Nettoyage, décontamination et désinfection après décès, tel est le métier du Groupe NAD. Cette activité très particulière dans le milieu funéraire, peu connue, répond à certaines demandes des familles dans le cas d’une impérieuse nécessité de retrouver un logement sain, sans odeur et décontaminé de tout virus ou bactérie, après un décès. Et ce sont les pompes funèbres qui peuvent recommander et communiquer à leurs familles clientes les coordonnées de ces entreprises ultraspécialisées. Découverte d’un métier hors du commun, mais d’une indéniable utilité…
Le Groupe NAD a été créé en 2017 en Alsace, à Colmar plus précisément, par Julien Martel, après trois ans de recherches, de formation et de développement afin de trouver les bons produits, les protocoles adaptés, ainsi que de comprendre le cheminement des fluides biologiques humains à la suite d’un décès sur les différents types de surfaces.
"Durant ces trois années, je me suis intéressé à la microbiologie et à la chimie. La microbiologie étant l’étude scientifique des micro-organismes, cela m’a permis d’étudier les bactéries, d’en comprendre le fonctionnement et de connaître celles qui doivent être éliminées. La chimie, quant à elle, m’a appris à mieux appréhender les produits chimiques, leur fonction et leur action, et surtout m’a appris à être bien informé sur toutes les interactions entre les différentes molécules. Cela peut être une interaction gazeuse, par exemple, où une molécule peut annuler l’effet d’une autre. Ces savoirs à acquérir sont très importants et nous permettent d’éviter des problèmes sur le terrain", précise Julien Martel, le créateur et dirigeant du Groupe NAD.
Un métier exigeant nécessitant de solides connaissances
La nécessité de ces connaissances ne rend pas aisé le recrutement de personnel. En effet, aucune formation n’existe pour ce métier très "pointu", très spécialisé, et l’apprentissage ne peut se faire qu’en entreprise. Même s’il y a des entreprises pluralistes qui existent, exécutant différents types de nettoyages, l’hyper spécialisation est moins courante.
"Pour ma part, j’ai voulu vraiment cibler uniquement "l’après-décès" et travailler dans le respect des normes liées aux risques infectieux et de contamination. Ce qui implique que l’on doit s’y consacrer à fond, car, pour moi, on ne peut pas être spécialiste dans plusieurs domaines. Tout cela avec un seul objectif, assurer une intervention de qualité et prendre le temps nécessaire à l’écoute et à l’accompagnement des familles dans ces moments douloureux et difficiles."
L’une des grandes difficultés face à une demande très importante au niveau national est d’avoir le personnel suffisant pour répondre à toutes les interventions souhaitées. Aujourd’hui, il existe un vrai problème de compétences dans un secteur qui ne supporte pas l’approximation, et demande au contraire une extrême rigueur, un travail parfait et intransigeant sur des interventions compliqués et souvent à fort taux de risques contaminants, compte tenu du type de décès (mort naturelle, suicide, scène de crime), de son antériorité, de l’état de décomposition, des surfaces contaminées, du niveau de pénétration dans les matériaux (dont les parties "invisibles"), etc.
La quasi-perfection est ici une obligation professionnelle
Trouver des personnes qui s’engagent à se former dans les règles strictes imposées par cette activité, de manière complète, en acceptant la dureté de celle-ci, et à respecter le professionnalisme rigoureux appliqué par l’entreprise – un nettoyage et une désinfection des parties visibles et invisibles pour garantir la restitution d’un lieu sain, exempt de toute odeur, virus ou maladie bactériologique –, est, selon Julien Martel, très difficile actuellement.
"Je suis toutes les semaines en déplacement sur l’ensemble de la France, majoritairement pour le milieu funéraire – à la demande des familles –, mais il peut arriver, dans le cadre d’une réquisition judiciaire par la police nationale ou les parquets(1), que nous intervenions ponctuellement sur des scènes de crime. Concernant le funéraire, ce sont les pompes funèbres qui ont nos coordonnées et qui doivent les communiquer aux familles qui, du fait des circonstances de la mort, doivent faire décontaminer, désinfecter la pièce où a eu lieu le décès. Malheureusement, tous les opérateurs funéraires n’ont pas le réflexe de donner le contact de la société dédiée à cette activité particulière qu’est la nôtre."
Des machines et des équipements appropriés à cette activité à hauts risques
"Je me déplace avec un camion entièrement équipé dans lequel se trouvent des machines de BTP (burineur, découpeuse à disque, etc.) que nous avons spécifiquement développées pour notre métier, celui-ci impliquant parfois le retrait d’un plancher ou la découpe partielle d’un mur. Il faut donc avoir quelques connaissances dans les manières d’opérer dans le bâtiment. Nous utilisons aussi du matériel professionnel de pointe (aspirateurs classe H n’émettant aucune particule dans l’air ambiant, nettoyeurs vapeur haute pression…)."
Dans notre camion se trouvent également les fûts spécifiques servant à stocker les DASRI (Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux). En effet, les déchets humains – mais aussi les eaux de nettoyage – sont collectés, mis dans les contenants adaptés et traités ensuite dans le plus strict respect des normes d’hygiène applicables en la matière. Un bordereau de suivi des déchets par un organisme habilité peut être fourni après la prestation. À noter que, pour effectuer toutes les manipulations et les actions de décontamination, l’équipe du Groupe NAD porte obligatoirement des combinaisons étanches, un masque spécifique et des gants de haute technicité. Il s’agit de protéger et sécuriser les techniciens contre les bactéries et les virus.
Enfin, les produits chimiques utilisés viennent de différents secteurs industriels, car il n’en existe pas de spécialement dédiés au nettoyage après décès. Se préoccupant de l’environnement et de l’être humain, Julien Martel essaye toujours d’user de solutions et de formules (désinfectantes, nettoyantes, détergentes, etc.) les moins toxiques possibles (même labellisées bio et sans COV quand cela existe) afin que celles-ci ne laissent pas de molécules chimiques néfastes aux personnes réoccupant les locaux décontaminés. Un rapport bactériologique est réalisé à chaque intervention (pour auto-contrôle), pouvant être remis à la famille si celle-ci le souhaite.
Gil Chauveau
Résonance n° 188 - Février 2023
Résonance n° 188 - Février 2023
Nota :
(1) Le parquet désigne l’organisation, au niveau du tribunal judiciaire, de l’ensemble des magistrats du ministère public qui sont chargés de requérir l’application de la loi et de conduire l’action pénale au nom des intérêts de la société.
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