage à respecter la volonté du donneur, s’agissant de la restitution de son corps ou de ses cendres.
Si l’établissement n’est pas en mesure, pour quelque raison que ce soit, d’accueillir le corps après le décès du donneur, celui-ci est acheminé vers l’établissement autorisé en capacité de le recevoir le plus proche. Le donneur est encouragé, mais pas obligé, à informer sa famille ou ses proches de sa démarche de don.
Le donneur peut désigner une personne référente, parmi sa famille ou ses proches, qui sera l’interlocuteur de l’établissement. L’accord est bien évidemment consenti à titre totalement gratuit pour tous les acteurs.
Ce don ne peut être effectué qu’au bénéfice d’un établissement de santé, de formation ou de recherche titulaire d’une autorisation délivrée par les ministres de tutelle de cet établissement, tel que défini par la Code la santé publique. Un arrêté du ministre chargé de l’Enseignement supérieur fixera les conditions de prise en charge financière du transfert du corps vers l’établissement. Le texte prévoit la mise en place, au sein de ces établissements, d’un comité d’éthique, scientifique et pédagogique chargé d’émettre un avis sur les programmes de formation et les projets de recherche nécessitant l’utilisation de corps ayant fait l’objet d’un don.
L’établissement organise chaque année une cérémonie du souvenir en hommage aux donneurs à laquelle peuvent participer les personnes référentes désignées par les donneurs, leurs familles ou leurs proches, à la condition que les donneurs ne s’y soient pas opposés en consentant au don.
Si le corps est restitué à la personne référente désignée par le donneur, à un membre de la famille ou à un proche, cette personne est désignée comme celle ayant qualité pour pourvoir aux funérailles. La restitution est assurée par l’opérateur de pompes funèbres désigné aux frais de cette personne.
Le corps est préalablement placé dans un cercueil fermé correspondant aux caractéristiques prescrites au CGCT, aux frais et sous la responsabilité de l’établissement.
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II - Réponses ministérielles
1 - Coût des opérations funéraires : de nouvelles précisions du ministère de l'Économie
Question écrite n° 42565 de Madame Cécile Untermaier, publiée au JO AN du 16 novembre 2021 page 8255
Réponse du ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, publiée au JO AN du 05 avril 2022 page 2259
Comme le Sénateur Yves Bouloux quelques mois auparavant (cf. notre numéro 177), Madame Cécile Untermaier a fait part au Gouvernement de "l’augmentation du coût des funérailles", appuyant son raisonnement sur "des pratiques parfois contestées que facilite le désarroi des familles" et un "coût moyen des obsèques qui s’élève à 3 815 €", en augmentation de 14 % sur cinq ans. Elle demande "si le Gouvernement a pris la mesure de ce problème et si, dans un souci de faciliter et favoriser un égal accès à de telles prestations, des dispositions sont envisagées par l’État, pour instaurer un prix "conventionné" pour des obsèques."
Le ministère de l'Économie répond, comme il a pu le faire auparavant, qu'il porte une grande attention à la protection du consommateur dans le secteur funéraire, quand bien même depuis la loi du 8 janvier 1993, les prix des obsèques sont librement fixés par les opérateurs du service extérieur des pompes funèbres. Il précise qu'une remise en question de la liberté des prix n'est pas envisagée. Il rappelle la réglementation relative aux devis-types et celle issue de l'arrêté du 11 janvier 1999, toujours applicable aujourd'hui :
• Mise à disposition des tarifs à la clientèle ;
• Identification claire dans les devis des prestations ou fournitures obligatoires de celles facultatives ;
• Émission de devis gratuits.
Face aux résultats d’une enquête de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) menée en 2020, le Gouvernement dit "envisager d’autres mesures susceptibles d’améliorer l’information des consommateurs et de faire des propositions afin d’assurer la diffusion et l’utilisation effective des modèles de devis".
Cette réponse ministérielle intervient dans un contexte de réflexions sur la réglementation actuellement applicable aux devis-types : la loi 3DS, promulguée le 21 février dernier, a modifié l'art. L. 2223-21-1 du CGCT en insérant, à compter du 1er juillet 2022, une obligation de publication de ces devis-types sur les sites Internet des communes de plus de 5 000 habitants. La fréquence de réactualisation de ces devis, raccourcie à un an par le Sénat en première lecture, a été stabilisée à trois ans.
2 - Rapatriement des dépouilles des Français de l’étranger : aucune n’aide spécifique n’est prévue
Question écrite n° 42545 de M. M’jid El Guerrab, publiée au JO AN du 16 novembre 2021 page 8263
Réponse du secrétaire d’état chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la francophonie publiée au JO AN du 26 avril 2022 page 2835
M. M’jid El Guerrab sollicite le secrétaire d’État chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la francophonie, sur la possibilité de mettre en place une aide financière au rapatriement sur le sol national de Français décédés à l’étranger, au regard du coût de ces démarches pour ces familles.
Le secrétaire d’État chargé du tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie lui répond qu’un tel dispositif n’existe pas et n’a pas vocation à être créé, au regard du fait que les frais d’inhumation sur place ou de rapatriement le cas échéant sont pris en charge soit par des dispositifs assurantiels privés, soit directement par la famille au titre de son obligation d’aliments. Il détaille toutefois l’existence, pour les Français de l’étranger régulièrement inscrits au Registre, de crédits sociaux qui peuvent être engagés par le Conseil Consulaire pour la Protection et l’Action Sociale (CCPAS) pour assurer l’inhumation sur place, et non le transfert.
Bibliographie
1 - Quand les maires doivent annoncer un décès brutal
Gazette des communes, le 26/04/2022 • Par Sarah Boucault • dans : Actu experts prévention sécurité, France
L’annonce d’un décès brutal, par suicide ou à la suite d’un accident, à des familles de leur commune est sans doute l’une des missions les plus difficiles pour les maires. D’autant qu’ils n’y sont pas préparés. À l’occasion d’une conférence inédite organisée par Saint-Brieuc Armor Agglomération et les Pompes Funèbres Intercommunales (PFI), de nombreuses recommandations ont été formulées.
[…]
2 - Pourquoi le prix des cercueils augmente
Gazette des communes, 04/04/2022
Le secteur funéraire fait traditionnellement sa marge sur les cercueils. Mais la hausse du prix du bois impacte directement leur coût. Les opérateurs funéraires publics n’ont pas d’autre choix que de réviser leurs tarifs ou de réduire leurs bénéfices. Tous, cependant, misent à terme, sur la prestation de service.
ADALTYS
Avocats
Résonance n° 180 - Mai 2022
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