Ingénieur connecté, Nicolas Dejeu a délaissé les rouages de l’informatique pour se lancer dans une reconversion ambitieuse : une coopérative funéraire dans la campagne corrézienne. Malgré un contexte pandémique, l’entrepreneur enhardi a profité d’un séjour riche d’enseignements au Québec pour se forger une vision qui s’est parfaitement confondue dans les valeurs défendues par le réseau UDIFE.
Il était le seul à y croire. Ou presque. Ouvrir une entreprise de pompes funèbres en Corrèze et obtenir son habilitation dans un milieu rural ressemblait à s’arroger un marché trop peu enclin à la prise de risque. Pourtant, le défi que s’est lancé Nicolas Dejeu s’est axé sur une pluralité de réflexions et de moments clés : "Mon papa était déjà dans le milieu du coopératif", relate-t-il. "L’expérience de plusieurs stages et la rencontre d’une coopérative à Montréal m’ont décidé à lancer l’entreprise, La Coopérative Funéraire de la Corrèze et la faire évoluer vers une forme multisociétariale". Au Québec, une révélation s’impose à lui : il faut faire du deuil "un moment actif et résilient". Sûr de ses convictions, Nicolas Dejeu referme alors quinze ans de vie professionnelle dans l’informatique.
"À la lecture du magazine "Alternatives Économiques" sur le marché funéraire, un constat m’interpelle : des fonds financiers investissent de plus en plus ce secteur qui voit éclore un enjeu spéculatif". Pour contribuer à maintenir les obsèques dans une logique d’intérêt collectif, Nicolas Dejeu se forme aux métiers de conseiller funéraire et de dirigeant de pompes funèbres. Puis, en janvier 2021, entouré de quelques amis, il démarre l’activité de la Coopérative Funéraire de la Corrèze.
Aussi bien sur sa vision de ce que doit être une cérémonie que sur "l’après", Nicolas Dejeu veut contrecarrer l’image "taboue" du funéraire et agir différemment de ce qui est traditionnellement pratiqué en France : "Au Québec, j’ai observé de la lumière, j’ai observé que l’on honorait la personne par la musique, par la qualité des traiteurs…".
C’est alors que sa route croise celle de Julien Le Coustumer, directeur général d’UDIFE, à l’occasion du salon FUNEXPO de Lyon en novembre 2022. Une rencontre que Nicolas qualifie "d’inspirante" et il poursuit : "Julien et moi avons ensuite entretenu cette première prise de contact par des échanges réguliers. Les discussions ont porté autour de nos valeurs et socles communs, de l’histoire qui pouvait être conjointement écrite par La Coopérative Funéraire de la Corrèze et UDIFE".
En rejoignant le groupement UDIFE, La Coopérative Funéraire de la Corrèze bénéficie de toute l’expertise de la tête de réseau sur des sujets complexes tels que le digital ou les partenariats assuranciels, mais aussi d’une mutualisation des moyens des coopérateurs du groupement, lui permettant de gagner en temps, en coûts, en revenus, et en efficacité.
Lancée sur de bons rails, l’entreprise envisage déjà de se développer en soumettant une offre d’achat à l’une de ses entreprises voisines, toujours sur le même modèle vertueux. De quoi se montrer ambitieux pour la suite : "Nous envisageons de proposer de nouvelles coopérations aux collectivités publiques, aux familles qui ont déjà bénéficié de nos services ou qui sont réceptives à notre éthique, mais aussi à des associations et des partenaires financiers".
En rejoignant le réseau, Nicolas Dejeu s’est lancé dans une "aventure collaborative augmentée". Ou l’histoire d’une coopérative… au sein d’une coopérative.
Résonance n° 196 - Octobre 2023
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